Poutine est rationnel. il est donc peu probable qu’il fasse quoi que ce soit qui puisse le détourner. de ses choix stratégiques.

Le président Poutine a prouvé une fois de plus qu’il était suffisamment mûr en tant que leader pour prendre des décisions difficiles qui ne tiennent pas compte de l’opinion publique.

Suite aux bombardements ukrainiens soutenus par les États-Unis contre les baigneurs de Sébastopol ce week-end, il refusé les mesures extremes de retorsion comme une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la mer Noire  ».

Il est peu probable qu’il capitule devant les demandes de vengeance du public en raison des craintes de déclencher accidentellement une Troisième Guerre mondiale.

Au lieu d’abattre ou de neutraliser les drones de reconnaissance américains au-dessus des eaux internationales de la mer Noire, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que la proposition de cessez-le-feu du président Poutine était toujours valable. 

Peu de temps après, Peskov a également exprimé l’ouverture continue de la Russie aux négociations avec la France après qu’Emmanuel Macron a déclaré publiquement qu’il s’y à nouvau intéressait l’autre jour.

Ces deux développements ont ensuite été suivis par l’entretien du nouveau ministre de la Défense Andreï Belousov avec son homologue américain lors d’un appel au cours duquel « ils ont échangé des points de vue sur la situation autour de l’Ukraine ». Il l’a également mis en garde contre « les dangers d’une nouvelle escalade en termes de livraisons continues d’armes américaines aux forces armées ukrainiennes».

Dans l’ensemble, il est clair que la réponse de la Russie a été conciliante et modérée.

Il est intéressant de noter que ces développements ont été entrecoupés de fausses nouvelles virales selon lesquelles la Russie aurait déjà abattu un drone américain au-dessus de la mer Noire en guise de vengeance. Cette nouvelle qui a été introduite dans l’écosystème de l’information mais elle a ensuite été rapidement repoussée par son auteur ici . Néanmoins, cette affirmation s’est largement répandue sur les réseaux sociaux parce qu’elle était conforme aux attentes de nombreux observateurs .

La raison pour laquelle il est si important de clarifier exactement quelle a été la réponse de la Russie à la provocation du week-end dernier, est d’éviter de fausses attentes. Ceux qui nourrissent des espoirs irréalistes connaîtront une profonde déception, après quoi certains pourraient devenir sensibles aux récits hostiles selon lesquels la Russie « s’est vendue » ou quoi que ce soit d’autre.

Que l’on soit d’accord ou non sur les mérites de cette retenue, le fait est que c’est bien la politique que le président Poutine a décidé de suivre pour des raisons qui ont été expliquées. S’il est possible qu’il ordonne une démonstration de force symbolique en autorisant la neutralisation d’un drone américain dans un avenir proche, sa réponse tiède jusqu’à présent suggère qu’il n’est pas enclin à le faire, ou qu’il ne s’agirait que d’une seule fois . dans le cas peu probable où cela se produirait.

Le président Poutine n’est pas un « fou », un « monstre » ou un « cerveau » comme beaucoup l’imaginent, mais il est un pragmatique accompli, du moins dans la façon dont il se voit, et il est donc peu probable qu’il fasse quoi que ce soit qui puisse être considéré comme émotionnel ou radical. Il met toujours beaucoup de temps avant de prendre des décisions majeures, comme en témoigne le temps qu’il lui a fallu pour lancer l’intervention aérienne russe en Syrie et l’ opération spéciale en cours , il attend généralement le dernier moment possible.

De même, si la Russie décide effectivement d’intensifier sérieusement ses efforts contre l’Occident, le se façon à changer la donne , cela précédé de déclarations d’intention claires qui pourront être considérées a posteriori comme des « ultimatums ». Certains pourraient interpréter certains de ses signaux récents comme faisant allusion à ce scénario, mais la substance de sa réponse jusqu’à présent, telle qu’elle a été expliquée, dissipe cette notion et suggère que la politique actuelle va se poursuivre.