Voici une bonne initiative de Fillon.
Elle est bienvenue, même si conformément à la personnalité de Fillon, c’est de l’eau tIède qui sort du robinet. On ne peut se positionner au Centre Droit et faire la Révolution!
Le choix de Fillon est conforme aux techniques de la Com. si on veut se présidentialiser, il faut se poser comme challenger du président et donc s’adresser à lui. Disons que cela améliore la stature. Evidemment le comble du bonheur pour Fillon serait que Holande lui réponde et ainsi l’adoube. Ce ne serait pas déraisonnable pour Hollande car ainsi il diviserait encore plus la Droite, mais il ne peut s’abaisser et déchoir.
Fillon choisit de donner la priorité à un thème transversal, de haut niveau, il parle de la France, de sa grandeur, de sa fierté, du rang et l’appauvrissement. il choisit également le thème de la dette qui asservit et ruine l’indépendance. cela n’est pas original, mais cela ne fait pas de tort; Encore que le discours airait plus de chance d’accrocher si Fillon s’adressait plus directement aux Francais. Ils ne se sentent pas forcément concernés.
Il essaie de surfer sur la vague du mécontentement , ce qui est un peu, nous semble-t-il non pertinent: Cette vague est passée et elle est en train de retomber car il n’y a plus de grande mobilisation en cours, le président de ce coté a calmé le jeu. Nous ne sommes plus dans la période des provocations et des agressions, Nous sommes dans le « soft » et la vague ne nous semble plus porteuse. Le fait que la popularité de Hollande reste dans les basses eaux ne signifie rien.
Passons sur les abstractions qui ne mobilisent personne, les critiques sur la cohérence et le courage sont à notre avis contre productives. Seule une petite partie des Francais s’intéresse à ces choses et comprennent ce que cela recouvre.
L’idée d’exhorter aux réformes est une grave erreur, les Francais en ont soupé des réformes, ils en ont vécu le côté négatif, sans résultat positif. La colère ne gronde pas et ce n’est pas en l’affirmant que l’on réussira à la faire gronder. Avant d’écrire ou de faire écrire, Fillon aurait du demander une bonne analyse des courants porteurs dans la société Francaise, cela lui aurait épargné d’être à coté de la plaque. Quand on parle au peuple, il faut se mettre en résonance avec lui, se placer sur un courant porteur large de l’opinion. Dans le cas présent, c’est raté. Ses conseillers auraient bien fait de s’interroger sur les causes du phénomène fondamental qui est : la résignation. Il faut briser le mur de l’indifférence, Fillon n’y parvient pas. Il y a chez Fillon des accents à la Michel Debré, respectables certes, mais ringards. c’est un discours d’un autre temps.
Ce qui manque c’est un souffle, un vrai souffle, Et de vrai souffle il ne peut y en avoir car il n’ y a ni synthèse ni idée directrice. Il faut une idée qui vienne d’en haut, qui passe au dessus, une idée qui serait latente dans la tête des Francais et dont il serait le héraut, l’accoucheur, le porte voix. Il faudrait cette idée et en plus le génie pour la formuler. Hélas, de génie il n’ y pas, il n’y a que répétition de poncifs usés sur les 35 heures par exemple. Le catalogue sur l’apprentissage, sur les minutes de silence dans les écoles a quelque chose de dérisoire.
Pourquoi ne pas oser prendre un grand thème, un seul comme l’Européisme ambiant , comme l’Atlantisme et la marche vers la guerre, pourquoi? Parce que peut-être sur tous ces points qui sont les seuls qui importent et qui peuvent faire la différence, il n’a rien à dire qui lui permette de se démarquer.
Ne vous y trompez pas, sur beaucoup de points Fillon pense et dit juste, simplement notre conviction est que ce n’est pas comme cela que l’on gagne.
La lettre ouverte de Fillon.
Bientôt le 14-Juillet! Que célébrerez-vous après trois ans à l’Élysée? La France que vous promettiez de réenchanter va mal. La colère gronde. Entendez-la! 6 millions de Français sont au chômage total ou partiel; 2 millions de jeunes ne sont ni à l’école, ni en formation, ni dans l’emploi. J’ai rencontré des agriculteurs et des artisans qui ne peuvent plus se verser un euro de salaire. Dans les bastions ouvriers à qui tout fut promis, la parole publique est discréditée. Sous votre mandat, l’extrême droite fleurit au milieu de vos roses abattues.
« C’est la crise », dites-vous. Non, ailleurs, des États européens s’en sortent beaucoup mieux que nous. Leurs gouvernements modernisent leurs marchés de l’emploi, tranchent dans les dépenses inefficaces, disent la vérité à leurs opinions et obtiennent des résultats. Chez nous, l’urgence n’est pas déclarée, alors que le chômage et la dette atteignent des pics historiques.
«Notre souveraineté a un prix : celui du courage et de la cohérence. Ces deux vertus manquent à votre présidence.»
« Nous sommes un des maillons faibles de l’Union européenne »
La tragédie grecque montre que la menace de la faillite n’est pas abstraite. Une solution aurait peut-être été possible plus tôt si vous n’aviez pas joué un trouble jeu : rigoureux en compagnie d’Angela Merkel, complaisant en coulisses avec Alexis Tsipras. Votre activisme pour sauver Athènes éclipse temporairement nos propres échecs économiques, sociaux et financiers. Croissance médiocre, chômage massif, déficits persistants, réformes a minima, impôts a maxima : nous sommes l’un des maillons faibles de l’Union européenne alors que nous devrions être un de ses leaders.
« Tout a été fait », dites-vous implicitement. Le CICE et la petite loi Macron vous apparaissent comme le zénith du possible. Il vous reste deux ans, et aucune grande réforme à l’horizon. Le navire est en cale sèche, et vous attendez la mer. À l’Élysée, on prie pour que la baisse de l’euro et du prix du pétrole veuillent bien nous porter; on espère tout de la politique monétaire de Mario Draghi. Plus la BCE fait tourner la « planche à billets », plus vous semblez soulagé de ne rien faire. Mais gare à nous, c’est à quitte ou double : que les taux d’intérêt se redressent et c’est la rechute pour la France. Nous sommes plus dépendants que jamais des marchés extérieurs : cruelle réalité pour vous, monsieur le Président, qui rêviez de mettre la finance au pas! Notre souveraineté a un prix : celui du courage et de la cohérence. Ces deux vertus manquent à votre présidence.
«Il est insupportable de voir la France glisser hors de l’histoire alors qu’elle dispose de tous les atouts pour jouer un rôle majeur au XXIe siècle.»
« Une demande de la France »
La France se paupérise et recherche sa fierté perdue. La crise identitaire ne sera pas résolue par des discours mémoriels mais par des actes qui donneront aux Français l’assurance que leur nation et ses valeurs sont protégées. Les cortèges du mois de janvier n’étaient pas seulement la réplique d’un peuple épris de liberté face aux terroristes, ils étaient aussi l’expression d’une demande de France.
Êtes-vous à jour de cet appel populaire et tricolore? Dans nos cités, des quartiers divorcent de la République sous la pression des trafiquants et des intégristes. Dans nos écoles, des élèves ignorent les minutes de silence; le récit national est enseigné à voix basse… Il faudrait riposter face à ce sentiment de déracinement qui angoisse les Français. Mais votre parole est inaudible et l’action de votre gouvernement à contresens des attentes du pays : la réforme du collège nivelle l’esprit du mérite là où il faudrait, au contraire, avoir l’ardeur des hussards du savoir et du civisme; la sécurité des citoyens est court-circuitée par les hésitations de la justice; notre système d’intégration tourne à vide, faute d’autorité.
Il est insupportable de voir la France glisser hors de l’histoire et perdre la maîtrise de son destin alors qu’elle dispose de tous les atouts pour jouer un rôle majeur au XXIe siècle.
« Agir est votre devoir »
En ce 14 juillet 2015, je ne sais s’il est encore temps de réagir. Votre crédit est au plus bas dans l’opinion, vos frondeurs vous guettent au tournant, et pourtant agir est votre devoir!
«Oubliez les échéances présidentielles qui semblent guider vos moindres gestes. Déverrouillez la France de ses 35 heures, refondez le code du travail, modernisez l’État»
Oubliez les échéances présidentielles qui semblent guider vos moindres gestes. Pour la croissance et l’emploi, tout n’a pas été tenté. Déverrouillez la France de ses 35 heures, refondez le code du travail, modernisez l’État, revalorisez la voie de l’apprentissage en concentrant les moyens aujourd’hui dispersés dans les emplois aidés… Pour la République unie, engagez une politique d’immigration par quotas et faites de l’assimilation des étrangers une exigence pour vivre ensemble. Sur l’Europe, sortez par le haut de la crise grecque en poussant à une nouvelle organisation de la zone euro et en renforçant le tandem franco-allemand à travers une stratégie de convergence économique et fiscale entre nos deux nations. Au Moyen-Orient, revoyez notre diplomatie et créez les conditions d’une véritable alliance internationale, intégrant l’Iran et la Russie, contre l’État islamique…
Pour tout dire, utilisez cette fin de quinquennat pour faire, si possible, une autre politique. Oui, une vraie politique qui libère les Français, qui par son audace étonnerait l’Europe et interpellerait tous ceux qui, par le monde, se demandent ce que nous devenons. »