Editorial Hollande dévoile un plan pour essayer de conserver… son job

Article Bruno Bertez du 19 janvier 2016
Titre :Hollande dévoile un plan pour essayer de conserver… son job

Afin de tirer profit du courant qui s’est manifesté à l’occasion des attentats, Hollande a choisi de donner à ses mesures destinées à ralentir la progression des statistiques de chômage, le nom pompeux de « Plan d’urgence ». C’est une façon de surfer, de récupérer un peu de la Communion Nationale dans laquelle se sont fait piéger les citoyens.
Ses communicants ont eu tort. Ils ont créé une attente qui n’a pu être satisfaite et le Plan d’urgence a fait « Plouf ». Et ceci indépendamment de ses éventuelles qualités, et même indépendamment de son contenu. C’est la forme gonflée, la bulle de Com qui a été sanctionnée.
Sur le fond, il n’y a pas grand-chose à dire: c’est un nième traitement social du chômage qui ne peut avoir pour effet qu’une modeste contraction temporaire des chiffres du sous-emploi. Il faut parquer, mettre au parking, désamorcer. Rien ne permet d’envisager la création d’emplois productifs, les seuls qui comptent dans la situation de la France. Il s’agit de solidarité habillée. Non seulement, nous avons besoin d’emplois productifs mais, en plus, d’emplois productifs de biens et services exportables sur un marché international.
L’examen montre que nous en sommes très loin. On ajoute des béquilles, des subventions qui vont augmenter les déficits et les charges de répartition, c’est tout. Le reste n’est que poudre aux yeux. Il y a un peu de musique comme celle qui consiste à faire croire que l’on retire des rigidités au marché du travail, mais il n’y a que la musique, les paroles manquent.

L’Etat dégagera deux milliards d’euros supplémentaires pour tenter d’enrayer la hausse du chômage, a annoncé lundi François Hollande, dévoilant une nouvelle prime à l’embauche et des mesures de soutien à la formation et à l’entreprenariat. Le chef de l’Etat a précisé que ce plan serait financé par des économies.

-1) Les entreprises de moins de 250 salariés qui embaucheront un jeune ou un demandeur d’emploi en CDI, ou en CDD d’au moins six mois, recevront une aide de 2.000 euros par an pendant deux ans, a annoncé François Hollande. Le dispositif concerne les salariés payés entre 1 et 1,3 smic embauchés entre ce lundi et le 31 décembre 2016, précise le dossier de presse de l’Elysée. La prime « première embauche » annoncée en juin sera parallèlement élargie aux CDD d’au moins six mois au lieu de 12 actuellement.

-2) Un milliard d’euros sera débloqué pour contribuer à porter le nombre de formations de chômeurs supplémentaires à 500.000 cette année. François Hollande a précisé que les partenaires sociaux définiraient les formations liées, « branche par branche, région par région, aux besoins des entreprises ». Les partenaires sociaux financeront ces formations supplémentaires à hauteur de 130 millions d’euros, a précisé la ministre du Travail, Myriam El Khomri.
La loi El Khomri qui sera présentée le 9 mars au conseil des ministres donnera plus de place à la négociation collective, a dit François Hollande, tout en appelant une nouvelle fois le patronat à tenir les engagements qu’il a pris en échange des 41 milliards d’euros de baisse du coût du travail.
Le chef de l’Etat a ainsi confirmé qu’une évaluation de la mise en œuvre du Pacte de Responsabilité et de Solidarité serait faite fin janvier autour du Premier ministre, Manuel Valls. « C’est indispensable pour que toute la clarté soit faite sur les engagements des uns et des autres », a-t-il dit, avant de répéter qu’il voulait transformer « aussi vite que possible » le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en baisse définitive des cotisations sociales.

-3) La loi El Khomri engagera la réforme du Code du travail sur la base des propositions que fera la commission Badinter la semaine prochaine pour définir un socle de droits, a-t-il ajouté. « Le reste, c’est-à-dire l’application, sera renvoyé à la négociation collective », a dit François Hollande.
Le projet de loi développera en outre le compte personnel d’activité, un dispositif qui doit donner plus de liberté aux travailleurs dans l’utilisation de certains droits sociaux.
-4) François Hollande a par ailleurs annoncé un élargissement des règles de l’apprentissage, avec une ouverture des titres professionnels délivrés par le ministère du Travail et une possible entrée en apprentissage toute l’année. L’Education nationale créera des formations nouvelles en alternance, a-t-il ajouté, en précisant que 1.000 postes seraient créés et affectés à ces formations en 2017.
-5) Pour encourager la création d’entreprises, François Hollande a demandé à Emmanuel Macron d’assouplir les règles pour certaines professions, en revoyant le système de qualifications « pour le rendre plus lisible et plus cohérent ». Reprenant une citation du ministre de l’Economie (« pour beaucoup de jeunes, il est plus facile de trouver un client que de trouver un employeur »), il a souligné que certaines qualifications préalables étaient nécessaires pour garantir la santé et la sécurité.
-6) Un nouveau régime accessible aux artisans et entrepreneurs permettra à ces derniers de choisir l’option fiscale la plus appropriée, a-t-il précisé. Et le portage salarial sera réformé.
-7) François Hollande a aussi cité la négociation qui s’ouvrira cette année sur la prochaine convention d’assurance chômage: « Je rappelle qu’en France la durée d’indemnisation est la plus longue d’Europe mais la durée de formation des chômeurs est la plus courte. C’est ce qu’il faut changer », a-t-il dit.
PS : cela est faux, il me semble que la Belgique a une durée d’indemnisation plus longue.

Comme on pouvait s’y attendre, les syndicats et le patronat ont réservé un accueil mitigé à ces mesures, Force Ouvrière déplorant « un libéralisme exacerbé » tandis que le Medef regrettait l’absence d’annonce sur une modification des contrats de travail.
Il s’agit donc d’un nouveau catalogue à la Prévert qui sent bon son Enarchie matinée de tripatouillages suggérés par les syndicats jaunes comme la CFDT. On reconnait les coupables habituels, ils font les fonds de tiroirs.

Qu’est ce qui manque pour mettre les gens au travail au lieu de les mettre au parking ou au rencart?

D’abord, il manque un bilan de tout ce qui a été fait avant et qui est un échec, une analyse critique.
Ensuite, il manque un diagnostic, qui fournirait une ligne directrice pour ordonner l’action publique.
Enfin, il manque des moyens, en particulier le courage, qui seraient à la hauteur de l’urgence invoquée.

Au lieu de cela, on a les rengaines, les répétitions de tout ce qui a fait que le traitement du chômage est coûteux et, qu’au lieu de produire des emplois, on produit du sous-emploi. Le Système français, système nègre blanc, pardon, homme de couleur à nuance de peau caucasienne, ce système produit inéluctablement, mathématiquement, mécaniquement, du chômage parce qu’il est contradictoire. Il expose la France et son économie à la concurrence mondiale, il force les entreprises à la productivité et, en même temps, il bloque les coûts à la fois de la main d’œuvre et surtout de la gestion publique, les coûts que représentent les frais généraux de la nation.
Si vous avez des chiffres d’affaires variables et qu’en face vous mettez du fixe sous forme de salaires et de charges publiques, alors la seule variable d’ajustement reste l’emploi. L’emploi immédiat et l’emploi futur. Car la pression que vous créez sur les marges pénalise l’investissement et donc la création d’emplois futurs. La seule ligne directrice qui peut guider efficacement l’action contre le chômage, c’est la restauration d’un marché de l’emploi.  Comme le dit Simonnot, il faut choisir entre le chômage et l’esclavage. L’esclavage, c’est à dire la fixation du salaire par le marché, la marchandisation de la force de travail. C’est une marchandise et refuser de la reconnaitre comme telle, c’est refuser qu’elle soit à son prix d’équilibre, c’est à dire au prix où offre et demande s’équilibrent.
C’est dur, mais c’est la dure loi du système mondial auquel tous ces gens veulent à tout prix nous faire participer sans nous en donner les moyens. Ils nous plongent dans le système mondial gouverné par la recherche du profit maximum, les taux de profit tendent à s’égaliser par la concurrence, et si vous bloquez les charges telles que les salaires et les prélèvements publics, alors il n’y a que la quantité de travail qui peut varier, qui peut faire l’ajustement. Le marché mondial fixe le prix du travail inclus dans les productions et, quand employer cesse d’être rentable, alors le travail disparait.
Voilà l’axe de réflexion autour duquel doit s’ordonner toute action sur l’emploi. Il faut sortir du système de l’économie mixte, celui qui mélange la souplesse du marché mondial et les rigidités du socialisme. Et pour cela, il faut accepter que le travail soit une marchandise et que son prix se fixe librement sur le marché. Il faut accepter qu’en France on aille vers la découverte du vrai prix du travail des Français. Il faut briser tout ce qui s’oppose à cette découverte.

Ce ne sont pas les économistes qui font les lois de l’économie, les lois de la rareté et les lois de la concurrence, elles existent, tout comme existe la loi de la gravitation. « Les médecins ne sont pas responsables des maladies, disait Malinvaud, et la science économique ne peut être tenue responsable du chômage ». En revanche, les théoriciens de l’économie qui s’aventurent et se fourvoient à conseiller les Princes sont responsables des actions imbéciles et contreproductives qui sont engagées.

La question du chômage fait partie de notre nébuleuse névrotique, de cette nébuleuse, de ce complexe qui nous empêche de voir les choses comme elles sont. Les projections pour l’avenir sont catastrophiques. Ce n’est pas un hasard si certains pays, encore plus idiots que les autres, étudient, pour faire face à l’absence d’emplois disponibles, la possibilité d’instaurer le  « revenu universel ».
Le chômage est un désajustement mondial, global, plus un désajustement français, plus un chômage cyclique de sous activité, plus… plus une imbécilité criminelle des Banques Centrales, lesquelles, en entretenant le dumping du crédit et en faisant  baisser le coût apparent du capital, favorisent la substitution de l’un à l’autre. Elles  provoquent un désajustement relatif des prix du capital et du travail. On substitue le capital au travail parce que le coût apparent du capital est bradé par le crédit gratuit. Le crédit détruit l’harmonie qui doit exister  entre l’épargne et l’investissement, d’une part, et l’équipement et le travail, d’autre part.
Comment sortir de la névrose?
-instaurer la liberté totale de gérer et donc de licencier
-supprimer les salaires minimum
-réduire les indemnisations au minimum compatible avec la solidarité
-supprimer tous les règlements, les normes et autres freins à l’activité
-supprimer toutes les subventions, primes et trucs qui faussent les prix
-réduire le train de vie de l’Etat et de la fonction publique et les impôts
-mettre le statut des fonctionnaires en équivalence avec le statut du privé
Cela fera un bon début.
Si on refuse, alors, il y a une issue, celle de la dégringolade mondiale soit lente, soit accélérée par la fermeture des frontières.
Si on ne veut rien faire de tout cela, il faut dire la vérité et expliquer aux Français que le chômage est le prix à payer pour conserver le même système au profit de ceux qui existent et au détriment de ceux qui ne sont pas encore nés.

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