Marchés financiers, Bourse: Intervention concertée, on terrorise les terroristes

Intervention concertée, on terrorise les terroristes

Nous repétons souvent cette évidence inspirée par la lettre volée d’Edgar Poe ; “la plaque qui masque le trou” le révèle. Autrement dit, ce sont les remèdes qui donnent à voir le mal.

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L’environnement global est horrible, le tumulte de la dislocation vient de toutes parts, certains jours sont à proprement parler effrayants, la communauté financière à l’impression d’être au bord du gouffre, elle vend le crédit, le risque, elle s’arrache les assurances, elle se désendette, elle rachète les devises de funding, et puis d’un seul coup, tout se renverse, les nuages se déchirent, le ciel redevient bleu. Tout ce qui avait chuté rebondit, tout ce qui avait été “shorté” s’envole.

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Une semaine le marché japonais s’effondre, la semaine suivante, il s’envole de 6,8%; et tout est à l’unisson, au rebond, comme les marchés Chinois, les Européens, les Brésiliens et même les Russes! Quand nous disons tout, c’est vraiment tout: le pétrole, les commodities, le crédit, le Yuan, les devises émergentes. Le mal, c’est à dire le risk-off sucite quasi automatiquement son remède, ou plus exactement maintenant ses remèdes: nous sommes dans les multi-thérapies, dans la gestion de crise concertée.

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Ces remèdes sont administrés de façon concertée, de façon complémentaire, et surtout comme nous l’avons maintes fois relevé, en rafales. Il y a une sorte de crescendo qui fait que l’on commence par les moins forts, les moins puissants et que peu à peu on monte dans l’échelle, tout en essayant de réserver, de préserver pour plus tard l’usage du plus efficace, mais considéré comme toxique, celui qui est dans l’armoire à pharmacie du Centre, dans l’arsenal de la Fed.

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Les remèdes ont un effet symptomatique brutal et violent, ils sont capables de terroriser les terroristes qui ont l’audace d’attaquer les marchés, les “shorts”. Ils produisent un effet de panique sur les rebelles, sur ceux qui osent lutter contre les autorités. Ainsi, la gestion concertée de la crise a littéralement piétiné les vendeurs à découvert. Une fois de plus il faut ajouter. Ce n’est pas nous qui plaindrons ces vendeurs car ils sont alliés objectifs des Maîtres: en vendant ce qu’ils n’ont pas, ils sont des acheteurs potentiels, des ressorts qui, déclenchés au bon moment, permettent de manipuler et de contrôler les marchés. Ce sont des auxiliaires du pouvoir contre lesquels ils essaient maladroitement de lutter en prédateur. Les Pouvoirs ont la capacité de “squeezer” les vendeurs, ils connaissent la technique, ils ont les moyens et la complicité des médias. Ils ont le temps, les ressources infinies pour contrôler; en plus quand ils perdent, ce qui est rare, ce n’est pas eux qui paient, mais la collectivité. Les autorités travaillent dans la dissymétrie, c’est ce que les rebelles n’ont toujours pas compris. Les rebelles prolongent la Bulle! Les “shorts” sur les actions, on le sait depuis quasi toujours, prolongent la vie des zombies, ils sont à l’origine des “dead cat bounces”.


 

Le découvert est le ressort bandé qui permet les rebonds puissants

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Avant d’aller plus loin, il convient de noter les anomalies dans le concert qui nous a été offert. Le plus gros couac a été la fermeté du yen Japonais, il aurait du baisser, et ainsi signifier un retour de l’appétit pour le risque, il n’en a rien été, il a monté. De même, les banques US n’ont pas fait grand chose, tout comme les banques Italiennes, signes qu’il y a du plomb quelque part dans les ailes de ces oiseaux de mauvais augures. De même, les “rendus” sur les véhicules de risk-off, les emprunts souverains à 10 ans, ont été inexistants, le Bund allemand a même ajouté quelques gains, alors que les spreads des périphériques européens ne se detendaint que relativement peu. L’or n’a rétrogradé que marginalement ne cédant que moins de 1% à 1227.

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L’ordre n’est revenu qu’en surface, en apparence; car le fond , les corrélations, les stratégies et les positions des hedges funds, restent très vulnérables et peu assurées. La volatilité détruit les certitudes et oblige à la réduction des expositions. La question de la liquidité est de plus en plus lancinante. Le doute est instillé, installé. Si l’on veut shématiser, on peut avancer que la communauté financière reste persuadée que les autorités veulent à tout prix continuer leur Great Experiment, mais qu’elle doute maintenant qu’elle puisse la mener positivement à son terme. On croit encore au pouvoir d’influencer le court terme, on ne croit plus à celui de maitriser le long terme. Les gadgets, les habilités sont appréciées pour ce qu’ils sont, des outils de gestion des perceptions, mais ils n’emportent plus l’adhésion et la confiance.

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Cette semaine donc, pour la fin des congés Chinois du Nouvel An lunaire , la Banque Centrale a réévalué , oui vous lisez bien, réévalué le Yuan! Elle lui a imposé une hausse quotidienne record, la plus importante depuis une décennie! Il est évident que cette hausse est destinée à punir les Soros du monde entier ceux qui sont dénoncés comme jouant contre la devise Chinoise. On a ressorti le Gouverneur Zhou, lequel a affirmé qu’il n’ y avait aucune base à la baisse du Yuan, que les sorties de capitaux étaient normales et que bientôt il y aurait de nouvelles mesures de stimulation; et pour faire bonne mesure, on a supprimé la publication des données qui permettaient de mesurer l’importance des fuites de capitaux.

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Tout avait commencé par le pétrole, mais on ne l’a su officiellement que plus tard . Des rumeurs circulaient selon lesquelles une ou des réunions secrètes seraient encours. Cela a permis une vigoureuse et spectaculaire remontée des cours. L’annonce d’un “accord “entre l’Arabie Saoudite et la Russie d’un plafonnement de leur production aux niveaux actuels (pas une réduction) a permis de ratifier la hausse des cours et validé les rachats du découvert. L’accord ne signifie pas grand chose, il n’implique rien, mais il a le merite d’exister et de témoigner d’une volonté… même si on ne sait pas très bien de quoi.

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Les japonais n’ont pas été en reste , Kuroda a lancé un appel aux responsables financiers des grands pays leur demandant de trouver et de mettre en place des moyens pour stabiliser les marchés financiers de la planète. Diable! La presse a lancé un ballon d’essai suggérant que le Japon examinait la possibilité de “double down”, de jouer le tout pour le tout, pour sauver les sinistres Abenomics.

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Notre Mario se devait, lui aussi, de participer au sauvetage, non seulement des marchés, mais également de sa crédibilité: “la BCE n’hésitera pas à gonfler son stimulus en Mars si elle considère que la récente tourmente financère et ou les bas prix du pétrole peuvent peser sur les perspectives d’inflation”.Et last but not least, ce qui traduit à la fois la gravité de la situation des banques, mais aussi la maladresse de la BCE , elle lance un “appel aux superviseurs afin qu’ils autorisent des changements dans les lois bancaires pour autoriser des paiements discrétionnaires aux investisseurs, alors que les règles bloquent les distributions de dividendes, de bonus, de coupons sur les convertibles et les cocos lorsqu’elles sont en perte”. Bref pour soutenir les cours de bourse des banques, pour éviter la débacle boursière bancaire, on autorise les distributions qui autrement sont interdites, parce qu’elles les affaiblissent. On renforce les risques des déposants pour calmer les appréhensions des détenteurs de titres bancaires!

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Aux Etats-Unis, à la Fed les tactiques sont bien rodées, il y a les poissons pilotes et il y a les gros, ceux qui engagent l’institution. C’est la tactique qu’utilisaient les soviétiques et ce n’est pas un hasard, si la Fed la reprend. Bullard est l’un de ces poissons pilotes, il s’est exprimé et le mieux est de servir du titre la presse pour résumer son propos: “Hawkish Bullard, moves into dovish camp” Le faucon Bullard passe dans le camp des colombes! Et Bullard d’affirmer: “deux piliers importants de notre dossier de 2015 en faveur d’une normalisation ont changé”.

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Enfin on ne saurait passer sous silence les autres poissons pilotes comme l’OCDEet le FMI , les quels annoncent qu’ils sont inquiets, que cela va mal et qu’il faut d’urgence prendre des mesures de soutien de l’activité et compléter l’action des banques centrales par des actions budgétaires partout ou cela est possible.

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Nous arrêterons là, l’énumération des mesures concertées “prises” pour tenter d’enrayer la débacle financière, boursière et bancaire. Nous ne les avons listées que pour prouver la gravité de la situation nous les avons exposées en tant que remèdes qui essaient de dissimuler l’ampleur du mal. Ce sont des remèdes symptomatiques, sans aucune chance de changer l’état du patient, ce sont des placebos plaqués sur les perceptions.

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Le bon sens commanderait de changer de cap; cela fait sept ans que l’on traite le mal par les incantations monétaires, par le monétarisme, par le Keynesianisme et il n’y a toujours aucun résultat.

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Le bon sens commanderait de changer et de tourner une fois pour toutes le dos à l’inflationnisme, et à la fuite en avant.

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Le bon sens commanderait de traiter le problème, là ou il se pose: au niveau de la situation économique et financière des populations, des masses et non plus au niveau des 1%. On ne fait que rendre le monde plus fragile, plus spéculatif, plus injuste et finalement plus violent.

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