Les dépêches, 10 000 milliards de dettes à taux négatifs!

La Bundesbank a abaissé vendredi ses prévisions de croissance et d’inflation pour l’Allemagne tout en soulignant que la première économie d’Europe était plus solide que ne l’indiquent ces chiffres, avec un développement de l’activité plus rapide que celui des capacités de production.

La banque centrale allemande voit désormais le produit intérieur brut (PIB) de l’Allemagne croître de 1,7% cette année, contre une prévision de 1,8% en décembre, et elle anticipe une inflation de 1,4% contre 1,7% précédemment.

« L’activité économique intérieure semble devoir continuer de bénéficier d’une croissance vigoureuse de l’emploi, qui est alimentée pour une part considérable par la migration économique en provenance des pays de l’Union européenne, et d’une croissance robuste des revenus », écrit la Bundesbank dans ses prévisions économiques semestrielles.

« Pour l’année en cours, la demande intérieure est en outre soutenue par la nouvelle chute des cours du pétrole et par les gains associés en termes de pouvoir d’achat », ajoute-t-elle.

La Bundesbank évoque aussi les effets d’une « politique budgétaire particulièrement expansionniste en 2016 grâce, pour une part non négligeable, aux dépenses publiques supplémentaires liées à l’arrivée de réfugiés ».


Les taux négatifs sont une drogue.
On en parle souvent sous l’aspect épargne/placement pour déplorer que la rémunération des épargnants soit devenue nulle;  surtout pour ceux qui sont les moins capables de supporter le risque, c’est à dire les « petits ».
On oublie l’autre versant des taux négatifs: à savoir l’incitation donnée aux gouvernements et aux états à emprunter. Si cela ne vous coute rien de vous endetter vous en usez et abusez. En baissant le coût des dettes, vous augmentez la demande de crédit et le volume d’émissions obligataires. Vous le faites d’autant plus facilement que vous achetez vos élections grace aux voix que vous collectez par vos dépenses.
L’Allemagne avait bein vu ce phénomène, les taux bas, zéro ou négatifs sont une incitation à la dépense , aux déficits et à la dette.
Quand on y entre on ne peut plus en sortir , c’est Hotel California. On peut check-in , mais pas check-out. Aucun gouvernement n’est capable de supporter un retour des taux de long terme dans les normes et moyennes historiques, ce qui signifie que le financement par la production de crédit d’origine monétaire est devenue obligatoire. On ne peut retourner à un système dans lequel le crédit est adossé à l’épargne.
Notons en passant l’imbécilité de la thèse de Bernanke qui nous dit que les taux sont bas à cause d’un « savings glut », c’est de la mauvaise foi caractérisée car il sait bien, pour avoir lu Keynes ,  que dans un système ou le crédit est originé, produit par le système bancaire, il n’y a pas de limite au crédit par une quelconque raréfaction ou excédent d’épargne. Si les taux sont bas et négatifs, c’est non pas à cause d’un excédent imaginaire d’épargne, mais parce que les banques Centrales monétisent le crédit en général et les déficits des gouvernements en particulier. Et parce que la demande de monnaie reste forte, ce qui fait que les agents économiques ne la boudent pas. Du moins, pas encore.  Lorsqu’il y aura une vraie reprise, et il y en aura une un jour, les actifs réels, les biens et les services  deviendront plus désirables que le papier et on s ‘apercevra des erreurs de raisonnements des Banquiers Centraux.
Il y a déconnection entr le crédit et l’épargne. Donc le « savings glut », on s’en fiche. C’est un colossal piège, qui s’est refermé sur les Etats.
Mais il ya plus. Les taux zéro ou négatifs tuent les business model non seulement des banques, mais aussi des organismes de protection , des institutions de retraite et ils tuent les investisseurs professionnels en valeurs à revenu fixe. Ils tuent les classes moyennes.
Il n’y a plus aucune prime, aucun spread à gratter nulle part, tout « carry » devient insuffisant voire négatif, voire suicidaire. Il n’y a plus de spread, plus de prime pour la durée, plus de prime pour la solvabilité, plus de prime pour la volatilité. C’est la destruction du modèle même de la finance moderne qui s’effectue sous nos yeux . La seule attitude rationnelle comme vient de l’expliquer le grand Bill Gross est de ne raisonner qu’en protection du capital et à la rigueur de « shorter » le crédit le plus vulnérable à un ralentissement économique lequel est inévitable.
Le montant de la dette souveraine mondiale négociée sur le marché obligataire à des taux négatifs s’est élevé à plus de 10.000 milliards de dollars fin mai, soutenu notamment par une politique monétaire accommodante, a estimé vendredi l’agence d’évaluation financière Fitch. La dette souveraine négociée à des taux négatifs se chiffre à 10.400 milliards de dollars à fin mai, en hausse de 5% par rapport à environ 9.900 milliards de dollars en avril, selon un calcul réalisé par Fitch.

Le montant de la dette à un taux négatif sur le marché obligataire au Japon et en Italie a contribué le plus à cette augmentation sur un mois. Les taux négatifs concernent 14 pays dans le monde, selon l’agence de notation.


[Reuters] China May services growth cools to three-month low, hiring slows: Caixin PMI

[FT] Negative-yield debt breaks $10tn level for first time

[CNBC] Jamie Dimon just sounded the alarm on auto loans

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