Scénario d’un eurosceptique de progrès
L’Allemagne doit payer pour les avantages que le système lui accorde. Il faut faire pression sur les gouvernements pour qu’ils demandent plus aux Allemands.
Les enquêtes sont particulièrement fiables lorsqu’elles sont récurrentes, on mesure mieux les évolutions par des sondages que l’on ne mesure des valeurs absolues. Les enquêtes périodiques de Pew Research montrent un affaiblissement continu du soutien à la construction européenne.
Le soutien des Allemands à l’idée européenne est de 50%; celui des Français n’est plus que de 38%, les Grecs viennent en queue de peloton avec 27%. La tendance à la baisse est continue. Ceux qui sont favorables à la construction de l’Union sont ceux qui en bénéficient.
La communauté jacassante nous rabâche les oreilles avec ses opinions et ses paris. Il est en effet plus facile de jouer et de parier que de travailler sérieusement et c’est justement là-dessus que les gouvernements et les élites comptent: faire jouer les gens au jeu des devinettes afin qu’ils ne réfléchissent surtout pas. Cela permet d’occulter les faits, les analyses et surtout les enjeux.
Nous sommes dans les jeux du cirque, dans le tragique dérisoire, les peuples se battent entre eux, les citoyens s’entre-déchirent tandis que les élites, sur les gradins, une coupe à la main et une fille aux pieds, observent, pilotent et décident quand sera fait le signe fatidique du pouce retourné des jeux du cirque romains. Toute personne qui a observé d’un oeil critique ce qui s’est passé tout au long de la campagne britannique et qui a une expérience des raisonnements complexes des élites fait ce constat.
Hélas il n’y a pas de Spartakus pour guider les peuples et pointer les coupables dans les gradins; les Spartakus sont aussi médiocres que les autres, malheureusement. Notons cependant que certains sont de bonne volonté. Mais Pierre de Coubertin était un imbécile, l’essentiel n’est pas de participer, mais de gagner. Et gagner, c’est un phénomène de tout ou rien.
La montée en spectacle du vote sur le Brexit/Remain fait partie d’une stratégie complexe. C’est un peu la même technique que celle qui a été utilisée avec les malheureux Grecs, on fait monter la pression, les attentes, afin que la réceptivité émotionnelle soit à son comble et qu’ainsi, les leçons et les manipulations soient encore plus efficaces. Car c’est de cela qu’il s’agit avec cette mascarade: donner une nouvelle leçon aux peuples indociles. Donner une leçon à ces Français encore marginalement indociles par exemple. La malheureuse Marine Le Pen étant tombée dans le piège irréaliste de vouloir se faire appeler Madame Franxit! Comme si cela tenait debout! Tous ces gens ne savent qu’imiter, répéter, jamais inventer. Ils ne font rien d’autre que se promener, lire quelques bristols qu’on leur tend avec des notes hâtives et se goberger. Ils soignent leur image. Ils feraient mieux de soigner leur tête ou leur cerveau.
Il faut donner une leçon, des leçons à répétition, pour gagner du temps. C’est la tactique de l’establishment européen en attendant qu’une stratégie soit élaborée; tout cela est comparable à ce qui se passe en matière de crise financière et économique, il faut gagner du temps afin de se préparer.
Ce qui est l’objectif, ce ne sont pas les combats d’escarmouches comme la Grèce, l’Espagne, ou la participation Britannique à l’Union, non ce qui importe, c’est le long terme.
Le soutien à la construction européenne ne cesse de reculer, il n’y a plus d’appétit pour l’Europe, il suffit d’observer les résultats de la dernière enquête de Pew Research. Ils sont effrayant et croyez nous, les élites sont effrayées. Il s’agit d’un mouvement de fond, d’un rejet puissant et généralisé. Et ce rejet ne peut être tempéré que si les moyennes s’égalisent, se rejoignent, c’est à dire si les courbes convergent. Cela signifie que l’attitude vis à vis de la construction européenne ne peut se modifier, le désamour ne peut être freiné que si et seulement si les pays qui profitent de l’Europe comme l’Allemagne acceptent de payer pour continuer de bénéficier des avantages que la situation lui confère.
L’Allemagne doit payer pour les avantages que le système dissymétrique lui accorde, elle doit payer pour conserver son leadership. L’Allemagne n’est excédentaire que des déficits de ses partenaires, elle ne tient le haut du pavé que du goût de ses partenaires pour l’abaissement et la victimisation.
Pour continuer de rester gagnante en Europe l’Allemagne doit payer! Et si elle va dans cette direction plus nettement qu’elle ne le fait actuellement, alors, les anti-Europe, les AfD et autres, en Allemagne vont devenir de plus en plus nombreux, violents et le pourcentage d’adhésion à la Construction Européenne en Allemagne va chuter de 50% actuellement à 30%!
Nous sommes dans une course de vitesse, cela devient de plus en plus évident. D’un côté il faut freiner les évolutions anti-Europe et de l’autre il faut accélérer la construction d’une Europe politique intégrée irréversible sous la coupe allemande. Course de vitesse dans laquelle les élites sont lancées pour battre, sur la ligne, au finish, les eurosceptiques.
Les inconnues de l’Equation Européenne qui est à résoudre ne sont ni Britanniques, ni ceci ou cela, elles sont Françaises et Allemandes.
La bonne stratégie pour les vrais eurosceptiques, n’est pas de trépigner, de déclamer et d’annoncer le Franxit, non elle est de faire pression sur le gouvernement français, sur les médias, sur les entreprises, sur tout ce qui est Européiste en France pour qu’ils demandent plus aux Allemands, pour les mettre au pied du mur , exiger qu’ils paient pour les avantages incroyables qu’ils tirent de la construction européenne, quasi gratuitement. Il faut déculpabiliser les Francais au lieu de faire comme Macron, le Medef et Juppé, il faut dire aux Français qu’ils ont raison; que l’Europe, c’est merveilleux mais que ceux qui en profitent doivent payer, rendre ce qu’ils ont pris et prennent encore. Les bénéficiaires de l’Europe, ils doivent miser pour pouvoir continuer à jouer; ainsi se refera l’unité du peuple de France, solidaire dans ses exigences et non plus coupable dans la communion de ses péchés imaginaires.
La solution, c’est «en avant», Sforza comme le disait Berlusconi, c’est la fierté de ce que l’on est, l’étendard de Jeanne d’Arc bien haut, il faut cesser de pleurnicher, de reculer et au contraire, il faut avancer. Nous n’avons peur que d’un danger imaginaire que nous avons intériorisé. Il faut cesser d’être les complices des Allemands comme dans les années 1930. Messieurs du Patronat, il faut relever la tête, le défi. Notre modèle est humainement bien supérieur au leur dès lors qu’on le rabote des imbécilités dirigistes et socialisantes.
La solution pour les eurosceptiques, c’est d’utiliser les forces et le poids de l’adversaire, comme au judo pour le mettre à terre. La solution c’est d’exiger plus d’Europe!