L’inflation toujours au ralenti
Mirabaud. La banque basée à Genève prévoit une croissance suisse en deçà du consensus pour le trimestre prochain.
La banque Mirabaud présentait hier à Lausanne ses perspectives financières pour les prochains trimestres. Au cœur des préoccupations de la banque, le maintien de taux d’intérêt bas dans ce climat de croissance modérée, l’attrait des titres suisses, et l’alternative de la dette convertible.
D’après Gero Jung, économiste en chef de Mirabaud, l’avenir proche n’apportera pas de grands changements. La croissance globale va accélérer mais il s’agira en grande partie d’un effet cyclique, pas d’une nouvelle tendance à long terme. L’inflation devrait augmenter également mais elle ne donnera aucun signe d’accélération. L’économiste est d’accord avec la Réserve Fédérale américaine dans ses prédictions sur la croissance américaine pour l’année. Modeste à 2%, elle est encouragée par une augmentation des ventes de détail, mais perd de son élan à cause l’affaiblissement de l’activité industrielle. Les salaires continuent à croître de 1.5% malgré la faiblesse des gains dans les secteurs à basse compensation, et le taux de non-emploi reste au niveau bas des 4.7%. La banque prévoit deux hausses d’un quart de point d’ici 2016: septembre et décembre.
En Europe, la situation est nuancée. Mr. Jung prévoit 1.5% de croissance pour 2016. Pour lui, le risque de Brexit est faible. Les pays du « core » continueront de s’améliorer, mais les pays périphériques tels que l’Espagne risquent de ralentir. Les crédits aux entreprises non-financières ont augmenté de 1.6% sur l’année, ce qui est encourageant pour la croissance. Cela n’a pas suffi pour faire accélérer un taux d’inflation qui est en deçà d’où il était quand la Banque centrale européenne (BCE) à annoncé son programme d’achat d’actifs en janvier 2015. Pour cette raison, Mirabaud s’attend à une augmentation des achats de titres à long terme et à l’annonce d’encore de mesures supplémentaires de la part de la BCE au second trimestre.
Au Japon, l’inflation est en baisse, et Mr. Jung s’attend à ce que la Banque du Japon fasse plus de stimulus en même temps que la BCE.
Le Franc Suisse est mis en cause par ces politiques monétaires accommodantes. L’économiste en chef de la banque pense qu’il restera fort. Ceci pèsera sur les exportations, lesquelles représentent plus de la moitié de l’économie suisse. Mirabaud considère donc que les opinions sur la croissance dans l’industrie suisse sont trop optimistes. La banque vise 1% contre les 1.2% du consensus pour la croissance du produit intérieur brut, et pense que l’inflation sera aussi en dessous des -0.6% de la plupart des prédictions.
Malgré ces difficultés économiques, l’analyste Nicolas Bürki pense que les actions suisses se comparent très favorablement aux actions européennes, américaines ou japonaises. Particulièrement dans une perspective à long terme, sur vingt ans par exemple. Les valorisations sont généralement hautes, à l’instar de Lindt, qui représente 10% du SMI à 40 fois les bénéfices. Ceci s’explique par les faibles taux d’intérêt et par les dividendes qui comparativement au taux des plasements sans risque sont élevés. Mais Mr. Bürki prévoit une solide croissance annualisée des revenus de 4 à 7% pour les actions suisses et il suggère que les petites et moyennes capitalisations ont un potentiel de surperformance.
Selon l’analyste, les titres défensifs tels que la santé ou l’alimentation ont cessé de cessé de faire mieux que les titres cycliques tels que la construction.
Pour lui, le risque se situe au niveau de la volatilité des marchés. Sur ce thème de volatilité, le gérant de fonds Nicolas Crémieux considère qu’il convient de se concentrer sur la dette convertible. En effet beaucoup d émetteurs sont cycliques et les primes de risque sont avantageuses. Ces titres hybrides permettent de prendre le risque de valorisations plus élevées en réduisant l’exposition à la volatilité.