Les cérémonies de l’enterrement de la croissance

La poussière et l’écume du dernier Jackson Hole ne sont pas encore retombées que déja, les analystes sont sollicités par un autre évènement, par un autre spectacle, le G20. Une nouvelle grand-messe destinée à nous persuader que les autorités ont les choses en mains, comme elles le font depuis 2008  avec succés, puisque, malgré leurs échecs, les peuples continuent de croire ce qu’elles promettent; même quand elles ne promettent plus rien d’autre que.. la stagnation.

Le grand thème de la propagande, c’est la stagnation, la stagnation tombée du ciel comme une malédiction parce que nous avons péché et trop joui avant!  . Avec un jeu subtil  de  répartition des rôles au sein de la classe des Puissants . Les uns comme les banquiers centraux tracent  un cadre de renoncement, d’adaptation à la croissance séculaire nulle ou faible, tandis que les autres, les politiques entretiennent l’espoir, l’illusion  que si les peuples restent bien sages, dans  le bipartisme conventionnel,  si ils votent bien  alors tout finira par aller mieux, on recommencera à raser gratis.

Tous nos maux sont man-made, créés par les hommes, rien ne tombe du ciel, pas plus la croissance que la stagnation. Quand les choses vont bien quand la prospérité est là, alors les élites s’en attribuent le mérite. Quand les choses vont mal, quand la pauvreté regagne du terrain, et avec elle le chômage et l’insécurité, alors non, c’est la faute … à la fatalité. Voire même c’est votre faute.

Des erreurs historiques ont été commises il y a plusieurs décennies: on a voulu doper la croissance , la forcer au dela de ce que permettaient les tendances naturelles et les lois de l’économie. On a sombré dans  les délices du crédit.  Et pour en créer plus, on l’a retiré de là ou il était originé à l’intérieur de certaines limites,  le système bancaire . Et on l’a mis là ou les limites pouvaient sembler pouvoir être sans  cesse repoussées: sur les marchés. Le système ainsi créé est par essence « instable » , il oblige à l’intervention constante et de plus en plus colossale dans ses montants et ses risques de la banque centrale voire des Trésors publics.

Au lieu de dépendre de la qualité du travail des banques originatrices et transformatrices , la qualité du crédit est « relative », subjective, elle dépend des humeurs des marchés, des promesses des banques centrales, des « animal spirits » de la foule  et cela change tout. Il faut sans  cesse entretenir le goût du risque, c’est à dire l’appétit pour le jeu et parier sur le fait que « tout joueur s’exagère ses chances de gagner (Adam Smith) . Et cela explique pourquoi les banques centrales doivent créer, pérenniser de nouveaux outils. Ces nouveaux outils dont Yellen a esquissé l’architecture il y a quelques jours à Jackson Hole.

Le système est en train de changer, le provisoire, l’exceptionnel deviennent permanents et l’Aventure, la grande Aventure continue. On a réussi à transformer l’attente de l’Exit des politiques non conventionnelles (confère ce qui se disait en 2010)  en une médiocre petite attente d’une misérable hausse d’un quart de point du taux directeur de la Fed. On a transformé  « le grand jour »,  le grand évènement que devait être la Sortie, en un misérable ajustement marginal. Voila la forêt qui vous est cachée par les arbres des spectacles qu’ils soient de Jackson Hole ou des G20. On a réussi à masquer l’échec et à vous habituer à son idée; il n’y aura plus de croissance, plus de prospérité. Quelle entourloupe, quel tour de passe-passe, réussi grâce à un savoir qui lui, est efficace : la Communication. Ils ne savent pas gérer, mais ils savent communiquer, modeler les perceptions comme ils disent. Et maintenant que vous êtes prêts, conditionnés, ils peuvent passer à l’étape suivante. Nous y sommes.

Aout  28 – Reuters (Jason Lange and Ann Saphir): Les responsables de la Fed signalent qu’ils pourraient hausser les taux dans  un avenir proche, mais ils évaluent les nouveaux outils dont ils pourraient disposer en cas de récession. … Plusieurs collègues de Yellen ont expliqué qu’ils fallait considérer de nouveaux instruments tels qu’ augmenter l’objectif de taux d’inflation, ou même acheter des dettes non gouvernementales comme les packages  de dettes des entreprises . Ces idées nouvelles devraient être testées afin de voir les limites de leur faisabilité et surtout elles devraient être approuvées par le Congrès….Les responsables admettent que nous sommes dans  une ère nouvelle et que les assets qui sont au  bilan de la Fed vont y rester… Le Central Banking  se trouve dans « a brave new world a déclaré le Président de la Fed d’Atlanta, Dennis Lockart.  » Lockart ne croit pas si bien dire, sa référence est terrible, menaçante, mais parfaitement adaptée à la situation, peut être a t-il lu Huxley?

A propos des nouveaux outils , notez la position de Stanley Fischer, Maître à ne pas penser de ce quarteron de monopoleurs de la pensée économique; « les taux négatifs semblent marcher dans les autres pays, mais… » Il a suggéré qu’ils n’étaient pas sur la table aux USA,  « la Fed ne va pas dans  cette direction ». On voit mal comment gérer en effet l’épée de Damoclès des 2,724 Trillions de « Money Market Funds » en cas d’utilisation des taux négatifs!

Enfin vous noterez la circularité de la pensée des zozos, voila pourquoi votre fille est muette, explique Charles Evans de la Fed de Chicago: « la croissance a ralenti de façon permanente à cause du ralentissement de la productivité »! Ah bon! Et la productivité a ralenti à cause de quoi? La question doit être posée si on est un homme de science. Réponse la productivité a ralenti car les investissements sont stagnants depuis plus de 12 ans. Et pourquoi les investissements sont-ils au point mort, monsieur Evans? Réponse parce que qu’il n’est pas rentable d’investir: les capitalistes ne se privent jamais d’une occasion de gagner de l’argent et si ils n’investissent pas, c’est parce qu’il n’y a pas d’argent à gagner; si il n’y a pas d’argent à gagner c’est par ce que le taux de profit a atteint un niveau insuffisant. Pendant longtemps les firmes ont exigé et obtenu un taux de retour interne de 15% ; maintenant c’est impossible, donc elles font la grève; le taux s’est effondré et  elles préfèrent utiliser leurs ressources dans  la finance, dans l’ingénierie financière, les buy backs ; les fusions, les dividentes etc. Et Charles Evans d’ajouter,ce qui est singulèrement audacieux car les comportements humains sont tout sauf prévisibles: « les anticipations de croissance faible sont tellement enracinées dans  le comportement des firmes que même si l’inflation venait accélérer de façon inattendue, et que la Fed devait monter les taux plus vite que prévu, une hausse brutale des taux longs sur les marchés serait improbable ». Comment peut on oser affirmer cela, sans examen sérieux par exemple, des causes qui  seraient à l’origine de l’accélération de l’inflation? Sans la moindre idée des réactions du marché des actions, de celui des dérivés? Comment faire une impasse ausi large sur les réactions et sur-réactions de la Communauté  Speculative Mondiale ? Evans nie l’enseignement majeur, fondamental, celui qu’il faut absolument retenir de la période contemporaine: l’instabilité de la Valeur. et sa cause, l’instabilité des comportements.


Le système : dépense maintenant, paie plus tard, la qualité du crédit est de plus en plus pourrie , pour le stabiliser il faut maintenant acheter sur les marchés les packages de dettes Corporate! Ci dessous la croissance exponentielle des dettes pourries , on revient au niveau de 2009.  

S&P Junk Issuers

EN PRIME

La mise du crédit sur les marchés, ils cassent, nous payons.

Avant, le crédit était « en banques »,  l’innovation majeure de la modernité financière a consisté à le mettre sur les marchés, le crédit est devenu « market based » et cela change tout.

La presse et les marchés sont à courte et très courte vue. Les autorités également, elles qui se sont toutes ralliées à l’idée que “le long terme est une succession de courts termes “. Nous ne mangeons pas de pain là. Nous faisons du court terme certes, mais   presque de façon didactique pour permettre au lecteur de faire le lien entre ce qu’il voit et ce qui se déroule. Mais notre démarche est une vraie démarche de long terme: nous mettons à jour des forces, des éléments qui gouvernent le long terme.

C’est ce qui nous permet depuis le début de la GFC ( Grande Crise Financière) puis de la GEC (Grande Crise Economique) de ne pas nous être trompé.  Dès 2009, puis encore en 2011, lorsque nous n’avons pas cru à l’Exit. Nous avons vu juste, à la fois sur le fait que la crise allait durer très très longtemps, sur le fait que la politique engagée n’avait pas d’issue et que l’on ne retournerait pas en arrière et enfin sur le fait que la crise allait remonter aux produits, aux institutions, aux structures, aux théories, au politique, au social et au géopolitique. Nous y sommes. L’enjeu de toute crise est conflictuel, il s’agit toujours en dernière analyse de savoir: qui va payer?

La crise va même modifer nos façons de penser , pas seulement les théories, mais la culture.Et elle modifier les sujets, les gens. En attendant, elle modifie la façon dont les banquiers centraux établissent ou inventent de nous méthodes de « régulation monétaire ». Nous y reviendrons.

Au passage nous avons seriné que les bulles n’en étaient pas vraiment car il n’y avait nulle « mania », mais un entonnoir, l’entonnoir de la répression financière,  mis en place cyniquement qui visait à forcer les détenteurs de capitaux à rechercher le rendement à tout prix, au fur et à mesure que les banques centrales le rendaient plus rare. La déréglementation, les innovations financières avaient préparé le terrain à ce qui, en fait , et est en train d’être théorisé, un nouveau système de crédit.

Dans le vieux temps, le crédit était « en banques », les banquiers  connaissaient leurs clients, les crédit men ou woman aussi, la sécurité était bonne et les sommes  que devaient réguler les banques centrales étaient à leur portée, ou à portée de taux ou de réserves obligatoires. La dérégulation a consisté à mettre de plus en plus, le crédit sur les marchés, à remplacer la connaissance par les statistiques.   Il est devenu, « Market Based », c’est à dire soumis au hubris et aux animal spirits, bref à ce que la mode appelle l’appétit pour le risque et que nous,  nous appelons le gout du jeu.

Il est évident que tout a changé avec ce transfert du crédit sur les marchés: la masse est devenue colossale, la qualité pourrie et pour gérer ce crédit et ses caprices, la Banque Centrale a du inventer  de nouveaux outils, les anciens, comme les taux administrés, les réserves etc ne suffisaient plus; ils  étaient inopérants. Comme ils le disent, la transmission ne se fait pas. Les marchés ne se régulent pas comme les institutions bancaires, ils sont agités par des phénomènes de masse, moutonniers, ce sont des humeurs primaires qui y dominent . On ne l’a pas vu tout de suite, d’ou la crise des subprimes, mais les nouveaux outils monétaires étaient devenus nécessaires. Ce sont ces outils, dont Yellen a fait l’exposé sinon l’analyse il y a quelques jours. Ce  sont des outils qui se sont développés dans  la pratique, pas dans  la théorie, afin de faire face aux blocage des marchés , à leur paralysie, à leur révulsion, à leur « resserrement des conditions de crédit » . En fait par les Quantitative Easing, par les taux rock-bottom,  et par les « forward guidance », les banques centrales se sont donnés les moyens de résoudre la question de la régulation du crédit Market Based. Et c’est ceci, l’innovation de Yellen: la théorisation de cette pratique qui fut d’abord, intuitive. Ce qui reste à prouver , cela n’a guère été testé c’est la symétrie. On ne connaît que la lutte contre le resserrement des conditions financières, on n’a pas encore appliqué les remèdes à son symétrique: la nécessité de resserrer pour éviter les dérapages.

Nous avons soutenu que tout ceci était là pour durer. Ce n’était pas un intermède, non c’était une nouvelle phase de l’histoire. Il n’y a pas de « bulles » avons nous sans cesse écrit tant que les politiques monétaires restent ce qu’elles sont:  c’est la masse de liquidités qui ne rapportent rien dans le monde et les taux administrés, nuls ou négatifs qui, mécaniquement font gonfler la valeur des assets financiers. C’est un monde nouveau que celui ou les autorités ont unifié et pris le contrôle du  champ des assets financiers et réussi  à faire en sorte que leur valeur ne soit plus que relative  et non plus fondamentale;  que leur valeur dépende de la valeur des autres assets et non pas du Réel sous jacent. Le réel ne constitue qu’une règle du jeu du casino, une martingale, car en pratique ce qui compte c’est le Tout, la Tendance.  Vous comprenez mieux ainsi l’inutilité des gestions actives, le développement des gestions passives, des Quants, des gestions  indicielles ou des  ETF. La Bourse est un jeu à l’intérieur d’un univers dont les Banques centrales ont pris le contrôle. Il suffit de songer à la masse de valeurs détenues par les Banques centrales, pour un pur usage monétaire, il suffit de songer à ce qui se passe chez le précurseur global:  le Japon. Les valeurs mobilières ont changé de nature ou plutot  de vocation; elles ne sont plus des signes représentatifs  de droits de propriété, elles sont pour les “investisseurs” des « bons de droit à écarts de cours », et pour les banques centrales, ce sont des instruments monétaires. Que l’on songe au portefeuille colossal de la BNS ou de la BOJ, portefeuilles dont la logique n’est que monétaire!  D’ailleurs, elles n’exercent pas les droits qui y sont attachés.

Nous avons soutenu que nous étions entré dans  un autre système politique et social au delà, par delà le capitalisme et le socialisme, dans  un système  de capitalo-socialisme monétaire administré, piloté par un quarteron monopolistique de Maîtres auto proclamés, cooptés, libérés de tout contrôle et par conséquent privés de toute légitimité. Les débats pour les contester ne suffisent plus, car ils ont tué toute critique, ils ont imposé une parole dite « d’autorité » qui évacue toute remise en question. On l’a encore vu il y a quelques jours, lors de la prestation de Yellen à Jackson Hole. Non seulement , ils sont dans une névrose, comme les mouches dans une bouteille, mais ils ont réussi à y faire pénétrer une masse colossale de complices qui font l’opinion.

Nous soutenons que le problème est maintenant politique et que cette prise de pouvoir par un « « quarteron d’individus félons  » doit être traitée au niveau ou elle se situe: le niveau politique.

Ils font de la politique, ils ne gèrent pas la monnaie. Et nous sommes dans une mécanique infernale;  leurs théories sont fausses, ils échouent, mais leur échec ne leur sert qu’à une chose:  aller plus loin, en  faire plus, s’octroyer plus de pouvoir et rendre l’évolution irréversible.

Ils ont échoué, c’est une évidence puisque l’on ne peut retourner à la situation qui prévalait avant la crise de 2008, on a besoin des béquilles  même pas pour marcher, même pour stagner. Et pourtant Yellen ose dire en substance: « comme nous approchons de nos buts, il est temps  de tirer les leçons de ce que nous avons appris, pour conduire la politique monétaire future ». Mais attention ces leçons ne servent pas à revenir en arrière, mais à fournir des justifications … pour aller encore plus loin!

Ce que fait Yellen au delà d’agiter le chiffon rouge pour la Communauté Spéculative Mondiale qui attend de savoir si elle doit acheter ou vendre, ce que fait Yellen, c’est poser les bases d’une politique monétaire durablement « dovish », durablement inflationniste! durablement fondée sur  des agrégats trompeurs aussi bien quantitativement que qualitativement.  D’une politique monétaire qui rationalise le fait que l’on ne peut plus en sortir. Le long terme, c’est une succession de courts termes, le long terme c’est la ratification, l’enracinement des politiques, des outils, des idées de court terme.  Et personne ne lit, personne ne va au dela de l’attrappe nigaud que constitue le montera/montera pas les taux, alors que Yellen  dans  son intervention , bien titrée, bien annoncée, parle, écrit pour l’Histoire, elle pose méthodiquement les bases, les bases analytiques, d’un système dans  lequel les banques centrales conservent et entretiennent un bilan de dimension colossal qui enrichit les uns et “misérabilise” les autres.

Yellen pose les bases d’un système durable, qui repose sur l’utilisation du bilan des banques centrales pour résoudre tous les problèmes, faire face à toutes les incertitudes et traiter tous les accidents. C’est une institutionnalisation de l’exceptionnel. Ce qui n’était qu’une Expérience, devient la règle, le modus operandi régulier et commun. Le chèque en blanc signé, sous l’emprise de la panique de 2008, va être perpétuel, sans  limite de validité, sans  montant, il va être vraiment chèque en blanc. Les pleins pouvoirs. La tyrannie. Ils vont jongler avec les trillions, pire que « le capitalisme, qui joue aux dés notre royaume! »

En 2008, les banquiers centraux ont pris le pouvoir, ils ont déplacé, transféré plus de ressources que jamais les guerres et les politiciens n’avaient réussi à le faire. En 2011, ils devaient stopper, rendre leur mandat, rendre le chèque en blanc, non seulement, à cause de leur échec ils ne l’ont pas fait, mais ils ont  doublé et quadruplé; le bilan de la Fed a explosé à 4,5 trillions et plus! Nous prenons date: dans  l’état actuel de fragilité des marchés financiers, dans  l’état actuel des déséquilibres économiques de toutes sortes, dans  l’état actuel d’incurie des hommes politiques, dans l’état actuel des risques dissimulés, il faudra dans le moyen terme passer à un bilan de la Fed de … 10 trillions. C’est mathématique c’est à dire prudent, cela ne tient pas compte des risques supplémentaires  « d’overshooting  » lors d’un accident. Nous prenons date: 10 trillions de « backstop » il faudra. Et on achètera la pourriture qui s’est accumulée tout au long  de ces années de  « search for yield », toute la pourriture qui ne peut résister à un simple ralentissement , même modéré.  On achètera tout, les emprunts Corporate, les créances bidons de l’ingénierie malthusienne qui s’est développée comme un cancer.

La Fed s’est mise dans  un corner, elle n’a plus de marge de manoeuvre sur les taux, elle le dit elle même. Les simulations faites par Reifschneider, reprises pat Yellen  « Gauging the ability of the FOMC to respond to future récessions » sont claires: « si on n’a pas la possibilité de couper radicalement  les taux d’intérêt, il faut compenser par des achats d’assets beaucoup plus agressifs et des « forward guidances », (des promesses de taux longs trés bas.) « . Les simulations sur lesquelles Yellen s’appuie avancent  une estimation de 4 trillions d’achats de titres, nous, nous les évaluons à 10 trillions minimum. Et ce ne sera que le début car l’absence de flexibilité sur les taux dont la Fed se plaint, ne va pouvoir que s’accentuer, plus le bilan de la Fed sera gigantesque, plus le marché financier sera surévalué, plus la pourriture sera répandue dans le crédit et l’ingénierie, plus la rigidité va augmenter, on ne pourra supporter le moindre soufle de vent de normalisation, l’édifice sera trop fragile avec des fondations fragiles .

La Fed s’est trompée sur tout, absolument tout, voilà la vérité. Elle a été incapable de voir venir la crise, elle a été incapable d’en analyser les causes, elle a été incapable d’en apprécier les effets de contagion, elle a reflaté une bulle immobilière, elle a soufflé une bulle des fonds d’état, elle a supprimé toute fonction de découverte des prix du risque, elle a produit une croissance lente, déséquilibrée, elle a raté ses objectifs d’inflation, elle a alimenté la plus grande vague d’inégalités jamais élevée dans l’Histoire. Elle a propagé  l’immoralité, le « moral hazard », provoqué la montée du populisme et finalement disloqué le système politique.  Voilà le résultat de son action et il est tel que beaucoup se rallient aux thèses conspirationnistes et  croient que cela est volontaire, que  cela est la manifestation d’une stratégie  de chaos. Un des gouverneurs le plus honnête n’y est pas allé par quatre chemins, il s’agit du dissident Eric Rosengreen: « L’économie et les marchés financiers ne sont pas aussi stables que nous l’avions assumé ». On ne peut mieux dire, en langage bien sur diplomatique, que le jugement de ces gens  est défaillant et qu’ils nous le font payer.

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