La légitimité de Fillon vient d’en bas, celle de Juppé, d’en haut!

Patrick Buisson n’est pas un mauvais analyste politique. Un peu marqué certes, (et c’est même le moins que l’on puisse dire), mais perspicace. Il a fustigé jeudi le discours « ringard » d’Alain Juppé face à la campagne de « transgression des tabous » de François Fillon.

« Malgré qu’il se veuille le porte-parole de la modernité », Alain Juppé « tient un discours absolument ringard et ne se rend pas compte que cette révolution conservatrice est à l’oeuvre partout dans toutes les sociétés occidentales », a-t-il dit sur Europe 1.

Je ne partage ni l’analyse sur la Modernité ni celle sur la Révolution conservatrice, pour moi ce sont des concepts creux, vides, mais chacun a son vocabulaire et ses analyses. j’admets celles de Buisson. Elles ont un mérite en termes de Com.

François « Fillon a fait une campagne qui n’est pas celle de Nicolas Sarkozy, moins triviale moins brutale, et qui est une campagne de transgression des tabous », a-t-il ajouté. « Fillon assume une droite conservatrice ».

Pour Patrick Buisson, « Juppé sera très probablement battu dimanche soir, il représentait cette tradition de cette droite qui ne s’assume pas et c’est pour ça que dans l’histoire des idées c’est un moment historique ».

Mon analyse est que Buisson fait une projection sur Fillon et qu’il veut voir en lui  ce  qu’il souhaite lui même.  Et c’est pour cela bien sûr qu’il est  conduit à le soutenir. Ce soutien procède plus de ce que Buisson « met » dans  Fillon que de ce que représente Fillon réellement.  L’avantage est que la légitimité de Fillon si il l’emporte, viendra d’en bas.

Au plan électoral, nous disons bien électoral, il y avait une place vacante entre Juppé et le Front National,  c’était d’ailleurs le seul espace disponible, Sarkozy a essayé de le prendre mais sans constance, velleitairement, donc sans crédibilité et Fillon a su l’occuper, inspirer confiance et adhésion.Ce n’est pas un hasard si Sarkozy s’est désisté en faveur de Fillon, ils étaient sur des lignes voisines donc naturellement complémentaires.

Juppé n’est ni moderne ni ringard. Il est ailleurs, il est administrateur, social démocrate, radical du centre, et surtout européiste. Le vrai trio juppéiste c’est Juppé, Raffarin, Barnier . Et cela se sent, cela se touche du doigt. Même si Barnier est en retrait dans la coulisse. La légitimité du trio vient d’en haut.

Selon un sondage Ifop-Fiducial pour iTELE, Paris Match et Sud Radio publié mercredi, François Fillon battrait Alain Juppé avec 65% des voix au second tour de la primaire de la droite et du centre dimanche.

L’affrontement entre les deux anciens Premiers ministres a tourné au pugilat depuis la qualification surprise de François Fillon dimanche dernier et la contre-performance du maire de Bordeaux.

Alain Juppé dénonce la « brutalité sociale » du programme de son concurrent et l’attaque sur les questions sociétales. François Fillon oppose quant à lui son « audace » à la frilosité présumée de son adversaire.

 

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