Hollande abdique, pistes d’analyse. Du « plaire » au « faire »

Son chant du départ aurait pu avoir quelque chose de grand, il aurait pu sortir par le haut, par la grande porte. Il est sorti comme il est entré, par le mensonge et l’enfumage. Son message de justification avait quelque chose de pathétique. On attendait une sortie Française, pas socialiste.

Dommage je me serais presque laissé aller à un peu d’empathie.

Je reproche à Hollande de n’avoir pas profité de ces derniers instants présidentiels pour enfin dire la Vérité. La vérité , c’est le plus beau legs que quelqu’un puisse faire en quittant la scène. Surtout à son pays. Le moment était solennel, propre à toutes les explications, ce qu’il pouvait dire, enfin, à ce moment là  serait resté gravé dans toutes les mémoires. Alors que nous  attendions une parole de vérité,  nous avons eu un piètre plaidoyer pleurnichard. Au lieu d’une envolée,  nous avons récolté de la basse politique politicienne. Non ce n’est pas courageux, messieurs les concurrents présidentiables, c’est le contraire, vous avez flagorné en qualifiant sa décision de courageuse. C’est la queue basse de honte que Hollande s’en va.

Il a encore menti sur les raisons de  sa non présentation, tout le monde sait que les raisons avancées sont fausses, il ne s’est pas présenté parce que d’autres, Macron, Valls et Montebourg ont pris la place qu’il a cru lui être réservée. Aucune vision de  l’intérêt général dans cette décision, simplement le constat d’ une erreur tactique, une de plus.

Une tactique défaillante et un pari naïf: Hollande a cru jusqu’au bout que le temps allait jouer pour lui, qu’il allait pouvoir engranger des résultats de ses actions et que les résultats à la fois justifieraient ses reniements et en même temps lui serviraient de tremplin. Il a joué sur la mémoire courte des Français mais en même temps il s’est trompé sur le facteur « temps ». L’art de la gestion du temps est  l’une des qualités les plus rares, c’est presque la marque du génie et Hollande est tout sauf un génie. La compétition au sein du parti socialiste  est trop faible pour faire émerger des génies!

A force d’être sélectionnée par défaut, la classe politique française, n’est plus au niveau.

Hollande a échoué pour plusieurs raisons.

La première est que Hollande n’a aucun diagnostic personnel de la situation, il est resté prisonnier des apparences et des discours dominants , aucune vision personnelle; faute d’un diagnostic et d’une conviction fermes , les actions entreprises n’ont jamais eu de cohérence, de puissance et d’effet d’entraînement.

Ce que l’on a fait d’un côté pour l’économie par exemple, on l’a défait de l’autre au niveau des agents  économiques . Hollande comme tous les socio-démocrates rêve de pouvoir avoir une économie riche tout en appauvrissant les hommes, ceux qui en sont les moteurs.

C’est la névrose de l’abstraction. La névrose socialiste du sacrifice, tout son régime a été fondé non sur la joie, la conquête, sur le « en avant », non son régime a été fondé sur le triste sacrifice, sur la culpabilité, la mortification, la flagellation! Ah les plaques commémoratives! Il  a oublié le moteur de l’activité économique, de l’effort, de l’investissement et de  l’innovation, ce moteur ne sera jamais rien d’autre que le fameux « enrichissez vous  » de Guizot.

Hollande a joué l’économie abstraite, la macro économie, les agrégats, le Medef , il fallait jouer les acteurs de l’économie, pas les zombies et les ombres. Il a joué le « haut » contre le « bas », sans  comprendre que le « haut » tournait à vide, qu’il moulinait et ne représentait rien.

Au lieu de prendre appui sur le peuple d’en bas, il a voulu lui tordre le bras, l’éduquer, le rééduquer avec l’aide des pseudo corps constitués qui, depuis longtemps, ne représentent plus les forces actives, les forces de vie .

Hollande a choisi les mauvaises alliances, celles avec les pseudo élites, les banquiers, les européistes, Bruxelles,  les Allemands,   contre le peuple. Hollande n’a pas compris , tout comme ceux qui constituent la classe polico-jacassante, que le monde d’en haut tourne à vide, il n’y a pas d’ embrayage. Et  il n’y a pas embrayage parce que ce que l’on veut faire faire aux Français ne correspond pas à ce qu’ils souhaitent . Fillon aura exactement le même problème et il sera obligé de tomber dans l’étatisme, cela se voit déjà.

 Les actions engagées consistaient à faire virer un paquebot, un paquebot qui structurellement, historiquement,  allait dans une certaine direction, néfaste, avec une vitesse acquise et une grande inertie emmagasinées.

Le facteur « temps et vitesse » est déterminant quand on veut faire virer un tel paquebot. Par ailleurs il faut y mettre le paquet pour modifier l’impulsion, il y a des seuils qu’il faut dépasser pour avoir une efficacité minimum.

Cette  question des  minimum et des ruptures, et des « tout ou rien » est étrangère à la culture des fonctionnaires, des experts, des enanistes  et des politiciens qui les suivent; eux, tous ces gens raisonnent en gradualisme, en petits pas, en petits optimum quotidiens de Pareto, comme si tout dans le réel était linéaire, dérivable. Or cela est faux le réel c’est un ensemble d ‘effets de seuils , un ensemble de  choix douloureux, de deuils. On n’ est jamais pucellle à moitié, on n’est jamais mort à moitié.  Le monde des fonctionnaires et le monde politique ne savent plus choisir, faire leur deuil, car ce sont des enfants. Des enfants qui vivent à nos crochets, nous les « parents » qui nous coltinons le réel, nous qui sommes les tiers payants de tout.

Au moment où Hollande  a changé de politique, pour son fameux nègre blanc du socialisme de l’offre, l’ensemble des éléments négatifs de la première partie de son  quinquennat n’étaient pas épuisés, la France était sur la mauvaise pente,  savonnée par les premières décisions et il fallait un certain temps pour en épuiser les effets négatifs initiaux. Hollande ne l’a visiblement pas compris, il a décidé  des actions dont l’entrée en résultats allait être longue, lente alors qu’il avait des besoins de résultats courts! Il est parti comme je le dis souvent en short au pôle nord, il a joué « long » pour un résultat « court ». Il s’est planté. Et comme il s’est planté il a essayé de s’en tirer par des mensonges peu crédibles, comme sur l’emploi. Tous les chefs d’entreprise  connaissent ce problème du décalage entre l’action et les résultats attendus,  mais Hollande n’a jamais rien géré d’autre que sa carrière.

Hollande a cru à la magie, il a cru qu’il suffisait de claquer dans les doigts pour remonter la pente au lieu de la descendre. Hélas, remonter est beaucoup plus difficile, coûteux et lent que descendre. La gestion du réel ne consiste pas à persuader des militants ou des électeurs, il faut viser juste, pas seulement impressionner. C’est toute la différence entre une culture du « plaire » et une expérience du « faire ».

Il est encore temps pour Hollande de rattraper sa sortie calamiteuse et il rendrait service aux Français en le tentant. Son aveu sur la déchéance de nationalité est exactement le contraire de ce qu’il faut faire, c’est un aveu qui mélange tout et égare les Français car l’important est ailleurs. Cet aveu n’est pas un coup d’éclat, c’est  un plouf, un pet honteux. Ce serait une oeuvre de salut public que de baliser, que d’éclairer le terrain que ses successeurs vont trouver et tenter d’occuper. C’est le moment de sortir du flou.

Hollande a fait des choses, posé des jalons et c’est à lui de les détailler honnêtement pour ceux qui vont voter l’an prochain et pour ceux qui vont lui succéder. Il doit faire ressortir ses réalisations, montrer pourquoi il n’a pas pu aller plus loin, ou et quand il s’est égaré, ou sont les limites, comment on peut les repousser. Il a ébauché des actions qui ne sont pas toutes négatives, des actions dont le vice est surtout l’insuffisance. Il a pris des demi mesures. Presque tous azimuts.

Pour un observateur bien intentionné, le quinquennat de Hollande est un mouvement, une dialectique, un jeu de forces de sens contraires,  avec du positif et du négatif. A lui de démêler le « plus « du « moins ».

 

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