Anis Amri filmé devant une salle de prière à Berlin : « Tout le monde savait que c’étaient des salafistes mais personne n’osait le dire »


Le terroriste a pu aller à sa salle de prière et franchir deux frontières sensibles sans être inquiété.
Un voisin de la salle de prière à Berlin devant laquelle Anis Amri a été filmé après l’attentat.
C‘est un document précieux. Anis Amri a bien été filmé par des caméras de surveillance de la police devant une salle de prière de la rue Perleberger dans le quartier Moabit au cours de la nuit qui a suivi l’attaque sur le marché de Noël, lundi 19 décembre. Et pour cause, ce lieu se situe pile en face de l’unité 33 de lutte contre la criminalité de la police berlinoise.
Les images, révélées par la télévision RBB, montrent le tueur au camion entre 3h25 et 3h35, bonnet enfoncé sur les yeux, en train de consulter un téléphone devant le local d’une association islamiste. « Tout le monde le savait ici que c’était un groupe salafiste. Ça se murmurait tout bas, mais personne n’osait le dire. On voyait arriver des hommes jeunes, la trentaine maximum, tous barbus, qui allaient et venaient. Ils ne se mélangeaient jamais aux autres résidents de l’immeuble. Ils passaient la nuit sur place et repartaient. Lui, je ne m’en souviens pas », témoigne Efe Baraykli, 42 ans, le patron d’une petite société de taxis qui habite juste au-dessus de la salle de prière dont la porte a été fracassée par la police lors d’une perquisition jeudi.
Avant 2014, c’était une mosquée, mais l’association qui la gérait s’est dissoute et les locaux ont été repris par un groupuscule salafiste. En 2015, deux personnes ont été arrêtées ici par les services de renseignement.
« Des minibus déposaient ces hommes. Ils venaient de toute l’Allemagne », avait pris soin de noter Efe. L’entrepreneur a remarqué « la présence de Tchétchènes, d’Afghans, de Daghestanais, mais aussi d’Irakiens et de Turcs ». « Ils mangeaient sur place, dormaient sur les tapis de l’ancienne mosquée et disparaissaient. Ce n’était jamais les mêmes. Il y avait aussi parmi eux de jeunes Allemands convertis », se souvient Efe. « Tous les jours, entre dix et quinze personnes séjournaient ici, dans le calme. Ils vivaient entre eux et cloisonnés. J’ai vu, plus rarement, des femmes qui apportaient des repas et repartaient aussitôt », raconte Efe.
Complicités, révélations tardives
Les forces de sécurité tunisiennes ont arrêté trois personnes liées à Anis Amri, l’auteur présumé de l’attaque au camion-bélier qui a fait 12 morts sur un marché de Noël lundi dernier à Berlin, annonce samedi le ministère de l’Intérieur.
Un neveu d’Anis Amri figure parmi ces trois hommes qui étaient en contact avec le suspect via les messageries des réseaux sociaux. Anis Amri, un Tunisien âgé de 24 ans, a été abattu vendredi par la police italienne après avoir sorti une arme durant un contrôle de routine près de Milan.
En Espagne, les services de renseignement enquêtent sur un possible lien via internet entre Anis Amri et un résident espagnol le 19 décembre, jour de l’attentat, a dit le ministre de l’Intérieur Juan Ignacio Zoido samedi à la radio COPE.
Une vidéo diffusée après la mort d’Anis Amri montre ce dernier prêtant allégeance au chef de l’organisation djihadiste Etat islamique, Abou Bakr Al Baghdadi.