L’union Européenne rapproche les peuples, n’est ce pas? La gestion par le mépris est méprisable.

Le chef de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a refusé mardi de présenter ses excuses devant les eurodéputés pour des propos incroyablement désobligeants à l’encontre de pays du sud de la zone euro, tenus la veille dans un journal allemand.

Dans un  entretien paru lundi dans le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, Dijsselbloem avait déclaré : « Dans la crise de l’euro, les pays du nord de la zone euro se sont montrés solidaires des pays en crise ».« Pour moi, social-démocrate, je pense que la solidarité est extrêmement importante. Mais celui qui la réclame a aussi des devoirs. Je ne peux pas dépenser tout mon argent pour le schnaps et les femmes et ensuite réclamer leur soutien », avait-il ajouté. 

Cette remarque d’un dirigeant des pays dits du Nord n’est pas insignifiante. Elle témoigne:

-de l’état d’esprit réel, profond de ces pays à notre égard, au delà du politiquement correct. C’est toujours important de soulever les voiles et de montrer ce qui se cache en dessous

-d’un mépris colossal pour un mode de vie, une culture , une civilisation. Les conditions de vie des pays du sud, le climat, l’histoire ont fait que ces pays sont ce qu’ils sont et ils ne sont ni mieux ni moins bien que ceux du Nord: ils sont différents et ont le droit de l’être

-de l’imbécillité de Dijssellbloem: il est incapable se situer dans une perspective européenne, il se place comme national. Ceci implique que dans les discussions à l’Eurogroupe , il ne peut prendre le point de vue de l’intérêt général de l’Union, il défend obligatoirement son petit intérêt.

-Sur la question de la solidarité, notre Hollandais a tout faux, car c’est l’intérêt égoïste de l’Union de faire semblant de faire preuve de « solidarité ». Toutes les simulations économiques montrent que la croissance globale de l’Union est plus forte en manifestant de la solidarité par des transferts qu’en n’en manifestant pas .

-Ce n’est pas de la charité, c’est de l’interêt bien compris. C’est le sens profond du keynesianisme que de reconnaitre qu’en pratiquant des transferts; la richesse globle s’élève plus vite qu’en n’en pratiquant pas. Ce n’est pas de la charité, mais du calcul.

-Dijsselbloem raisonne comme un tambour, comme le sinistre juriste Schauble d’ailleurs. Ils n’ont rien compris et en particulier que nous sommes dans un système et un système, c’est un tout. Chaque pièce a sa fonction y compris celles qui semblent inutiles ou négatives. La plus grosse erreur, la plus coûteuse,  de la gestion de l’Union a été de ne pas venir en aide à la Grèce dès 2010, ce fut une connerie sans nom à cause de Merkel. On en est à 350 voire 450 milliards d’ardoise alors que 35 milliards auraient  suffit pour faire tenir la bicyclette grecque.

-Comment les pays excédentaires vendraient ils leurs produits si il n’y avait pas des pays déficitaires imbéciles pour les acheter?  La notion de coût de création de  la demande échappe à notre malheureux batave. Il n’a rien compris au fonctionnement des économies modernes, elles fonctionnent sur les déséquilibres et le recyclage. Les élites des pays du Nord  en sont encore à considérer que les économies des pays fonctionnent comme de ménages ou des villages.

punir , n’est pas une méthode de gestion, mépriser encore moins. Les pays du Nord sont heureux de venir s’encanailler, boire des bières,  du vin et chercher des femmes, se comporter comme des porcs   dans les pays du sud, mais chut , il ne faut pas le dire. Les pays du Nord sont bien contents d’importer les femmes des pays du sud dans leurs bordels qui comme par hasard sont institutionnalisés, autorisés et reconnus par l’état. 

L’Union en Europe fonctionne sur l’hypocrise et la compromission des élites du sud qui acceptent de collaborer.

Dijsselbloem refuse de s’excuser ce qui est un comble. »Non, certainement pas », a répondu  Dijsselbloem, également ministre néerlandais des Finances, à un député européen qui lui demandait des excuses, au cours d’une audition devant une commission parlementaire.

« Ces propos sont regrettables », lui a lancé mardi l’eurodéputé écologiste espagnol Ernest Urtasun. « Peut-être est-ce drôle pour vous, mais moi je ne pense pas que ça le soit ».

« Cette remarque visait à être totalement clair sur ce que la solidarité signifie pour moi », a expliqué le président de l’Eurogroupe, l’institution qui réunit les 19 ministres des Finances des pays ayant adopté la monnaie unique, réitérant ce message à plusieurs reprises.

L’Espagnol Gabriel Mato (PPE, droite) a estimé au cours des débats que M. Dijsselbloem avait perdu sa « neutralité » et sa « crédibilité ». « Je pense que c’est un commentaire malheureux, autant sur la forme que sur le fond », avait déjà regretté dans la matinée le ministre espagnol de l’Economie Luis de Guindos.

M. Dijsselbloem perdra dans les prochaines mois son poste de ministre des Finances après la déroute historique de son Parti travailliste aux dernières législatives aux Pays-Bas, mais son mandat à la tête de l’Eurogroupe court jusqu’au 1er janvier 2018.

« Je me demande vraiment comment une personne avec de telles convictions peut encore être considérée comme apte à être président de l’Eurogroupe », a pour sa part estimé le chef du groupe Socialistes et Démocrates au Parlement européen, l’Italien Gianni Pitella, jugeant ses propos « honteux », « choquants » et « discriminatoires à l’égard des pays du sud de l’Europe ».

Le ministre des Affaires étrangères du Portugal, le socialiste Augusto Santos Silva, a jugé lors d’un déplacement à Washington « absolument inacceptables » les propos de M. Dijsselbloem, estimant qu’il n’était « pas en condition de rester à la tête de l’Eurogroupe ».

5 réflexions sur “L’union Européenne rapproche les peuples, n’est ce pas? La gestion par le mépris est méprisable.

  1. Monsieur Bertez bonjour,
    Vous écrivez:  » La plus grosse erreur, la plus coûteuse, de la gestion de l’Union a été de ne pas venir en aide à la Grèce dès 2010, ce fut une connerie sans nom à cause de Merkel. On en est à 350 voire 450 milliards d’ardoise alors que 35 milliards auraient suffit pour faire tenir la bicyclette grecque. »
    Je suis tout à fait d’ accord avec vous sur la connerie, mais pouvez vous donner une explication de 35 milliards (somme suffisante?) pour le sauvetage de mon pays?
    Merci d’ avance
    Koukoufikis I.

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    1. Relisez l’actualité de l’époque et également l’ouvrage de Varoufakis « et les faibles subissent ce qu’ils doivent ». J’avais moi même écrit à cette époque sur ce sujet avec les mêmes chiffres. Ce qui a tout fait basculer, c’est l’imbécilité de Merkel quand elle a persuadé Sarkozy de faire la PSI c’est à dire de faire participer le secteur privé aux pertes. Elle a fait tomber la bicyclette. Elle a détruit le caractere « sacré » des dettes des gouvernements et alors tout s’est effondré et ensuite bloqué.

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  2. Ils nous préparent à leur UE à 2 vitesses : Nord et Sud, c’est leur nouveau marronnier.
    Mais est-ce qu’ils comprennent que cela confirme simplement l’échec de leur UE et de leur monnaie unique ?

    Par ailleurs, il est effectivement important de souligner cette morgue et ce mépris typiquement germanique face à des gens perçus comme plus faibles (Dijsselbloem est un allemand déguisé en néerlandais). Les masques tombent.

    Vouloir comme Fillon, Hamon ou Macron se soumettre à ces gens est suicidaire.

    Il ne sera jamais question de transfert budgétaire ou d’égalité au sein de cette UE sous domination allemande, par construction et par nature c’est impossible.

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    1. L’UE à deux vitesses n’est pas un projet en tant que tel: c’est une menace contre les plus faibles, un moyen de leur tordre le bras en leur disant: si vous ne pliez pas, vous allez être relégués. Les statuts de l’UE ne permettent pas les exclusions. Personne ne voudra être dans « l’écorce »,comme le dit Védrine, à la peripherie de l’Union.

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