Après les promesses de cadeaux, l’addition, l’erreur de nos zozos

Les déficits dans le viseur des nouveaux ministres de Bercy.
Le Maire et  Darmanin ont pris possession de leurs bureaux  mercredi en insistant sur la nécessité pour la France de tenir ses engagements européens en matière de baisse du déficit public.

Les deux nouveaux ministres – de l’Economie et des Finances pour le premier, de l’Action et des comptes publics pour le second – ont donné le ton de leur action future quelques heures après leur nomination dans le gouvernement d’Edouard Philippe.

Comme Macron en début de semaine,  Le Maire a annoncé que son premier déplacement serait à Berlin lundi, pour des entretiens avec son homologue allemand Wolfgang Schäuble, avec qui il se rendra dans la foulée à Bruxelles pour une réunion de l’Eurogroupe.

La visite en Allemagne a pour objet de « discuter de l’avenir de la construction européenne et des moyens de donner une véritable impulsion, concrète, nouvelle, à l’intégration de la zone euro. »

« Je suis sûr qu’ensemble nous ferons du bon travail », a-t-il dit, ajoutant aussitôt : « Ce bon travail, il suppose que la France tienne ses comptes publics et qu’elle tienne ses engagements vis-à-vis de ses partenaires européens ».

« (Il faut) que la nation française arrête de dépenser plus d’argent qu’elle n’en gagne et de dépenser plus de richesse qu’elle ne parvient à en créer. C’est ce qui nous permettra de retrouver de la puissance économique et de la crédibilité politique aux yeux de nos partenaires », a souligné Le Maire.

Le transfuge récite ainsi la règle numéro un de l’ordo-libéralisme (faux libéralisme)  Allemand, lequel est fondé sur des règles qui assimilent un Etat à un ménage. Le ménage français dépense trop et vit au dessus de ses moyens. C’est le credo de Schauble qui n’a toujours pas compris ou admis que les excédents des uns (l’Allemagne) ont pour contrepartie systémique les déficits des autres ( la France) et que c’est ainsi que le monde fonctionne depuis la mise en place du système monétaire dit Bretton Woods II fondé sur le recyclage.

L’Allemagne est une enclave qui fonctionnne dans un système vaste, le système mondial , en en refusant le mode de fonctionnement:  le recyclage et la monnaie globale créée par la monétisation/recyclage  des déficits. Le monde fonctionne sur le paradoxe du joueur de billes si bien analysé par jacques Rueff.

La France s’est engagée à ramener cette année son déficit public sous 3% de sa richesse nationale, soit 0,4 point de moins qu’en 2016, un objectif auquel la Commission européenne croit tout juste.

Gérald Darmanin a déclaré de son côté que la feuille de route des nouveaux locataires de Bercy était « toute claire : nous devons rassurer nos partenaires européens ».

Bref ils vont gouverner la France non pour les Français mais pour le compte de l’étranger.

Ce qui frappe, c’est la similitude des discours , il n’y a aucune différence entre ceux qu’ils peuvent tenir et celui qu’aurait tenu Fillon ou Sarkozy ou encore Juppé.

Pourquoi? Parce que la pensée dominante … domine!

Le débat sur le bien fondé des choix européens est interdit alors que le monde anglo-saxon donne l’exemple de choix radicalement opposés, le monde anglo saxon impose une dérive globale.

Les choix européens ne sont bons que pour l’Allemagne et le bloc allemand.

Dans un monde qui a choisi le déficit spending et l’inflationnisme à l’anglo-saxonne, l’ordo-libéralisme et la rigueur nous condamnent, ils ne servent que ceux qui sont au « top ».  L’ordo-libéralisme allemand équivaut , pour nous , à monter sur le ring pour affronter des poids lourds alors que nous ne nous sommes pas assez entrainés d’une part et que nous ne sommes que des poids moyens d’autre part.

La France ne  peut se redresser dans ce cadre car:

-la parité monétaire n’est pas celle qui nous convient

-le surproduit pour investir est trop réduit, amputé par le coût d’entretien  des poids morts,  des traînards et des marginaux; on ne peut assister, répartir et investir!

-la rentabilité, la profitabilité du capital ne sont  pas assez élevées et le capital boude dans un monde de libre circulation des capitaux

-l’Allemagne préfère piller notre demande et nous faire consommer ses produits plutôt qui de nous aider à relever les défis et mettre ses capitaux/excédents à notre disposition à un coût préférentiel

-la société française est disloquée et éclatée par suite de l’inégalité dans la répartition des efforts demandés .

L’oeuvre de redressement est possible, nécessaire, mais les moyens à mettre en oeuvre pour y parvenir sont à l’opposé total de ceux que la pensée dominante préconise. Et ce n’est pas être rétrograde, extrémiste ou ringard qu’oser le détailler. Pourquoi? Parce que ces moyens sont ceux qui sont utilisées par les grands, par ceux qui font l’ordre du monde, en particulier le système monétaire et la hiérarchie des valeurs mondiales, par ceux qui imposent les règles du jeu: les anglo-saxons.

Les zozos qui sont allés à la soupe recommencent les erreurs du « redressement » par les méthodes des années 30, le bloc-or et autres scélératesses.

Cette fois, ce qu’ils veulent défendre, c’est l’épargne allemande, de ses vieux, de ses retraités.

Ils en espèrent les miettes.. pour nos propres rentiers. 

 

3 réflexions sur “Après les promesses de cadeaux, l’addition, l’erreur de nos zozos

  1. Je termine la lecture de vos trois derniers billets sur la situation française. C’est finalement la situation d’une population en voie d’euthanasie lente, l’opium des transferts sociaux tenant lieu de soins palliatifs.

    Et vu du bas de la chaîne alimentaire économique, le krill français a bien compris implicitement que matériellement, le prix de sa soumission ou de sa pleine souveraineté serait à peu près équivalent. Alors, pourquoi se battre, si le résultat est le même ?

    Ne reste alors comme corde de rappel de notre liberté collective que ce qui est immatériel, je veux parler de la langue, de la culture, de la tradition historique, de la fierté nationale. Bref tout ce que nos élites s’acharnent consciencieusement à détruire (ce n’est pas un hasard).

    Je vois quand même quelques raisons de ne pas sombrer dans le pessimisme total.

    Il existe encore des poches de résistance : la famille où la transmission de certaines valeurs peut encore s’opérer (d’où tous les efforts pour la déstructurer matériellement et symboliquement), certaines classes ont encore conscience d’elles-mêmes (vous citez les ouvriers) et peut être que le temps n’est plus très éloigné où les vrais producteurs de richesse ayant baissé les bras, les « takers » et les klepto seront bien obligés de changer d’âne ou de lui laisser quand même un peu de sang pour perpétuer le prélèvement.

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