Editorial Le niveau vertigineux des prix des actifs, aucun mystère

Il y a des naïfs qui font semblant de s’étonner du niveau du prix des actifs dans le monde, des taux d’intérêt faibles et de la volatilité dérisoire.  Ce qui est étonnant, c’est que l’on puisse s’étonner et même se poser des questions.

Si les prix sont élevés, c’est parce qu’il y a des acheteurs, plus d’acheteurs que de vendeurs. Et plus précisément des acheteurs qui se moquent du prix, qui n’ont pas une motivation fondée sur la rentabilité ou même la valorisation. Au niveau de ce que l’on peut appeler le « portefeuille mondial », concept utilisé par Bernanke, les acheteurs échangent des liquidités, de la monnaie ou de la quasi monnaie qui ne rapportent rien contre un actif, des actifs qui rapportent un peu, même si cela rapporte de moins en moins. Ceux qui ont envie de progresser dans ces domaines se reporteront aux travaux de Markowitz et de Rudiger Dornbush.

Nous ne cessons de répéter une évidence, qui crève tellement les yeux que personne n’y fait attention: quand on achète un actif, on procède à l’échange de monnaie, de cash contre quelque chose et les prix qui en découlent sont des prix relatifs, prix de l’actif contre de la monnaie et/mais inversement prix de la monnaie exprimé en actif. L’équivalence est réversible, symétrique et la hausse des cours, le niveau des prix des actifs exprime aussi bien la rareté des actifs que la surabondance de la monnaie.

Si la monnaie est surabondante, elle se déprécie, elle se dévalorise en regard des actifs et c’est ainsi qu’il faut comprendre la hausse du prix des actifs du portefeuille mondial. Le niveau relatif des prix des actifs et de la monnaie exprime la rareté relative de l’un à l’autre dans les deux sens.

Tout ceci semble paradoxal mais logique puisque l’ensemble de la monnaie, des actifs quasi-monétaire ou money-like est homogène. Les différences ne sont que de rendement, liquidité, volatilité/risque depuis que l’on a assimilé le risque à la volatilité. C’est un univers (de papier) , un ensemble homogène construit ainsi par les banques centrales, par leurs théoriciens. Construction qui leur a donné le pouvoir de faire plus que piloter les marchés, le pouvoir de, pour ainsi dire, fixer leur niveau. Pour ce faire il suffit de régler le débit monétaire, de déterminer  la taille optimum de leur  bilan.

Toutes les ratiocinations sur le « cette fois c’est différent », toutes les contorsions intellectuelles sont vaines et inutiles , la seule chose qui compte c’est la taille du bilan agrégé des banques centrales mondiales! C’est le montant d ‘actifs financiers qu’elles achètent!

Les banques centrales ont acheté 1 trillion d’actifs financiers au cours des 4 premiers mois de 2017 mettant leur actif à 14,6 trillions. Selon la BofA, ce total de bilan est passé maintenant à 15,1 trillions ce qui signifie que le volume des achats de titres est passé à 1,5 trillions! Les banques centrales achètent des actifs financiers du portefeuille mondial au rythme de 300 milliards de dollars  par mois! Ce chiffre est encore supérieur aux 200 milliards que l’on citait habituellement.

L’ironie de la situation est que depuis des semaines on parle de normalisation, de hausse des taux, de réduction de la taille du bilan des banques centrales alors qu’en fait concrètement, réellement, ce qui se passe c’est l’inverse!  Elles l’ont encore accru au delà des estimations.

Les anticipations,  les propos, les commentaires se révèlent ainsi bien moins efficients que la réalité constituée d’opérations que l’on peut considérer comme sonnantes et trébuchantes . Ce qui compte c’est le réel, c’est le poids, et ce qui fait léviter les marchés, ce n’est pas l’exubérance ou la magie de la tendance ou du momentum, non! C’est l’argent que les banques centrales y injectent. Comme le dit la sagesse, sur le court terme les marchés sont une machine à voter; sur la durée ce sont des machines à peser.

Que ceux qui croient aux miracles, c’est à dire à la possibilité pour les banques centrales de normaliser sérieusement leur politique monétaire sans dégâts pour les marchés financiers, encadrent ce texte et le relisent régulièrement, il leur sera utile.

Les estimations de la BofA: 1,5 trillion!

Des liquidités « en veux tu  en voila »! La Deutsche Bank était plus modeste

Et la conséquence  Du « en veux -tu en voila »: l’envolée des FAANG! Le tout très étroitement corrélé.

2 réflexions sur “Editorial Le niveau vertigineux des prix des actifs, aucun mystère

  1. oui,il faut que les gens comprennent que l’argent est une convention sociale,une quantite qui sert a piloter le systeme sans trop de heurt bref un outil. et que comme tous les outils on peut « mal » s’en servir et ce,d’une facon involontaire ou d’une facon deliberee . »mal » s’en servir s’agissant de la monnaie veut dire s’approprier son usage,s’en servir pour obtenir un avantage dans les contrats (j’achete ce que je veux et je m’en foo des prix puisque je cree autant d’argent que je veux) alors qu’il est cense etre « neutre » et profiter a tous.

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  2. Hélas pour la majorité des gens la mère de toutes les escroqueries, la number one, la big one, celle dont on peut dire Weimar en a rêvé, ils l’ont fait, ce rêve des alchimistes ne les effleurent pas ou bien ils vous prennent pour un fou si vous faites l’effort d’expliquer…L’invisible Armada des banques centrales finira en Armageddon.

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