Pour grands que soient les rois… ils sont ce que nous sommes

Réponse d’intérêt général au lecteur Jean François, son texte est en pied d’article ci dessous. 

Votre synthèse est imagée. Elle est intéressante. J’aimerai pouvoir m’y consacrer et y répondre point par point.

Hélas ce n’est pas ma méthode de travail car je me refuse à gloser; ma méthode est journalistique en ce sens que je pars du réel constitué par l’actualité , je l’analyse, je l’intègre dans mon cadre de pensée, dans mon « narrative » , dans mon « livre » si vous preférez, et j’essaie à partir de là de lui donner sens dans l’ensemble, dans le Tout. Dans le fameux « Tout  » de Jean Bodin qui est mon guide.

Un jour je developperai cette notion et cette discipline du Tout, mais ce n’est pas le moment. Par petites touches cependant je l’expose et elle découle en suggestion, en filigrane  de mes écrits. Par exemple je ne traite pas  d’économie ou de finance, je traite d ‘économie politique.

Vous touchez du doigt le Tout de façon caricaturale dans la théorie du Chaos, un battement d’aile de papillon peut déclencher une catastrophe, un sinistre, une guerre. Le fait que le chauffeur de l’archiduc Franz Ferdinand se soit trompé de route, ait fait un demi tour inopportun et permis que l’assassinat raté devienne un vrai assassinat réussi est un battement d’aile de papillon qui a debouché, par une chaine logique, organique, interne à la situation, a débouché sur la guerre mondiale.

L’esprit analytique sépare, scinde et présente des facettes du réel et ce faisant il escamote le Tout, le sens, le mouvement historique de l’ensemble lui échappe. L’ENA est le lieu ou se transmet la science de l’analyse, de la séparation, qui permettent  d‘escamoter le Tout, les finalités, les causes, les agendas, les conséquences non voulues…

Nous habitons un monde de signes, écrits, paroles, pensées, chiffres, marchés, etc. En dernier ressort ce que nous appelons notre « moi », notre « je » est un ensemble de signes, un agencement de signes opéré en fonction de notre histoire, une combinatoire unique de signes dont nous réalisons l’unité par notre pratique de la vie. Les couches les plus ultimes de ce qui nous constitue sont un langage et structurées comme un langage. Notre inconscient est un langage et structuré comme tel avec les empreintes de notre histoire.. Donc à ce titre nous ne pouvons échapper à notre prison constituée de signes. Mais ces signes, l’agencement de ces signes, ces théories peuvent être plus ou moins efficaces dans leur façon de refleter la réalité. Certes il y a toujours un biais qui fait que nous vivons dans un monde ou la connaissance est imparfaite, ce qui fait que la vérité n’est pas une donnée, une évidence mais un travail, un processus asymptotique pour s’en approcher. Mais la réference au Vrai et à la connaissance sont essentiels.

Le monde moderne se caractérise par un franchissement, un saut: il dit puisque nous sommes toujours prisonniers, enfermés dans l’univers des signes, alors l’absolu n’existe pas, il n’y a pas d’en-soi, il n’y a pas de vérite, pas de réferent, et tout est relatif. Le monde moderne sépare l’ombre du corps il autonomise le monde des signes. Il tue Dieu ou le Grand Architecte ou le Symbolique. Et l’Etre Suprème de Saint Just est remplacé par l’homme (La Terreur) , pas n’importe quel homme: par le maître, par celui qui domine, par le Maître. Le monde moderne disjoint, c’est ainsi que fonctionne par exemple la Propagande. La Propagande c’est un univers de signes agencés de façon apparemment cohérente qui en réalité ne renvoie qu’au désir de celui qui manipule.

La disjonction, le relativisme, l’idéologie moderniste, c’est un basculement qui prend une allure scientifique ou philosophique mais qui est dans son saut, dans sa séquence, idéologique. Ce saut nous fait entrer dans ce que j’appelle une sorte de névrose sociale ou le discours, le « narrative » ne refletent plus le réel, mais un réel tordu par la torsion, par le biais qu’y introduisent les dominants, ceux qui gèrent le discours social. Par construction on peut dire que ceux qui ont ainsi disjoint le discours de son sous jacent, le réel, par construction on peut dire qu’ils véhiculent une vision, une conception du monde conforme à leur interêt c’est à dire conforme à l’ordre social qui leur convient. Ils remplacent Dieu ou le Grand Architecte ou le Logos, ou le Verbe ou le Tout Puissant; et à ce titre ils imposent , fut-ce à leur insu un monde qui n’a plus de point d’ancrage, un monde qui est une bulle, un monde qui lévite, ou tout est possible car la parole névrotique est toute puissante.

De tous temps, les maîtres se sont fait passer pour ceux qui détenaient le pouvoir de gérer les mystères, ce sont les sujets qui Savent.

Cette parole du maitre, parole des dominants impose la croyance à leur toute puissance et nie la finitude, les limites. Il n’y a pas de limite à l’intérieur de ce monde là. On flirte avec la magie.

Et pour répondre à votre question finale, il n’y a pas de limite aux endettements, on peut toujours repousser, reculer les échéances. A condition de rester à l’intérieur de ce monde! Il faut rejeter les mécréants, les adeptes de Marine et de Mélenchon. Il faut continuer à prendre la pilule de Matrix. On peut le faire tant qu ‘il y a des gens qui acceptent le papier qui est sous hacent à toute dette, le papier monétaire, tant que les gens admettent que les dettes sont bonnes comme de la monnaie et sont money-like. La similitude entre le papier monnaie et la parole est frappante: on accepte le papier comme on accepte la parole et l’adage dit la parole est d ‘argent, c’est à dire promesse.. Mais ceci ne tient que si les money-like ne partent pas à la recherche de leur contrevaleur réelle en biens et services. Bref si on n’exige pas que les promesses soient tenues. Partir à la recherche de sa contrevaleur en biens et services c’est en termes techniques accélérer la vitesse de rotation de la monnaie, accélérer son usage. Si les money-like partaient à la recherche de leur contrevalaur, alors la rareté de ces biens, leur caractère rare finiraient par ressortir et ce serait la Reconcialiation qui n’est rien d ‘autre que la démonstration, la reconnaissance de la rareté du monde. La Reconcialiation c’est l’opération par laquelle le monde réel dévoile le bluff du monde des signes, dénonce l’imposture des maitres et des dominants. Kant opérait une reconciliation dans son fameux dialogue sur l’argent et le crédit, il interrogeait: mais cet argent l’as tu dans ta bourse?

Nous en revenons à mon pessimisme quotidien et à mon optimisme fondamental.

Pessimisme quotidien car je pense que les maitres, les élites peuvent retarder la Réconciliation presqu’à l’infini et forcer les citoyens à rester dans le monde des signes: ces derniers prennent la pilule de Matrix chaque jour avec les médias, l’école, la pression sociale etc, ce ne sont pas les hommes, les politiciens, les Marine ou les Mélenchon qui sauront dévoiler leur bluff. Les maîtres ne sont pas des magiciens, mais ce sont de redoutables illusionnistes.

Optimisme fondamental car on n’échappe pas à la Loi de la Rareté, à la Loi de la Valeur, aux Limites. C’est le Réel,  c’est la finitude qui se chargent  de dévoiler le bluff des maîtres, et de montrer que « pour grands que soient les rois… ils n’en sont pas moins hommes… »

Lecteur jean François.

Bonjour, Merci pour cet article et pour les autres …
Il me semble que vous avez de nombreux ennemis au fils de vos textes: la social démocratie, les annonciateurs de l’Apocalypse … j’en oublie forcément mais je comprends peu à peu ce monde: vos écrits m’en révèlent une partie que je ne connais pas. Je m’essaie à quelque chose alors, pour décrire le Système dans lequel nous sommes (cela risque de ressembler à la Matrice!).

Je comprends qu’autour de la table des marchés financiers, il y a de nombreux joueurs. Récemment, les banques centrales se sont assises à la table et ont recaver certains joueurs en faillite, à prêter de l’argent gratuitement à un petit cercle d’initiés… les enchères à cette table sont naturellement montées sur tout et n’importe quoi. Mais autour de la table, il y a aussi des fonds d’investissement / de pension, de vrais investisseurs qui eux veulent la jouer traditionnelle et ne comprennent pas les prix associés à ces mains… et les dénoncent.

Tout comme autour de la table du monde économique, il y a de nombreux joueurs. Récemment, certains se sont mis à avoir pleins d’argent frais prêté par les banques du dessus, et à racheter les entreprises. Les règles changent vites dans ce monde: la valeur boursière des entreprises étant inflaté par ces manipulations, on licencie rapidement pour rétablir une rentabilité acceptable ou on vend du rêve: des développements futurs, des croissances exponentielles futures, des bénéfices records futurs…..

Tout comme autour de la table médiatiques il y a de nombreux joueurs. Les anciens gros joueurs ont tous été rachetés par quelques industriels aux poches pleines, pour ne donner qu’un seul son de cloche à cette table: celui voulu par le Système. Mais la table est grande et il y a de nombreux joueurs dont beaucoup sur internet. Le système a la volonté de limiter leur capacités de dire leur vérité -leur capacité de nuisance à ses yeux- Alors on les achètes, et s’ils n’intègrent pas eux-même les bonnes règles de bienséance, on les remplace (N. Polony récemment). Relégués sur le net, le Système tente de les étouffer: Décodex, loi anti fake-news ….

Tout comme autour de la table du politique, il y a de nombreux joueurs: récemment, un, sponsorisé par les joueurs dominants de la table médiatique, est apparu (E.M.) recyclant d’anciens joueurs des partis dominants. Il veut mettre en place la politique demandée par les gros joueurs des tables supérieures: nouveau code du travail, liberté des capitaux, moindre taxation des entreprises (celles des gros joueurs évidemment, pas des petits), … Mais la table est grande est les autres joueurs dénoncent les règles truquées du jeu qui se joue là.

Etc etc ….

Vous êtes un des joueurs de la table médiatique: mais ceux à côté de vous sont aussi vos ennemis, pas uniquement les gros joueurs détenant le Système. Ceux annonçant l’Apocalypse qu’elle soit financière ou mondiale. « Il n’y a de vérité que du tout » vous dites: phrase intéressante mais j’aimerai un jour vous voir l’expliquer un peu. Je crois qu’eux aussi ont une petite part de vérité pas si inutile que cela.

Enfin, le Système, c’est la cascade d’alliance des joueurs dominants à ces différentes tables: intérêts communs, renvoie d’ascenseur, mariages … nous les appellerons l’élite. Le réel, lui, est nié: Après le TINA (There Is No Alternative) voici le « il n’y a pas de crise! » FED, grosses banques, média, entreprises, politiques dominants, tous le disent d’une seule et même voix: la situation va mieux, il n’y a pas de crise… Ils ont un plan pour se sauver eux, donc pour nous faire croire que la prochaine crise viendra d’ailleurs, d’un élément extérieur hors de leur responsabilité, ou sinon de nous (comme la culpabilisation des peuples pour leurs dettes nationales)

Alors que d’autres voient des crises: financières (actions trop hautes), dettes, économiques (chômage de masse), migratoires, géo-politiques, sociétales (en France) … La question est: est-ce que cela peut durer éternellement ? Sommes nous dans la matrice ?

6 réflexions sur “Pour grands que soient les rois… ils sont ce que nous sommes

  1. @jean François.
     » Il n’y a de vérité que du tout »

    Cette formule m’a plu énormément. Elle a apaisé un long questionnement qui me taraude depuis ma tendre enfance. Et sans en retirer toute l’essence de cette recherche perpétuelle, elle a désamorcé une posture qui ne peut-être qu’en porte à faux suivant l’angle ou on l’ examine une action, une personne, une situation, un objet…, en tant qu’humain.

    Elle est réductrice, mais profonde et trouve un juste équilibre indispensable pour tout départ d’une recherche, l’arrivée de cette recherche prenant souvent une autre dimension, un autre cheminement.

    Il y a ce que nous voyons, ce que nous savons… et il y a l’inconnue que révèlent les ombres de la caverne de Platon, par ex.

    Elle se suffit à sa formulation, tout simplement, ce qui est très reposant pour l’esprit, car elle permet de passer à autre chose sans état d’âme. Une compassion a notre condition humaine, en quelque sorte tout en révélant la puissance de l’instant présent qui s’enfuit déjà dans l’impuissance inconfortable de nos mensonges.

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    1. Merci. Très bon entretien. Bonne analyse sur la gestion passive .

      J’ai traité la capitulation de Grantham il y a quelques semaines car elle m’avait parue symptomatique.

      Grantham est un bon, mais le raisonnement qui justifie sa capitulation est faux.

      Il croit ques les marges bénéficaires peuvent rester durablement tres elevées, au niveau actuel et que la part des salaires dans le GDP va rester elle aussi au niveau atteint maintenant.

      Il se trompe totalement , car le systéme de creation de la demande par les deficits de l’etat et ceux des ménages a des limites mathématiques.

      Il y aura normalisation des marges , des déficits et réconcialiation.

      Le problème c’est ce que tout cela peut durer tres longtemps, et même des dizaines d’années!

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  2. Merci beaucoup pour la générosité dont vous faites preuve via votre blog. Sa rédaction quotidienne doit vous prendre un temps fou… mais il est infiniment plus éclairant et intéressant que tout ce que je peux lire ailleurs… Un jour il faudra que je remonte le fil de vos écrits pour les étudier plus globalement … N’hésitez pas à donner de temps à autre quelques articles plus pédagogiques ainsi que quelques références à lire pour nous cultiver, nous (certains lecteurs) qui ne sommes pas habitués au monde économique.

    Toute l’éducation nationale est à revoir: on n’y enseigne si peu à être citoyen … et si peu aussi à ce qu’est être Français …

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