Essai: Macron demande les dividendes de son impopularité.

Macron demande les dividendes de son impopularité.

Nous avons analysé le programme électoral de Macron de la façon suivante: il est l’homme des Allemands et du Medef et à ce titre il tire sa légitimité vis à vis d’eux par la promesse de réformer la société , le système français dans le sens de la hausse du taux d’exploitation de la main d’oeuvre, de la régression des niveaux de vie,  de la baisse du coût du travail, de l’assouplissement des échines etc.

En échange de cette action foncièrement impopulaire, Macron espérait obtenir de l’Allemagne son accord sur une intégration européenne plus profonde caractérisée par la solidarité.

Bien sur ce programme d’action n’a jamais été explicité tel quel pour les Français, il n’ été explicité  que lors d’une visiste … en Grande Bretagne! La Com politique est fondée sur la disjonction des causes et des effets, je l’ai souvent expliqué.

La solidarité cela signifie les péréquations, les mises en commun , autrement dit cela signifie que l’Allemagne accepte de payer.

Grâce à ces réformes, Macron pensait que le deal serait équilibré: il investit dans l’impopularité et en contrepartie il obtient des réformes qui rendent la construction européenne moins boiteuse sinon plus viable. Le jeu est à la fois sur la disjonction et le décalage dans le temps des causes et des effets. Le  dividende   est bien mérité qui lui permettrait de montrer un bilan positif à la prochaine consultation présidentielle.

Nous sommes contre le choix de Macron, mais nous acceptons/reconnaissons  sa cohérence.

Mais Macron est un pseudo intellectuel limité il ne tient pas compte des éléments qui sont culturels, ancrés depuis des décennies: les Allemands n’ont aucune confiance dans les Français et certes Schauble n’est plus aux affaires, mais il l’a maintes fois rappelé: la France n’est pas un pays auquel on peut faire confiance, tout comme l’Italie d’ailleurs. C’est un pays de branleurs.

La tache de Macron est donc double, finaliser les réformes du système français et , et c’est le « et » qui est important, inspirer confiance aux élites allemandes, à ces élites qui ne cessent dans leur journal, Die Welt, de semer la discorde et la défiance.

PARIS (Reuters) – Emmanuel Macron s’est adressé aux Allemands sans détour jeudi, les pressant de lui faire confiance en oubliant certains tabous afin de réformer l’Europe et la zone euro pour les sauver.

Le président français, qui s’exprimait à Aix-la-Chapelle, est engagé dans une difficile négociation avec la chancelière Angela Merkel visant à écrire une feuille de route de réformes.

De nombreux conservateurs alliés à la chancelière s’opposent à l’un de ses principaux souhaits : la création d’une capacité budgétaire pour la zone euro, qu’il veut voir figurer dans cette feuille de route attendue pour le Conseil européen de la fin juin.

« Je crois à une zone euro plus forte, plus intégrée avec un budget propre permettant les investissements et la convergence parce que c’est le seul moyen de permettre à tous les Etats qui souhaitent aller de l’avant d’aller dans cette direction », a dit Emmanuel Macron.

Macron affirme que la balle est dans le camp des Allemands 

Le Président français a invité les Allemands à prendre conscience de l’ampleur des réformes économiques et sociales menées en France depuis son élection il y a un an et dit sa confiance dans la capacité de l’Allemagne d’évoluer.

« Je connais tous ceux qui en France me disent : ‘allez, allez vous confronter à l’Allemagne, la solution est dans une crise avec l’Allemagne, l’Allemagne est égoïste, elle est vieillissante, elle ne veut pas réformer l’Europe' », a-t-il dit.

« Je sais que c’est faux, et jamais nous ne céderons à cette tentation parce que j’ai vu une Allemagne qui, ces dernières années, a pris ses risques, a fait ses choix, qui avant la crise financière a su faire des réformes profondes, que nous, nous avons pensé pouvoir faire attendre. »

Il a renouvelé sa mise en garde sur la pérennité de l’Europe et de la zone euro, alors que les menaces internes et externes se multiplient. Il a dans ce contexte insisté sur l’urgence pour la France, l’Allemagne et l’ensemble des Européens de travailler ensemble et sans attendre au renforcement de l’Europe.

« De part et d’autre, nous devons savoir dépasser les replis, les musiques qui nous conduisaient au pire pour acter d’une chose, c’est que l’unité entre la France et l’Allemagne est la condition de possibilités de l’unité européenne qui seule nous permettra d’agir », a poursuivi le président français.

L’analyse est impeccable, elle expose bien la thèse des globalistes et des européistes, l’Allemagne doit faire un pas en avant pour rendre possible la convergence et donc la pseudo unité de surface voulue par les élites.

Elle est impeccable sur le papier mais :

-rien de dit que les réformes françaises seront suffisantes et surtout efficaces, les réformes dans un système mondial ultra concurrentiel sont des tonneaux des Danaides

-la situation n’est propice que parce que nous sommes dans un créneau, celui du laxisme de la BCE  et celui de l’embellie économique

-rien ne dit que la conjoncture restera positive et que dans un ralentissement conjoncturel, la France ne sera pas obligée pour des raisons de cohésion sociale de revenir en arrière sur le plan des déficits. Le soutien à  Macron sur la durée n’est pas acquis.

-l’unité souhaitée ne sera pas réalisée car l’Italie, dont la France a absolument besoin face à l’Allemagne, l’Italie n’est pas dans des positions qui permettent d’envisager les convergences souhaitées. Il faudrait admettre que les pays du sud soient laissés de côté.

-Merkel n’a plus les mains libres, son leadership est contesté, encadré et le corps électoral germanique n’est plus manoeuvrable, en témoigne l’effondrement du SPD , parti favorable aux thèses de Macron et les limites imposées par les conservateurs de la coalition CDU/CSU.

Une convergence voulue par le haut, dans un système ou la souveraineté populaire sur Bruxelles n’est pas restaurée est forcément fragile et elle peut être coûteuse pour les Allemands.

 

 

6 réflexions sur “Essai: Macron demande les dividendes de son impopularité.

  1. Géniale votre critique:
    « disjonction et décalage dans le temps des causes et effets »

    Votre pensée rejoint (précède ?) le principe du système Toyota.

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  2. Quand on met au pouvoir un patin, on a un pantin pas un homme d’état. Il ne suffit pas de lire Machiavel pour être le prince. N’est pas Médicis qui veut.

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  3. Les allemands n’ont absolument pas les mêmes soucis que nous. Assis sur
    leurs surplus, ils n’ont dans la situation politique actuelle aucune raison
    de bouger, et ce n’est pas la percée de l’AFD qui va les y pousser.
    Macron est dans une impasse complète malgré ses ronds de jambe à l’extérieur.
    Il n’obtient rien et veut renforcer l’austérité avec pour seul argument une
    (dés)-union européenne toujours plus mal vue.
    Le peuple peut accepter des sacrifices, mais sûrement pas pour des raisons
    qui aujourd’hui sont toutes mauvaises, en tout cas pour lui.
    Macron ne pense pas, il récite le catéchisme bancaire des « happy few ».
    S’il ose snober la position des US sur l’Iran, c’est solidement encadré par
    les anglais et les allemands. On ne distingue aucune issue.

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    1. La langue de bois dans sa plus parfaite expression! Il faut traduire : sur les propositions de Macron, nous ne sommes aps d’accord! Les différences qui rapprochent!

      Merkel says that « we will make progress” together with France on banking union and capital markets union, though “these are difficult discussions », and commented that German differences with France « don’t separate us, rather they always bring us back together. »

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  4. Bonjour,

    la construction européenne bancale et l’euro trop faible pour l’Allemagne ne sont ils pas des composants qui lui permettent d’assurer son hégémonie ?
    Si c’est le cas, les Allemands ne validerons jamais les propositions de Macron quelque soit la proportion de français offerts en sacrifice, jamais.
    Je pense que la zone ira jusqu’à l’éclatement, avec une union des pays du nord, ou bien à la mise sous tutelle complète des autres pays.

    Cdlt.

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