Editorial: le conseil du siècle

Depuis le debut 2018, le marché financier manifeste des signes de fragilité.

Les vagues de panique ou de peur sont plus fréquentes, on se  souvient de celle qui a touché le VIX, la volatilité en février dernier. Cependant rapidement les choses sont rentrées si ose dire, dans l’ordre, cet ordre qui est en fait un désordre, et les baisses n’ont pas fait boule de neIge. Par solde cependant force est de reconnaître que l’on ne gagne plus d’argent sur les marchés depuis janvier 2018 et c’est ce qui est important.

Le Marché, c’est de plus en plus évident, construit une formation de « TOP », il est dans un processus, lui aussi de normalisation.

L’unanimité haussière a disparu, les volumes d’achats sont restreints, les locomotives sont à la peine. Bref il y a de nombreuses divergences de mauvais augure. Vous savez que les divergences et leur multiplications sont les conditions nécessaires au retournement de la Tendance, la surévaluation , l’excès d’enthousiasme , le sur-achat, tout cela ne suffit pas tant que l’esprit de jeu perdure.

La meilleure mesure de l’esprit de jeu c’est l’unanimité ou son inverse, la dispersion.  En effet quand l’esprit de jeu est fort, alors les gens achètent tout indifféremment , tous les véhicules boursiers participent à la fête; quand l’esprit de jeu s’érode, alors les gens deviennent sélectifs, ils se concentrent sur ce qu’ils croient encore intéressant. Quand vous n’avez plus faim, vous chipotez. La dispersion se mesure et cette mesure donc est un signe de changement de sentiment important.

Dans le cas présent, on vient de noter de nombreuses divergences au sein de l’univers du Marché, c’est à dire de l’univers du marché global. Il y a dispersion, divergences et même ruptures, ce qui signifie que l’on n’est plus très loin de ce que l’on pourrait appeler la fin.  l’intérêt est de plus en plus concentré si vous comprenez ce que nous voulons exprimer. On est sur une sorte de dernier carré qui masque la détérioration. Cela sent la fin et on serait dans ce que l’on pourrait appeler les prolongations!

Attention, cela peut très bien être un piège: la fonction des marchés est de baiser le maximum de gens possible, elle n’est pas de leur faire gagner de l’argent, les marchés existent pour exploiter les uns au profit des autres. Donc prenez cette analyse pour ce qu’elle est, un constat et non pas une prévision!

Le dernier carré est constitué par les technologiques américaines, les FAANG, les Apple, Amazon, Alphabet/Google, Netflix , Facebook etc. Le dernier carré est ce qui a résisté à toutes les attaques, tous les accidents jusqu’à présent. Il est à la fois l’échantillon et le symbole de la résilience américaine.

Le poids de ces sociétés dans la Bourse est connu, ce sont elles qui ont contribué à l’essentiel des performances, mais on connaît moins leur poids boursier en regard du GDP américain, il est colossal! Apple est valorisée  5.1% du GDP, Amazon  4.8%, Alphabet (Google)  4.6%, Facebook  3.3%, and Netflix  0.8% du GDP. Au total, cela fait une capitalisation de 20% du  GDP pour 5 sociétés. Les FAANG sont la pointe de la pyramide sur laquelle repose le système américain. C’est l’avantage comparatif exceptionnel de leur système.

La création de richesse, dont on peut discuter sur la question de savoir si elle est plus ou moins fictive, la création de richesse grâce à ces titres a été très importante, sans compter les effets psychologiques induits. On a créé du pouvoir d’achat, pour ceux qui ont vendu bien sur, dans de très larges proportions, on a aussi crée du pouvoir d’endettement. On a attiré les capitaux du monde entier comme ceux de la … BNS.

Ce dernier carré a cédé la semaine dernière avec des chutes, des décrochages spectaculaires qui ont fait entrer certaines vedettes au bord du marché baissier dont il est convenu qu’il est à -20%. De très grandes maisons conseillent la vente et même la vente à découvert de ces titres, pour des raisons plus ou moins convaincantes.  Nous n’entrons pas dans cette discussion car notre but n’est pas de justifier la baisse ou de la critiquer, notre analyse consiste à la relever, à en prendre note et à la considérer comme un symptôme; c’est un fait un point c’est tout. Et c’est un fait qui vient s’ajouter, compléter beaucoup d’autres qui pointent dans la même direction: la perte de vigueur de la tendance haussière, l’épuisement du momentum. Je me moque que les FAANG soient surévaluées ou non, ce n’est pas mon problème; je me moque du mouvement d’arbitrage qui se dessine , vente des FAANG pour acheter des véhicules dits « Value »; pour moi tout cela constitue des faits qui donnent des indications sur l’état du marché et sur son tonus: on a un peu plus peur du risque.

Un marché c’est un tout, cela monte, cela baisse et entre temps, cela se réaménage, cela se réordonne.

Qu’il suffise de savoir l’essentiel:

-un investissement en Bourse est un investissement long, 10 à 12 ans; c’est un investissement cyclique avec des phases de cherté et des phases de bon marché; c’est un investissement dont la rentabilité dépend pour l’essentiel du prix auquel on le réalise.

-les marchés sont surévalués considérablement sur la base des normes historiques moyennes, aussi bien en regard des chiffres d’affaires, que des résultats déclarés ou des résultats réels. Les marges bénéficiaires sont à des niveaux historiques records.

-les marchés ont toujours tendance à revenir aux moyennes longues, même si on note une tendance au renchérissement des valorisations en raison des mutations des pratiques capitalistes comme les rachats d’actions et les fusions acquisistions

-les marchés sont surachetés, l’optimisme est généralisé, on croit que c’est reparti comme avant la crise, que les problèmes sont résolus et que dorénavant ce ne sera plus jamais comme avant

-le carburant de la hausse des prix des actifs financiers, c’est dire ce qui a fait monter le niveau de la mer des valorisations, ce carburant qui est l’argent bon marché, surabondant, gratuit, assuré, est en phase, en début  de phase de raréfaction.

-la stimulation budgétaire a pris le relais de la stimulation monétaire, la croissance est revenue et c’est elle qui est maintenant le déterminant. Le facteur determinant, ce n’est plus le monétaire; la règle du jeu financier et boursier c’est la croissance.

-cette croissance ne peut qu’être très limitée pour de nombreuses raisons mais il suffit de savoir que dans le système américain les marges disponibles sont devenues faibles avec un chômage  à 3,8% de la population, des investissements passés très insuffisants et une croissance des populations actives modeste. Nous sommes plus proches de la pleine utilisation du potentiel que l’on ne le croit.

-le monde global ne peut se désolidariser de ce qui se passe au Centre, il n’y a pas de diversification, pas d’autonomie possible, ce qui se apsse aux USA aussi bien économiquement que financièrement donne le « la » au monde entier.

Notre conseil du siècle:

Vendez tout, absolument tout. Ne regardez plus les cours jusqu’à ce que vous ayez entendu dire que les marchés ont chuté de plus de 40% .

Surtout ne vous intéressez pas aux baisses intercalaires, 40% est le minimum, 50% c’est mieux.

Quand la baisse aura atteint ce niveau commencez l’emploi méthodique des liquidités que vous aurez constituées aujourd’hui, leur pouvoir d’achat sera considérable, il aura été bonifié par la baisse des prix des actifs financiers.

Faites des tranches sachant que l’on peut baisser encore après les premiers 40 à 50%. On peut baisser de plus de 60% sans que ce soit hors normes.

Quand vous aurez employé votre capital ne regardez plus les cours, plus avant de nombreuses années, laissez courir.

Pour vendre attendez la prochaine phase d’exubérance, de surévaluation et n’oubliez pas qu’elle peut être considérable: on peut, la prochaine fois aller jusqu’à des surévaluations qui seront des multiples de la surévaluation actuelle.

10 réflexions sur “Editorial: le conseil du siècle

    1. L’autre conseil du siècle : si pour vous voulez vous protéger de la crise, ayez du métal ! Le rapport dow/gold le montre bien. Enfin si vous croyez à la crise ! En tout cas Jim Rogers par du « worst economic downturn in our life time ». En 29, le dow a perdu 90% de sa valeur. Je pense qu’il faudra acheter à partir de -75%

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  1. Bonjour Mr Bertez,
    Merci pour votre conseil du siècle ! Mais où garder nos liquidités sinon sur nos comptes courants et espérer que les banques ne sombreront pas suite à la baisse des cours que vous prédisez…
    Quid de l’or dans cette trouble période à venir ?

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      1. personnellement j’avais demandé une fois à retirer mes avoirs en liquide, pour voir la politique de ma banque. D’abord ils vous regardent alternativement avec suspicion, puis comme un fou, ou alors avec condescendance. Ensuite il faut prendre rendez-vous et les retrait sont de toute façon limités à tant à la fois (je ne me rappelle plus du montant) de sorte que concrètement cela prendrait des mois, bref vraiment décourageant en pratique

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