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Seul le niveau des années 1930 tient la comparaison, ce sont des niveaux de guerre ou de crise majeure, à la différence que nous ne sommes pas en crise aujourd’hui…Nous n’avons aucune marge pour encaisser la prochaine crise.
Le fol enclenchement des années 1990
Les mouvements de déréglementation amorcés en 1980 étaient profonds. Quand l’URSS est tombée en 1991, il était trop tard pour faire marche arrière.
Et quand bien même, l’euphorie de la victoire finale, le mythe fleurissant de la fin de l’histoire et les promesses des nouvelles technologies permettaient les espoirs les plus fous.
Les années 1990 ont été celles de tous les excès. Bill Clinton abattit les dernières réglementations financières, au pire moment. [3]
Déjà il y avait bien trop de dettes.
La crise asiatique de 1997 aurait dû faire sauter le système bancaire américain.
C’est d’ailleurs à ce moment-là qu’apparurent les « Too Big To Fail » avec le premier sauvetage d’une institution financière par la Fed, le hedge fund LTCM.
Alors Pour éviter le désastre, on s’endetta encore plus pour se refaire sur le boom Internet…
La bulle se gonfla, éclata, alors on se reporta sur le marché immobilier américain, grâce à Alan Greenspan, généreux patron de la Fed qui mit les taux à 1%, du jamais vu, déjà à l’époque.
Mais Greenspan croyait encore que « les marchés » étaient rationnels et savaient se réguler d’eux-même.
Alors il remonta les taux, Bernanke aussi et 2008 arriva, la bulle éclata, alors l’on se reporta sur les dettes souveraines, le marché obligataire… Mais cela ne suffisait plus.
Alors les banques centrales sont intervenues. Mettre les taux à zéro ne suffisait plus,alors elles n’ont pas hésité à se substituer aux banques commerciales, elles ont pris les risques dans leurs comptes (les fameux QE), elles ont fait rentrer le ver au coeur du système.
Elles n’ont pas drainé le marigot, elles ont décrété qu’il n’y avait pas de marigot.
Alors maintenant on fait quoi ?
S’il n’y a pas de problème, alors il n’y a aucune raison de ne pas remonter les tauxmaintenant que croissance et plein emploi sont retrouvés. Et c’est exactement ce qu’est en train de faire Powell à la Fed.
Oh il est fort probable que la politique de la Fed fasse dévisser les marchés de 40 ou 50%. Et alors ? Cela ne serait pas inutile, ne serait-ce que pour faire tomber Trump, ne serait-ce que pour montrer qui est le patron.
La question est que se passe-t-il après ?
Normalement, les crises servent à purger le système. Mais il y a bien trop de dettes. Comment purger lorsque plus personne n’est solvable ? Et lorsque plus personne n’arrive à parler vrai.
Nous ne reviendrons pas au monde d’avant.
L’ironique épilogue
Les cycles économiques, financiers, boursiers, commerciaux que nous connaissions ont perdu leur sens : ils ne permettent plus d’expliquer le monde dans lequel nous vivons.
Mon idée est que nous marchons, et fort vite, vers un monde qui s’explique bien mieux, quelle ironie, à partir des cycles soviétiques.
Car même une économie administrée comme l’URSS avait ses cycles, ou plutôt, comme tout le reste, elle avait ses ersatz de cycles.
Il faudrait une lettre entière pour ébaucher le sujet de l’économie soviétique, qui me passionna voilà bien des années.
À gros traits, imaginez un cycle qui suit les grandes phases d’une économie administrée : le Parti décide une politique de grands travaux, débloque des fonds et met les moyens. On se met au travail avec enthousiasme. C’est la période de croissance.
Mais le problème d’une économie administrée vient des décisions arbitraires etautoritaires d’un bureau de 10 personnes, aussi éminentes soient-elles : elles mènent généralement au désastre industriel de grande ampleur. [4]
Imaginez que Lénine, qui a personnellement dirigé la conception du premier plan soviétique, a été capable d’écrire : « Le Communisme, c’est le gouvernement des Soviets plus l’électrification de tout le pays. »
Je peux vous dire qu’on en a construit d’interminables barrages perdus dans la taïga sur la foi de cette phrase de 15 mots. [5]
Alors après la première phase d’euphorie, les problèmes arrivent, les projets s’enlisent et l’économie avec.
Les usines de chaussures à qui l’on a fixé un nombre délirant de paires à produire les fabrique toutes en taille 36… Les usines de casseroles, dont les objectifs sont en tonnes, ne font elles que des marmites de 100 litres.
Tout le monde déprime, sauf la petite élite qui dirige.
Tout ne fut pas mauvais en URSS et je n’aime pas fort les histoires où les gentils font tout bien et les méchants tout mal, mais dans ce cas précis, il n’y a pas grand chose pour rattraper les soviétiques.
Bien sûr nous n’en sommes pas là aujourd’hui.
Mais je vois les milliards que l’on dépense pour concevoir un écran de téléphone un peu plus grand, vaguement plus brillant alors que nous ne savons plus entretenir nos routes et nos chemins de fer… Et ce n’est pas parce que nous préférons un téléphone plus grand à une bonne route mais parce qu’Apple reçoit beaucoup plus d’argent que la SNCF.
Si vous voulez comprendre les cycles à venir, regardez les distributions et restrictions d’argent des banques centrales et la petite élite à qui elles sont destinées.
Jerome Powell a confirmé aujourd’hui sa détermination à monter les taux d’intérêts…
N’entrez pas en bourse maintenant.
Et si ces analyses vous intéressent, sans doute intéresseront-elles aussi vos proches…N’hésitez pas à reproduire, transférer et diffuser ce messages à vos contacts et sur vos réseaux. Ce projet vit grâce à votre bouche-à-oreille.
L’investisseur sans costume
[3] Le Glass-Steagall act de 1933, qui séparait les banques de détail et banques d’affaires, fut abrogé en 1999 par Bill Clinton sous l’impulsion du banquier Sandy Weill afin de rendre possible la création de Citigroup, à partir de la fusion de Citicorp et Travelers Group, plus grande société de services financiers de l’époque. Depuis 2012, Sandy Weill prone le retour du Glass-Steagall.
[4] « Le Communisme, c’est le gouvernement des Soviets plus l’electrification de tout le pays. »
Lénine, « Notre situation extérieure et intérieure et les tâches du parti »
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Pour illustrer la référence à Gaël Giraud (ou pourquoi nous allons au devant de sérieux problèmes sur notre ratio Dettes/PIB)

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