Editorial: La crise est un tout , un tout qui vient de loin.

[CNBC] Shadow banking crisis may push India’s central bank to leave the rupee stranded

Je prétends que la bulle a éclaté. Les pétards éclatent un peu partout.

L’éclatement est un processus, une détérioration lente puis brutale. Nous sommes dans le processus et il a débuté … en 2015 en Chine. Depuis, on joue les prolongations c’est à dire que l’on retarde la transmission.

La logique veut que la bulle éclate d’abord à la Périphérie puisque c’est elle qui a reçu les dollars créés par les QE et a bénéficié de la « search for Yield ». Avec la perspective de la normalisation, ces dollars repartent vers les USA, ce qui laisse les pays périphériques comme la Turquie, l’Inde, l’Italie, etc exsangues.

Les stimulations fiscales de Trump accroissent le phénomène tout en le masquant.

1-Elles accroissent le phénomène car elles accélèrent le rapatriement des capitaux vers les USA qui sont « la chemise la moins sale » et créent une apparence d’aisance monétaire malgré le reflux mondial.

2-Les stimulations fiscales de Trump portent la croissance à un niveau supérieur à ce qu’elle serait spontanément, ce qui crée une illusion  de prospérité et de retour aux tendances économiques de long terme; on croit que la crise est finie!

Le processus d’éclatement de la bulle sera donc à la fois lent et rapide, c’est à dire marqué par une dégradation en profondeur et de temps à autre des accidents violents. Le processus est prévisible, mais son calendrier et sa forme sont aléatoires.

Ce qui manque à tous les observateurs, c’est la vision, la capacité à mettre tout ce qui s’est passé depuis le début des années 80  en perspective. Faute de mettre tout en perspective, ils ont une vision partielle dans laquelle les liens organiques et historiques entre les différentes phases font défaut.

C’est la dérégulation qui a été mise en place au début des années 80 qui est le point de départ d’une phase historique de croissance artificielle dont le fondement est la dérive monétaire et sa conséquence, la spéculation tous azimuts. Avec la dérégulation il est devenu structurellement plus rentable d ‘investir dans le capital fictif que dans le capital productif.

Les phénomènes économiques sont des phénomènes sociaux et à ce titre ils sont lents, étalés ce qui fait que peu de gens en ont la mémoire. D’autant plus que ceux qui l’ont, cette mémoire, sont pour la plupart membres de l’élite et que cette élite ne veut pas que le système apparaisse pour ce qu’il est ! Pour l’élite la logique du système, ses stratagèmes pour durer doivent rester cachés.

Il faut un débat sur ce qui s’est passé depuis plusieurs décennies pour arriver à la fois à mettre à nu les causes et les effets et pour extirper, sortir, accoucher  des solutions efficaces. Ceci n’est pas fait. Le seul travail de connaissance et de compréhension superficielle de la crise de 2008 ne suffit pas.  Mais en plus ce travail n’est pas fait honnêtement. Confère  les livres qui sont publiés, les interviews sur les médias de ces derniers temps.

Non la crise n’est pas seulement une crise financière, oui c’est une crise économique et sociale , et en dernière analyse c’est une crise de la financialisation du système économique, financialisation qui a été favorisée pour tenter de contrer les tendances au ralentissement de la croissance,  l’érosion  de la profitabilité, la stagnation des revenus salariaux, le ralentissement des  dépenses d’équipement et la montée du chômage. La crise est un tout et un tout qui vient de loin.

Nous avons recensé 16 crises financières d’excès de dette et de crédit depuis le début des années 80, ce ne peut être le fruit du hasard, la faute à pas de chance ou la seule faute des animal spirits, non, c’est une prédisposition structurelle du nouveau système qui a été mis en place pour faire face au ralentissement de la croissance et à l’érosion de la profitabilité. Et c’est là que cela se passe et c ‘est là qu’il faut travailler.

Le pire est que lorsque ces travaux existent eh bien ils ne voient pas le jour. Ainsi du travail du professeur Trevor Evans de Berlin, il a accompli une recherche financée par l’Union Européenne!

Trevor Evans met le projecteur là ou il doit être dirigé , c’est à dire sur la mutation du capitalisme vers une nouvelle forme, le capitalisme financialisé. Mais son trvail a été  bien vite enterré.

http://www.ipe-berlin.org/fileadmin/downloads/working_paper/ipe_working_paper_51.pdf

Ou celui de  William White qui à partir d’un cadre analytique totalement opposé, puisqu’il est « autrichien » aboutit à des conclusions comparables. Les stimulations monétaires équivélent à creuser un trou plus profond.

http://williamwhite.ca/2016/11/17/ultra-easy-money-digging-hole-deeper/

Faute de comprendre, faute d’identifier, nous sommes condamnés à répéter.

En Europe c’est l’Italie qui détient le détonateur de la crise. elle est authentiquement Périphérique et elle ne tient que grâce au corset/carcan  monétaire que fournit  encore  la BCE. C’est la BCE qui fait tenir ensemble la construction monétaire . Si ce corset lâche , si la BCE cesse de soutenir les fonds d’état Italiens alors les forces de dislocation, les forces de divergence vont être libérées et ce ne sera pas beau à voir.

Le ratio de dettes italien est de plus de 130%; il faut savoir que lorsqu’un pays connait des difficultés,  le ratio de dettes soudain fait un bond car tout ce qui est caché , enfoui alors se montre au grand jour. Mais déja à 130%, avec peu d’atouts économiques, une croissance potentielle très faible et une société civile divisée et aucune cohérence politique, l’Italie est une poudrière.

Le pire n’est pas le plus probable, car Merkel peut se coucher et passer à la caisse, le gouvernement Italien peut comme le Grec être effrayé de sa propre audace, mais ce qui est sur c’est que cela ne changera rien au fond, cela ne changera que sur le calendrier.

Sous une forme ou sous une autre l’instabilité va réapparairte et si ce n’est pas l’instabilité financière, ce sera l’instabilité politique et sociale. Les miracles n’existent pas regardez les craquements en Allemagne.

En prime: 

L’économie est composée de deux parties, une partie que l’on voit, c’est l’actif, le réel et une partie que l’on ne voit pas, c’est le passif, l’origine des fonds, ce qui est du en quelque sorte , maintenant ou plus tard.

Les élites ne parlent que de ce que l’on voit. Pourquoi?

Parce que c’est la dessus qu’elles veulent etre jugées. C’est ce qui influence les perceptions et les opinions.

Mais ce que l’on voit a un prix c’est à dire qu’il a une origine et cette origine est inscrite au passif, dans la partie que l’on ne voit pas; on pourrait dire que c’est la partie liabilities, la partie « promesses ».

Tout ce qui est porté à l’actif depuis le début des années 80, depuis le début de la financialisation a pour origine l’accroissement fantastique des dettes et du crédit qui sont, rappelons le, des promesses de payer plus tard.

C’est pour cela qu’il ne faut surtout pas en parler. Chut, le système survit de ce silecne.

C’est une bombe a retardement par definition puisque le principe de la dette est de repousser un paiement.

Le maillon faible du système depuis la crise c’est , ce sont, les émergenst et tout ce qui est périphérique? La manne monétaire s’est déversée sur eux, ils en ont profité pour s’endetter croyant que cela allait durer toujours.

Mais les échéances se rapprochent alors qtue la Fed et Trump tirent le tapis sous leurs pieds; : les entreprises et les gouvernements des périphériques doivent faire face à des échéances , des maturités records dans un délai de 15 mois!

Le besoin de dollars est considérable!

 

5 réflexions sur “Editorial: La crise est un tout , un tout qui vient de loin.

  1. Une autre action de Trump qui accélère le phénomène, c’est ses attaques contre ses propres grandes multinationales. Si elles ne sont pas bidon, ce que je ne sais pas évaluer.

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  2. Il n’est vraiment pas sage de s’endetter en devises étrangères, surtout de la part d’un état (ou en taux variables comme nos collectivités l’ont fait).
    Il est suicidaire de surcroît de s’endetter au point d’avoir à lever de nouveaux emprunts pour payer les intérêts.

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  3. Bonjour Mr Bertez, je vous suis depuis un petit moment. Je trouve que votre travail est très intéressant. Je vous propose de sortir, au travers du lien proposé, de l’actualité pour se plonger dans les propos d’un « insider » et d’une théorie très éclairante. La vérité, rien que le vérité !!

    JOHN EXTER et la PYRAMIDE !

    http://www.24hgold.com/francais/actualite-or-argent-john-exter-le-banquier-central-qui-a-fait-fortune-grace-a-l-or.aspx?article=4202052022G10020&redirect=false&contributor=Darryl+Robert+Schoon.

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    1. Je vous remercie.

      Mais comme vous le dites, vous ne me suivez que depuis quelque temps!
      J’ai traité et retraité et surtraité cette théorie aussi bien chez Lupus que dans les écrits de lAgefi suisse.

      La pyramide d’Exter fait partie des schémas gravés dans mon esprit .

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  4. La crise c’est celle du néoLibéalisme.
    Trump l’a compris, et il fait le grand retour au libéralisme classique. Les conservateurs anglais aussi, avec le Brexit.
    Le néo c’est le no limits, le « il n’y a plus de limites » de Régis Debray qui l’a entendu au zinc, là où il a encore la vraie philosophie selon lui.
    Un cran culturel au dessus on dira que la Némésis est en train de juger l’Hybris du Néo.
    C’est quoi la différence entre néo et classique ?
    Le libéralisme classique embarque avec lui le peuple pris comme un tout, la société si vous voulez.
    Le néo c’est la Thatcher avec son « la société, ça n’existe pas… » Le néo est pour les élites, le peuple il n’en a rien à secouer. Vous avez dit 6 millions de chômeurs ? Ce sont les perdants du globalisme, ils n’ont qu’à traverser la rue. On créera pour eux un minimum vital…
    Avec le classique vous êtes dans l’obligation morale et physique de créer du boulot aux 6 millions, c’est ça le populisme.
    Steve Bannon a une expression pour qualifier le classique: « c’est le nationalisme économique ».

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