Editorial Powell tente de refaire un tour, il échouera , …mais plus tard. Les élites sont terrorisées.

 

C’est le meilleur des mondes pour l’éternité. Jusqu’à la Crise Finale, celle qui sera non gérable par la toute puissance de l’inflationnisme.

Le marché américain a rebondit de 747 points vendredi , soit plus que la baisse de la veille qui n’avait été que de 600 points. Par solde finalement la hausse l’emporte donc.  Sur la semaine la Bourse US monte de 1,9% au S&P 500. les banques font un bond de 4,7%.

Les causes proches, les facteurs déclenchant ont été la publication de chiffres de l’emploi de décembre en apparence  très  forts, ce qui a réduit les craintes de ralentissement de la croissance et surtout les propos de Powell de la Fed qui a montré que le « Put » n’était pas mort.

L’emploi a été très fort

Les créations d’emplois ont été de 312,000. Les gains horaires ont été de 0,4% sur le moins ce qui fait 3,2% année sur année. Peu importe que l’emploi soit un indicateur retard et que bien souvent il est très fort juste avant les récessions.

Quelques minutes après la publication des chiffres de l’emploi  Powell, Yellen et  Ben Bernanke se sont exprimés à American Economic Association à Atlanta.

Powell s’inscrit solennellement dans la continuité de la gestion des risques

Powell qui n’était pas censé s’exprimer sur ce sujet a délivré le message que les marchés attendaient- et que nous aussi, nous attendions- il a confirmé qu’il continuait la politique de  ses prédécesseurs de gestion des risques, il n’y a aucune ligne prédéterminée pour la politique monétaire, nous serions patients car l’inflation reste faible, et nous sommes prêts à prendre des décisions rapidement si nécessaire, si la situation l’exige.

Et surtout, Powell s’est inscrit dans la continuité de Yellen en rappelant qu’en 2016 alors que l’on prévoyait 4 hausses de taux , Yellen avait stoppé la normalisation face à la tourmente et au soft patch et que la normalisation n’avait repris  que bien plus tard.

Et pour couronner le tout, pour qu’il n’y ait nulle ambiguité, Powell dit qu’il ne sait pas si nous sommes bien comme en 2016 mais que dans tous les cas il est prêt à faire comme Yellen, elle qui a piloté la reflation mondiale de Shanghai par ses coups de téléphone aux responsables de la conduite des affaires.

Vous savez le fameux consensus de Shanghai que nous avons été quasi le seul à analyser ainsi et qui a empêché l’éclatement de la bulle chinoise et produit la reflation concertée dont les effets ont duré 18 mois.

Powell est comme les autres, il crève de peur devant la perspective et le risque d’éclatement de la myriades de bulles mondiales.

On ne peut en sortir, c’est l’hotel California, you can check-in , no check-out!

Les propos de Powell sont très importants pour de nombreuses raisons:

-il se place dans la continuité de ses prédécesseurs ce qui est un démenti cinglant à ceux qui croyaient qu’il avait une approche différente, consistant à nettoyer la pourriture et à rendre leur fonction aux marchés

-il reprend exactement les mêmes arguments, le même vocabulaire, la même articulation de raisonnement  et indique qu’il s’opposera au resserrement des conditions financières

-non seulement il confirme le gradualisme mais en plus il insiste sur sa patience à plusieurs reprises. On peut différer et différer…

-il le fait en catastrophe alors que ces propos n’étaient pas prévus ce qui indique qu’il manipule les marchés comme les autres, le fameux jawboning.

-il révèle son seuil de tolérance lequel se situe bien comme nous l’avons toujours affirmé et écrit, de l’ordre de 20 % par rapport  aux indices connus du public. La tolérance à la baisse est fixée par les dislocations souterraines que vous ne voyez pas mais que les analystes de la Fed suivent parfaitement et en temps quasi réel.

Voici son texte pour les professionnels :

(la suite de l’edito est sous ce texte)
Powell: “Financial markets have been sending different signals – signals of concern about downside risks, about slowing global growth particularly related to China, about ongoing trade negotiations, about – let’s call – general policy uncertainty coming out of Washington, among other factors. You do have this difference between, on the one hand, strong data, and some tension between financial markets that are signaling concern and downside risks. And the question is, within those contrasting set of factors, how should we think about the outlook and how should we think about monetary policy going forward. When we get conflicting signals, as is not infrequently the case, policy is very much about risk management. And I’ll offer a couple thoughts on that… First, as always, there is no preset path for policy. And particularly, with the muted inflation readings that we’ve seen coming in, we will be patient as we watch to see how the economy evolves. But we’re always prepared to shift the stance of policy and to shift it significantly if necessary, in order to promote our statutory goals of maximum employment and stable prices. And I’d like to point to a recent example when the committee did just that in early 2016… As many of you will recall, in December 2015 when we lifted off from the zero bound, the median FOMC participant expected four rate increases for 2016. But very early in the year, in 2016, financial conditions tightened quite sharply and under Janet’s leadership, the committee nimbly – and I would say flexibly – adjusted our expected rate path. We did eventually raise rates a full year later in December 2016. Meanwhile, the economy weathered a soft patch in the first half of 2016 and then got back on track. And gradual policy normalization resumed. No one knows whether this year will be like 2016, but what I do know is that we will be prepared to adjust policy quickly and flexibly and to use all of our tools to support the economy should that be appropriate to keep the expansion on track, to keep the labor market strong and to keep inflation near 2%.” 

 Bloomberg ne s’y est pas trompé qui a titré: “Powell Shows He Cares About Markets.” Markets heard assurances of an operative “Fed put” – with rate cuts and QE (“all of our tools”) available when demanded – and it was off to the races.

Traduction, Powell a montré qu’il faisait attention aux marchés, et il leur a donné l’assurance que le Put était toujours opérationnel. avec baisse de staux et QE si nécessaire.

Sur ces propos , sur lesquels il y avait visiblement des initiés de haut vol; le S&P 500 a gagné 3,4% et l’indice des valeurs les plus vendues à découvert a fait un bond de 3,8%.

Je ne comprends pas comment il peut encore y avoir des idiots utiles pour shorter des marchés qui ont cessé d’être des marchés et alors que l’on sait que les autorités ne le tolérèront pas! Ceux qui shortent ne se rendent pas compte qu’ils facilitent la tache des régulateurs!

Comme cela ne suffit pas la Communauté Spéculative a pris sa claque également sur les  Treasuries qu’elle avait achetés le jour précédent , le rendement du 10 ans US a fait un bond de 11 pbs!

Beaucoup croient que l’histoire se répète et ils sont totalement tort: on ne peut répéter 2015 ou 2016, les conditions sont très différentes . Les réflexes sont toujours là, mais ils sont inadaptés car ils ne sont que répétition aveugle. Presque en caricature.

Ce n’est pas parce que l’on fait la même chose que les résultats seront les mêmes voici les raisons :

-on l’a deja fait une fois, il y a donc des apprentissages

-on part d’une situation beaucoup plus déséquilibrée, avec un boulet financier encore plus lourd

-le monde est moins hierarchisé , on est plus multipolaire, plus divergent et plus opaque

-le monde  a changé , avec Trump il n’est plus fondé sur la coopération mais sur l’affrontement stratégique

-la Chine est dans une situation beaucoup plus mauvaise

–la situation européenne est moins manoeuvrable et beaucoup plus fragile

-la BCE et la Bank of Japan sont en fin de cycle

-L’illiquidité sur de nombeux marchés est devenue structurelle on l’a vu tout au long de ces dernières semaines, et encore il y a peu sur le Yen! Jeudi il y a eu un flash crash sur le Yen! L’illiquidité sur les marchés des changes est catastrophique car il y a des centaines de trillions de dérivés sur ces marchés et les dérivés postulent que la liquidité est toujours là!

-la tuyauterie , la plomberie financière pue, les pourritures s’y entassent

Et surtout les amortisseurs de tous types, monétaires, financiers, économiques, sociaux, politiques sont usés, archi-usés.

Le réel est en bien plus mauvais état qu’en 2015.

 

 

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4 réflexions sur “Editorial Powell tente de refaire un tour, il échouera , …mais plus tard. Les élites sont terrorisées.

  1. Qui peut shorter les marchés?A mon avis les actionnaires de la FED,puisqu’ils sont initiés en interne des seuils de tolérance (ce sont meme eux qui décident de ce seuil).Soit un cartel international de grosses banques.Bien entendu cela peut se faire a travers leurs filiales pour etre plus discret.Cela fait 10 ans que les non-initiés qui shortent se font avoir,ils ont eu le temps d’apprendre la leçon.Il suffit de surveiller le cours de l’or:tant qu’il est sage,la situation est sous controle….

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  2. Cher Mr Bertez,

    Mon premier commentaire ici est l’occasion pour moi :

    – DE VOUS REMERCIER GRANDEMENT, grâce à vous nous nous sentons moins seul dans nos réflexions dans ce monde complexe.
    Vous êtes une sorte de phare dans une tempête agitée au cours d’une nuit noire !!

    – DE VOUS POSER 2 QUESTIONS :

    o POLITIQUE : Vu votre haut niveau de compétences, envisagez-vous apporter votre contribution à l’un ou l’autre des parties afin d’aider un parti à parler avec une longueur d’avance lors des débats des européennes ?

    o ECONOMIQUE/FINANCIERE/PATRIMOINIALE :

    Vous évoquez une nouvelle fois la fuite en avant et que nous sommes en route pour l’inflationniste. Vous m’avez largement convaincu.

    Aussi, permettez-moi de vous demander un billet/commentaire essayant de projeter la vision que vous avez de cet inflationniste et des impacts sur nos vies/patrimoines.

    La principale question que je me pose est

    Cette inflation permettra t’elle l’inflation des salaires ?
    (je suppose que oui car cela permettra au bout du bout de rembourser les dettes en monnaies dévaluées mais je serai plus rassuré d’avoir votre avis !!)

    Si nous partons dans cette voie à l’échelle mondiale … cela pourrait finalement signifier qu’aucun actif ne serait cher aujourd’hui ?!

    Pour tout vous dire, votre réponse servira notamment à ma réflexion quant à d’éventuels investissements (notamment immo) à crédit. Habitant la région parisienne mais provincial de cœur et de souche, cette décision est particulièrement impactant et difficile.

    A vous : encore un GRAND MERCI et ne perdez pas de temps à me répondre si mes questions sont inutiles à la réflexion collective.

    A vos autres lecteurs : n’hésitez pas à me répondre ou à me rediriger pour m’aider à cette réflexion !

    Force, motivation et courage à tous ! Amicalement,

    Arnaud

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  3. Les marchés ont à nouveau démontré leur force et fait plier Powell…ils ont rappelé ainsi que les politiques sont là pour leur obéir…donc la fuite en avant continue, pas de retour en arrière possible, selon vos magnifiques expressions imagées M. Bertez (retrait du bol de punch, vaisseaux brûlés, etc)..

    Evidemment, comme tout schéma de Ponzi, plus dure sera la chute…à ce moment-là, comme en matière d’écologie et de dégâts irréversibles à notre planète, le motto des décideurs est : avoir disparu de la surface de la terre avant que cela se produise, et tant pis pour les suivants…

    En attendant, comme vous le dites si bien : « tout le monde danse tant que l’orchestre continue de jouer… »

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