Editorial: est-il temps de confisquer l’argent de riches

La revendication des  Gilets Jaunes que l’on taxe les riches n’est pas si stupide qu’il y parait. Elle correspond à une situation que je vais tenter d’analyser.

Désolé si c’est complexe  mais comme je le  dis si souvent; si c’était simple les élites ne vous baiseraient pas aussi facilement.

Je vais essayer de vous parler de ce qui émerge en ce moment comme idéologie permettant de franchir une nouvelle étape dans le report de la crise.

Résumé des chapitres précédents.

Suivez bien. Cela vaut le coup de comprendre. 

 

Le système dans lequel nous vivons est en crise. La crise dite de 2008 n’a jamais été traitée. Encore moins résolue.

Le système dans lequel nous vivons, les arrangements sociaux dans lesquels nous évoluons ont rencontré une limite en 2008 lorsqu’a éclaté la GFC, le Grande Crise Financière aux USA et la Crise de la dette en Europe.

La finance avait servi à  prolonger le système en distribuant ce que l’on n’avait pas; quand on distribue ce que l’on n’a pas, c’est à crédit.  Et le crédit a rencontré ses limites sous la  forme d’un effondrement financier. Les tuyaux du système se sont colmatés. Les institutions bancaires ont sombré.

Au lieu d’accepter une crise courte mais sévère, les élites ont refusé.

Elles ont refusé car leurs fortunes étant financières, elles auraient été les principales victimes de la destruction de ces fortunes fictives. Elles ont choisi avec l’aide des syndicats, de la presse, bref de tous les corps constitués de durer, de reporter dans le futur et surtout de faire payer la crise aux salariés afin de préserver le Capital.

Préserver l’ordre social a dit à l’époque le général en chef Bernanke.

Le système s’est prolongé grâce à de nouvelles  dettes, en particulier celles  des gouvernements qui ont pris le relais. Vous avez entendu parler des bails-out avec leur scandale: l’attribution des profits aux capitalistes et l’attribution des pertes aux citoyens contribuables présents et futurs.

La crise de 2008 est une crise de l’excès de dettes, une crise de solvabilité.

On a non pas résolu, mais masqué le problème en faisant garantir les dettes par les gouvernements et les banques centrales.  On a transféré la question de la solvabilité sur ce couple maudit. Gouvernement et banques centrales, couple maudit s’ il en est ont  garanti les dettes, les ont pris à leur  compte. En clair on a transféré les dettes sur la collectivité c’est à dire, vous!

Ce couple est  en première ligne maintenant par les  politiques monétaires non conventionnelles et par les politiques budgétaires paralysées par les déficits . Ce qui traduit en langage vulgaire par les caisses sont vides.

Les banques centrales  créent des liquidités qui masquent les problèmes de solvabilité, au prix d’un dégradation, d’un pourrissement de la solidité de leur bilan. Les budgets des gouvernements sont des gouffres de déficits.

Pour parler clair, on masque les problèmes en augmentant les dettes et en mettant en danger  l’avenir des banques centrales puisqu’elles achètent des dettes qui ont de moins en moins de chances d’être honorées.

Les solutions mises en place en 2008 ont fait long feu.

Surtout elles ont touché leurs limites: reprise  économique trop faible, excès de dettes chez tous les agents économiques, surévaluation spéculative de tous les  actifs financiers, inégalités records et destruction des consensus sociaux et politiques.

Le boulet aux pieds est devenu encore plus gros et lourd.

On ne réussit pas à sortir des politiques monétaires non conventionnelles , et quand on essaie de le  faire, alors comme c’est le cas maintenant on risque la rechute dans la crise économique et financière. Et si on essaie de refaire un tour de stimulation financière, alors les risques comme on dit, pour la stabilité financière deviennent  considérables.

Tout est deja trop cher, tout fait bulle. Cela fait hésiter!

En bonne logique si un nouveau ralentissement économique menace, comme c’est le cas , il faut prendre des mesures de sauvegarde. Pourquoi? Parce que le système est tellement fragile, tellement endetté, tellement déséquilibré, tellement contesté  que l’on pense  qu’il ne résisterait pas à une nouvelle récession. Depuis 2008 tout s’est encore plus détérioré, tout est encore plus pourri et surtout on a usé tous les amortisseurs de crise.

Comme on ne peut pas retourner en arrière , c’est marche ou crève.

Le monétaire pur, c’est à dire les taux d’intérêt nuls, les injections de liquidités, les achats de titres à long terme, tout cela ne marche pas. L’argent ne va pas là ou on souhaiterait qu’il aille. Cela ne marche pas car cela ne descend  pas dans l’économie, cela alimente uniquement la spéculation et donc les  inégalités. Le monétaire est inadapté car insuffisant.  Comme le disent les banquiers centraux et encore récemment le chinois, : les impulsions ne se transmettent pas. L’helicopter money ne fonctionne pas.

Donc il faut dépasser le monétaire et faire en sorte qu’il descende dans les  économies réelles et qu’il serve directement à soutenir l’activité et pour cela on ne connaît qu’un moyen; le budgétaire.

Il faut mettre la politique monétaire au service direct du budgétaire c’est à dire faire en  sorte que le monétaire finance les dépenses budgétaires et les déficits correspondants . Vous avez compris: pour franchir une étape nouvelle et refaire un tour il faut que la monnaie nouvellement créée, le crédit gratuit soit accordé, donné directement à l’Etat.

C’est un peu ce qui se faisait indirectement par les QE, les quantitative easing: l’argent créé à partir de rien , out of nothing, allait  financer les gouvernements puisqu’il servait à acheter leurs titres de dettes, mais c’était indirect et coûteux, il fallait payer les intérêts et accepter une hausse des ratios de dettes. Le système indirect est une hypocrisie mais une hypocrisie qui sauvait les apparences  de la solvabilité .

Ce système est dangereux pour les  riches et les ultra riches! Car au fur et à mesure que les déficits vont se creuser, au fur et à mesure que les ratios de dettes vont monter, au fur et à mesure que les  marchés financiers ainsi dopés vont s’inflater et buller, alors les inégalités vont exploser, elles vont devenir scandaleusement criantes.

Le populisme va tout envahir et réclamer devinez quoi? Il va réclamer ce qui se fait actuellement aux USA et en Grande Bretagne et en France une taxation très dure des riches et ultra riches.

La prochaine phase de la crise va mettre en première ligne les riches, les ultra riches et le Capital en général.

On le voit partout:  les gauches de gouvernement et les gauches sociales-démocrates, les révoltes populaires,  réclament une aggravation spectaculaire des impôts sur les fortunes.

Un telle  aggravation est logique , pour financer les dépenses nouvelles sans creuser trop les déficits, pour améliorer la propension à consommer et soutenir la demande de consommation, pour dégonfler le marché financier bullaire et pour accessoirement donner l’impression que l’on s’attaque au problème des inégalités et de l’enrichissement financier sans  cause des kleptocrates.

Ici il faut marquer une pause afin de bien assimiler ce que j’affirme:

pour refaire un tour le système doit compléter , supplémenter, activer  les politiques monétaires non conventionnelles par des politiques budgétaires expansionnistes. Il faut des dépenses nouvelles qui injectent la monnaie  directement dans l’économie et non plus par le biais du ruissellement issu du capital. Il faut taxer et surtaxer les super riches, les riches et peu à peu les moins riches, les aisés comme dit Macron. 

Vous imaginez bien que cette perspective n’enchante pas les classes sociales très supérieures? Et ce pour cinq    raisons:

-leur fortune va être ponctionnée

-on va faire la chasse à la fraude, recenser les patrimoines

-les marchés financiers vont chuter

-l’inflation des prix des biens et services va accélérer

-le leverage va se trouver en difficulté par désolvabilisation des collatéraux

C’est inacceptable et dangereux pas seulement pour les couches sociales concernées mais aussi pour le système car on touche à un de ses fondements: la production systémique d’inégalités comme mode de dépassement des contradictions.

D’ou la recherche de solutions alternatives qui doivent s’articuler de la façon suivante: Il faut créer un pouvoir d’achat nouveau qui soit fondé sur quelque chose de neuf qui ne soit ni le pouvoir de taxer ni le pouvoir d’emprunter.

Il faut inventer si on peut dire un pouvoir d’achat ex-nihilo, à partir de rien, lié à rien:  un pouvoir d’achat super « fiat ».

L’innovation c’est le management, la gestion de la demande par le secteur public lequel se finance directement de façon régalienne en usant de son pouvoir autoritaire d’émission de monnaie non gagée, non backée.

L’innovation c’est le prolongement de la situation créée par les politiques monétaires non conventionnelles et leur socialisation.Il s’agit de modifier les théories monétaires, les gestions monétaires, les concepts même de monnaie pour permettre une appropriation directe du pouvoir et du monopole monétaire par l’Etat afin de financer les demandes sociales et de réguler la demande totale.

On dépasse  la taxation et on rentre dans un système qui tout en étant le prolongement du capitalisme financier, devient plus socialiste car donnant des pouvoirs gratuits, non votés, discrétionaires à l’Etat donc au Gouvernement donc à une nouvelle Nomenklatura qui va  devenir rivale de celle  des ultra-riches.

Finies les revendications des Rothschild qui disaient que si on leur donnait le contrôle de la monnaie ils auraient le contrôle d’un pays, ce serait fini car le controle de la monnaie serait , progressivement bien sur, socialisé.  Ou plutot accaparé par une nouvelle Nomenklatura.

Il s’agit in fine de sortir du marché, sortir de la commodification une partie importante du surplus social. Ce qui est bien sur est une terrible amputation pour le capital! D’autant  que la dynamique ainsi créée ne s’arrêtera pas là. Cette  voie constitue une sorte d’appropriation directe du surplus, donc d’une partie de la masse des profits, elle ampute le système du capital.

Et ce que je décris c’est la MMT, la Modern Monetary Theory, le chartalism, vous savez cette bestiole qui revient au galop à la mode. Bien sur vos journaux n’en parlent pas.

L’idée tout à fait logique c’est:

pour pouvoir continuer à faire des déficits  l’idée est de trouver un moyen de modifier la nature de la monnaie et de pouvoir à partir de cette modification produire des dettes à l’infini, toujours , sans limite. Des dettes qui ne seront en fait plus des dettes!

C’est l’origine  du succès des nouvelles théories monétaires, en réalité fort anciennes et en particulier de la Modern Monetary Theory ou Chartalism.

Coome on pouvait s’y attendre c’est dans les milieux de la fausse gauche que l’on essaie de remettre à la mode le chartalism. La gauche est dépensière et elle ne peut que continuer à l’être puisqu’elle distribue sans compter. Donc elle creuse les déficits. Si elle trouvait un moyen de persuader les gens que l’on peut raser gratis, que l’argent tombe du ciel et que l’on peut faire tout et n’importe quoi, alors la gauche serait en place pour des siècles.

Il faut pour que les fausses gauches, celles qui veulent non pas changer le système mais le gérer, il faut que l’on puisse faire croire que les déficits sont inoffensifs. C’est la fonction de la MMT ou Chartalism.

Aux USA la nouvelle vedette des démocrates, Alexandria Ocasio Cortez croit au Chartalism , en Grande Bretagne, Corbyn flirte avec le Chartalism, il y a des gens autour de Varoufakis chez Diem 25 qui y croient également. Il y a eu récemment de beaux débats entre l’aile gauche de Corbyn , John Mc Donnell et les éminences de la MMT. Certains chez Mélenchon sont chartalists

La MMT trouve ses supporters chez les gens de la fausse gauche, la gauche élitiste, car elle semble offrir un cadre pour des politiques de dépenses fiscales financées par l’argent de la banque centrale, et l’argent public sans risque de faillite.

Ainsi on peut mener des projets d’infrastructures, créer des emplois, distribuer des prestations, mettre en place un revenu universel, subventionner la recherche, directement. C’est le grand rêve du socialisme fabien; on maintient le système des super-élites et on paie, on achète  les pauvres et les travaux pour les  pauvres avec de la monnaie de singe. Ce que le libéralisme bien sur  ne peut pas faire.

Le chartalisme réalise le rêve keynésien de la multiplication des pains en supprimant la question des limites et du remboursement.  Et donc on sauve le système des élites sans avoir besoin de leur prendre quoi que ce soit ou de recourir à l’austérité.  Et donc on supprime le populisme  qui le menace.

Mais qu’est ce que cette fameuse MMT?

Elle est tirée des travaux de Georg Friedrich Knapp , un économiste Allemand; elle est exposée dans un ouvrage de 1905 intitulé , State Theory of Money. La traduction en anglais date de 1924, je ne connais de traduction en français mais il doit bien y en avoir une.

Cette théorie repose sur une imbécillité historique qui prétend que la monnaie a son orgine dans l’Etat et qu’elle a pour origine les tentatives de l’Etat de diriger l’économie.

Ceci est historiqment rigoureusement faux et nous vous conseillons de faire un peu de recherche historique, géographique et anthropologique  vous verrez que l’origne de la monnaie  ce n’est pas l’Etat mais le troc, les échanges  entre les individus. La monnaie vient du bas , bottom up,  pas du haut. Ce que le haut a fait c’est voler, confisquer. La monnaie historiquement c’est l’équivalent général des marchandises, ce n’est pas la contrepartie , le pendant d’une dette de l’Etat.

La monnaie a  une origine spontanée, quelque fois sacralisée par la religion, comme le culte de Minerve,  née de l’usage et des solutions apportées aux problèmes rencontrés dans son usage.  Que l’Etat ait ensuite cherché à se servir de la monnaie, à tricher et à transformer la monnaie en un « jeton », un token,  ou un morceau de papier sans valeur c’est une autre affaire. Mais il ne faut jamais oublier que le lien entre monnaie et impôts n’est pas historique, avant les impôts étaient payés en nature malgré l’existence de monnaies.

Le chartalism prétend que c’est l’Etat qui a conféré sa valeur à la monnaie en créant le besoin de l’utiliser  pour payer les impôts dont il accablait la population! Singulier révisionnisme. C’est confondre l’estampille qui garantit la valeur avec la valeur elle même, sérieux contresens!  Garantir la valeur et contenir la valeur sont deux choses très différentes! De l’or même  sans estamplille, sans poinçon vaut quand même la valeur de l’or, simplement c’est vrai, c’est plus pratique si on a un cachet qui certifie ! A partir de ce contresens  on comprend que les chartalists n’aient aucune théorie de la valeur des choses: ni la valeur-travail comme les matérialistes ni la valeur-désir comme les marginalistes. La valeur, donc la rareté, ils ne connaissent pas.

Nos zozos mélangent tout.

Bien sur l’Etat peut créer les jetons, la monnaie mais il ne peut pas  en contrôler la valeur, le prix et il suffit d’aller au Venezuela pour savoir que quand la confiance disparaît alors la monnaie ne vaut plus rien. Le fait d’imprimer un chiffre , ce que fait l’Etat des chartalists  ne donne pas  valeur à la monnaie c’est ce que les chartalists ne comprennet pas.

Schumpeter : “Had Knapp merely asserted that the state may declare an object or warrant or token (bearing a sign) to be lawful money and that a proclamation to this effect that a certain pay-token or ticket will be accepted in discharge of taxes must go a long way toward imparting some value to that pay-token or ticket, he would have asserted a truth but a platitudinous one. Had he asserted that such action of the state will determine the value of that pay-token or ticket, he would have asserted an interesting but false proposition.” [History of Economic Analysis, 1954].  I

En conséquence de  quoi les chartalistes ou charlatanistes sont obligés de reconnaître  que la capacité de la monnaie à être une unité de compte pour les débits et les crédits ne dépend fondamentalement que de la confiance que l’on a dans le pouvoir  de l’Etat à l’imposer à sa population.

C’est une gigantesque connerie qui n’a rien à voir avec l’histoire, ou avec la logique.

Si vous avez le courage et l’intérêt  pour comprendre radicalement ce qu’est la monnaie au plan historique, symbolique et imaginaire,  et lire tout ce qu’il est important de savoir sur cette question lisez Jean Joseph Goux.  Non seulement il n’y a pas au dessus mais les références fournies par Goux sont rares et précieuses sur tout ce qui touche la monnaie.

Goux developpe magnifiquement la genèse de la monnaie en tant qu’équivalent général des marchandises de plus en plus commode, puis en tant que catalyseur  de l’activité en système capitaliste.   Avec lui on comprend l’essence de la monnaie, pourquoi l’or a émergé comme  référent puis comme équivalent général permettant le développement des échanges.

La monnaie en  définitive ce n’est pas du pouvoir cristallisé comme le croient  nos zozos chartalistes et la gauche en général, non c’est du travail social cristallisé.

Le chartalism prétend que la monnaie est née comme une unité de compte liée aux dettes et non pas liée aux échanges de marchandises. Ce qui est historiquement et logiquement faux. On cemprend que notre Keynes ait été séduit et influencé par le chartalism, cela allait dans son sens, cela  faisait de la monnaie un outil de domination pour celui qui l’émettait et la contrôlait .  Cela lui convenait, lui qui prétendait résoudre les problèmes de court terme du système en ne se préoccupant pas du long terme.

Il y a quelque chose de vrai dans la MMT/chartalism , c’est que la monnaie est endogène. Le chartalisme rejette l’hypothèse quantitativiste, monétaristes selon laquelle la quantité de monnaie, l’inflation et la deflation dependent des décisions de la banque centrale. Les théories actuelles prétendent que les banques centrales peuvent fabriquer de l’inflation et de la deflation à volonté en pompant de la monnaie ou non, ce sont des  théories exogènes.

La théorie quantitavtive de la monnaie des Chicago Boys est fausse. Elle domine les politiques des banques centrales et des gouvernements depuis le début des années 80 et on voit ou cela nous mené: crises sur crises, croissance ralentie, populisme et guerres. Les élites ne peuvent produire la prospérité en manipulant l’offre de monnaie et c’est exactement ce que démontre l’échec de leur QE et autres délires non conventionnels. Malgré les  trillions, à part les cours de Bourse, rien n’a évolué dans la bonne direction, ni la vraie production de crédit ni la croissance réelle, tout est allé dans  les nuages de la spéculation et de la fausse fortune.

C’est la demande de monnaie  qui conduit l’offre et non l’inverse: les banques accordent des prêts lorsqu’il y a une demande et ainsi cela fabrique des dépôts, ce qui produit de la monnaie.  Les dettes et les dépôts produisent la monnaie et non l’inverse.  La monnaie n’est pas une  sorte de voile sur l’économie réelle que l’on peut négliger dans les raisonnements, elle n’est pas neutre. Nos économies sont monétaires. Radicalement monétaires.

Le détenteur  de capitaux monétaires investit dans une production , dans une innovation, il embauche du personnel, il produit quelque chose qu’il vend, réalise un profit et se retrouve avec plus d’argent qu’il n’en avait au début.

C’est cela schématisé l’économie capitaliste. C’est une économie qui part de la monnaie et qui retourne à la monnaie et ainsi de suite. Et pour fonctionner on comprend  aisément qu’il lui faut donc demander de la monnaie et du crédit et que cette  demande vient directement du processus de production.

La demande de monnaie adressée  par le capital produit la demande  de crédit et donc toute la chaîne avec les dépôts et la monnaie bancaire . les banques produisent du crédit pour satisfaire les  besoins de la production ,elles ne puisent pas dans un réservoir de fonds  qui viendrait d’ailleurs .

Et c’est pour ne pas comprendre cela que les  banquiers centraux ont échoué depuis 10 ans . Eux croient que l’on puise dans  un réservoir, dans un pool, dans  les réserves et donc ils ont créé des réserves, les naifs.  Non le crédit s’origine dans la production, dans le processus économique et si on soutient le contraire, on marche sur la tête. La monnaie et le crédit résultent  du processus de production on ne peut inverser, si on le fait c’est le « cargo cult », c’est l’appel à la magie.

La monnaie et le crédit sont un résultat tout comme l’emploi, ce sont des résultats du processus de production.

Revenons  à nos Chartalists; ils soutiennent que la demande de monnaie est soit gouvernée par les « animal spirits »,  les fantaisies des agents économiques individuels soit par les besoins de crédit de l’Etat .

Donc nos chartalists déconnectent  la  demande de crédit et la production de monnaie du processus  économique réel et ce faisant, ils s’exposent à la politique, et son avatar, la démagogie.

Si vous contrôlez la quantité de monnaie, vous ne pouvez contrôler son prix, ce qui veut dire que le chartalism contient en lui même  sa propre destruction.

Le vice fondamental et radical des théories monétaires du type chartalism c’est qu’elles n’arrivent pas  à comprendre que la monnaie n’incarne pas la valeur, elle ne fait qu’en etre  le signe, que la  représenter.

Pour les gens  de la MMT la valeur n’existe pas, elle est ignorée. Seule existe sa représentation. C’est la névrose suprême de notre époque celle qui consiste a prendre les ombres pour les corps et à croire qu’en manipulant les ombres chinoises sur les murs on transforme la réalité.  C’est par exemple tout le fond du macronisme et de l’ancien rocardisme dont il est l’avatar.

Comme me dit un partisan de la MMT:

Like Marxism, MMT grounds value in the construction and maintenance of a collective material reality.

It accordingly rejects neoclassical utility theory, which roots value in the play of individual preferences.

Only, in contrast to Marxism, MMT argues that the production of value is conditioned by money’s abstract fiscal capacity and the hierarchy of mediation it supports.

MMT hardly dismisses the pull of physical gravitation on human reality. Rather, it implicitly de-prioritizes gravity’s causality in political and economic processes, showing how the ideal conditions the real via money’s distributed pyramidal structure.”

Traduction de cette bouillie pour les chats: la monnaie n’est arrimée à aucune loi de la Valeur, à aucune rareté, elle n’est pas soumise à la loi de la gravitation,  elle peut flotter, léviter . la monnaie est la cause primaire de la valeur et non l’inverse!

Comment peut on marcher sur la tête à ce point!

Les chartalists, gens  de gauche fabienne pour la plupart croient que la l’on peut séparer la monnaie de la Valeur , et en faire la force de changement dans le système!

Ils n’ont pas compris que la Valeur s’enracinait dans la réalité, dans les relations sociales et non pas dans les rapports monétaires , les rapports monétaires ne sont que les représentations, les discours, les signes qu’on plaque sur la réalité.

Ils font la même erreur que le gentil  Proudhon qui croyait que tous maux venaient de la monnaie , c’est à dire de l’instrument de la circulation des richesses et des marchandises!

 

 

 

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10 réflexions sur “Editorial: est-il temps de confisquer l’argent de riches

  1. Comprendre et apprendre , merci pour votre réponse
    Je ne savais pas qu’il y avait eu une politique des revenus.
    Vous avez une fois de plus résumé clairement et simplement des interactions complexes qui ont amené à la situation actuelle de notre système

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  2. Pour taxer les trés riches il faut que ce soit internationnal et que les Trusts et off shores ne soeint plus des paradis fiscaux, et que l’ on connaisse un peu mieux la véritable origine des fortunes.

    Inutile de dire qu’ils ne couperons pas la branche sur laquelle ils sont assis.

    Pour taxer les riches-entrepreneurs , c’est bien sur contreproductif
    il faudrait plutôt reduire la grande différence entre les plus bas salaires et les plus hauts
    et pour les propriétaires immobilers à part la résidence principale il faudrait peur être taxer selon la valeur du bien sans possibilité de déductions fiscales à part celles des travaux

    comment des trillions échapent aux contôles
    investment advisor and former Assistant Secretary of Housing Catherine Austin Fitts s
    https://usawatchdog.com/secret-money-for-private-armies-catherine-austin-fitts/

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    1. Vous avez je suppose compris que je ne crois pas un instant que la taxation des riches puisse constituer la solution aux contradictons et aux déséquilbres de nos systèmes.

      Mon hypothèse de travail est et reste que le moteur de notre système est le profit; que notre système souffre d’un exces de capital et donc d’une insuffisance de profitabilité et je n’ai rien trouvé à ce jour de meilleur.

      La masse de capital est trop colossale face à trop peu de profit/surplus. On ne peut à la fois investir, satisfaire le capital, payer les impots, distribuer de bons salaires, etc

      Les impots ne sont pas assez elevés pour couvrir les depenses des gouvernements donc ils s’endettent ; et comme les salariés sont dans un cycle de faiblesse ce sont eux qui trinquent par des salaires insuffisants Tout cela fait une demande solvable insuffisante qui est compensée par le recours au crédit.

      La masse de credit devient la dette et la dette pour celui qui la porte est un capital.
      Le système fabrique sa propre contradiction.puisque qu’il crée du capital fictif pour faire face à un exces de capital!

      La taxation des riches aurait un effet sur la masse de capital qui prétend toucher son profit si comme vous le dites on supprimait la libre circulation des capitaux, ce qui ne semble pas d ‘actualité. Et si en même temps on empêchait le capital de hausser les prix des marchandises pour faire supporter la taxation au consommateur.

      Qaund le capital est en position de force toutes les taxations sont toujours reportées sur les consommateurs.

      La seule solution c’est la destruction des dettes c’est a dire le Jubilé.

      Une taxation des riches pourrait etre conçue comme un Jubilé, pure destruction de leur capital. Je ne vois personne aller dans cette direction! Mais la fonction des vraies crises est celle la; la destruction du capital qui est excedentaire.

      Vive les Crises! Les vraies pas celles avec des bail out !

      Le mal c’est d’abord qu’il n’y a plus de crises de destruction et qu’ensuite qu’il n’y a plus d’inflation qui érode la valeur réelle du capital face aux cash flows. L’inflation est un phenomène qui contrecarre l’accumulation sans fin or on ne peut plus en faire car le capital investi dans les dettes surtout les dettes des gouvernements, n’en veut pas.

      Exposer les idées qui dont dans l’air ne signifie pas qu’on les endosse.

      L’idée que l’on peut resoudre les problèmes en taxant les riches est dans l’air.

      Bloomberg toute la semaine dernière a publié des opinions sur ce sujet donc il faut en parler car cela fera l’objet d’un débat politique.

      J’ai soutenu il y a quelquetemps à mon fils, économiste, que l’on allait vers une politique dite des revenus. C’est à dire que l’on va limiter les écarts de revenus et fortune par la fiscalité.

      Lui n’a connu que la politique libérale qui dit que les facteurs de production doivent être remunérés selon le prix du marché et donc selon leur rareté et utilité.

      Moi j’ai connu des politiques dites de revenus .

      Peu de gens connaisseint les politique de revenus, souvent elles sont pratiquées après les guerres.

      L’argument pour les mettre en place c’est la justice, le partage des efforts et la lutte contre l’enrichissement sans cause ou douteux. Les profits de guerre par exemple.

      La hausse bullaire des valeurs boursières est un profit de guerre, de guerre contre la crise!

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  3. Votre billet me fait réfléchir sur 3 points.

    D’abord, la faculté des dominants à élaborer/promouvoir un corpus théorique permettant de justifier leurs exactions. Aller chercher un obscur auteur allemand du début du siècle dernier pour fonder une théorie truc, cela tient du génie! Les écrits de Keynes avaient déjà été tordus au delà du raisonnable pour justifier l’interventionnisme de l’Etat à tous les étages.

    Ensuite, la principale opposition « morale » à la taxation des riches est le discours de la récompense de la prise des risques. Si le système était juste, je n’y trouverais rien à redire. Mais le capitalisme compradores ne prend plus de risques, il est à l’abri avec les puts des banques centrales ou la mise en coupe réglée des consommateurs/contribuables pour nettoyer les écuries lorsque le fumier déborde. Le système politique étant au service de ces compradores, qui bénéficient de surcroit de la mobilité internationale du capital, il est probable que si une taxation « des riches » s’accroissait, elle pèserait sur ce qui reste de capitalistes entreprenariaux, avec paupérisation de l’ensemble de la société à la clé. Dit autrement, il ne faudrait pas parler de taxation des riches, mais des ultra riches avec comme justification leur participation à ee qui tient lieu d’assurance à leur fortune, à savoir les soutiens publics.

    Pour finir, la MMT finit, la seule inconnue étant l’échéance, par des situations du type Zimbabwe ou Venezuela avec une monnaie qui ne vaut même plus son cout de fabrication, avec de l’hyperinflation. Il est sans doute possible de retarder l’échéance de retour à la valeur zéro de la monnaie par la force, mais cela ne peut pas durer une éternité, non plus. Je pense que les élites anticipent largement ce dénouement en achetant à tour de bras des actifs tangibles,

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  4. Selon les recherches anthropologiques récentes, la monnaie à son origine n’était pas porteuse de valeur marchande mais bien de valeur sociale ou morale. Le problème aujourd’hui est que la monnaie est outil de spoliation de valeurs sans morale et destructrice du lien social.

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  5. Brilliant merci monsieur Bertez.

    Si je puis me permettre j’aimerais apporter une suggestion.

    Pour résumer, La base du système capitaliste ,
    pas celui actuel dénaturé ou les non profitables allocations du capital gratuit, crée à partir de rien par les banques centrale du monde entier qui ont inondées, en concert, le marché financier afin de pouvoir acheter/racheter les dettes pourries des gouvernements et des grandes entreprises , les actions, les obligations et soutenu les emprunteurs du secteur immobilier en leur octroyant des crédits sans tenir compte du risque de défaut des emprunteurs parce que cette liquidité = toujours trouver un acheteur a un prix plus élevé ect . et/ ou les gouvernement /banques centrales rachètent en permanence ces dettes et les taux/ la prime de risque reste basse.

    Conséquemment, la contrepartie, le risque a été dilué, redistribué à grande échelle (pour faire croire qu’il n’existe plus )principalement via les achats des produits financiers risqués mais avec un rendement un peu plus élevé comme les obligations des gouvernements et des dettes « junks » ou juste au-dessus les BBB, des entreprises par, en particulier les caisses de pensions,
    Et toute les autre manipulations comptables tel que le FASB et maintenant encore plus tordu le FASB56 qui non seulement permet de ne plus comptabiliser les avoirs en « market to market » mais aussi d’avoir légaliser les comptes/comptabilités « off books » sans ne devoir rendre aucun compte car les informations sont devenues grâce à ce FSAB56 « classified » aux USA

    Et la liste des « engineering « financiers pour dissimuler les insolvabilités et les fraudes non « sanctionnables » est bien trop longue et complexe pour être énumérée.

    Voilà donc pourquoi malgré l’injection permanente de trillions, personne ne peut savoir ou ces flows/argent vont car il n’y a aucune transparence ,aucune vérification, aucun compte rendu et l’économie réelle n’en profite pas , ni la société en général
    et donc seule une minuscule et de plus en plus puissante partie des populations en sont les bénéficiaires « l’effet Cantillion » et peuvent presque tout acheter et ces richesse de papiers financiers sont allées a la recherche de leur contrepartie et se sont investis partout pour obtenir un cash-flow et ont accéléré la privatisation des richesses , des biens publiques vendus en dessous de leur valeur réelle aux de plus en plus nombreux « private equity » et fonds de toutes sortes nationaux et internationaux y compris les fonds souverains.

    Mais comme la dette devient de moins en moins profitable et perd de plus en plus vite de son pouvoir de soutenir les biens papiers/financiers et que les déséquilibres entre ce qui ont et les autres sont devenus insupportables il faut trouver autre chose : Le MMT .
    .
    Mais cette mascarade de plus ne pourra pas longtemps masquer le fait que la monnaie de singe utilisée dans ce système de capitaliste dévoyé finira par exiger que la demande monnaie et du crédit vienne directement du processus de production et soit donc limite

    Pour ce faire il se pourrait que l’or ou autre chose de précieux (commodité sous forme de ?imaginons lettre de crédit ou tout autre moyen de/garantie de collatéral qui représentant une valeur déconnectée du papier, serve au niveau des échanges internationaux du commerce a l’achat des biens et services .

    Une nouvelle monnaie d’échange commerciale qui permette à la chaine de production, a l’économie et aux échanges internationaux de continuer et peut être éviter les guerres.

    Pour les échanges nationaux et les budgets la monnaie papier pourrait être gardée mais provoquera de toute façon une inflation permanente élevée puisqu’elle sera trop élastique= produite pour combler les immenses déficits permanents dus aux montagnes de dettes présentes et avenir si il n’y a pas une forme de « Debt Jubile » mise en place.

    In fine l’inflation /la perte de confiance dans la monnaie-dette devrait pousser vers une refonte du système international mais comment et quand ,
    et a qui profitera la redistribution des cartes,
    et qui controllera
    Ce sont les seules inconnues .

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  6. Merci pour cet exposé détaillé de votre réflexion sur la question.

    Je ne peux m’empêcher de penser à la querelle des universaux au moyen âge, entre nominalistes et réalistes, sans exagérer outre mesure l’analogie. On est en pleine théologie!

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