Un mot sur les retraites: l’abattoir financier

 

Rédigé par
Bruno Bertez
12 décembre 2019

Alors que l’affrontement se poursuit sur le sujet des retraites, une solution est à éviter à tout prix…

Il serait criminel d’imposer la retraite par capitalisation aujourd’hui.

La capitalisation, c’est la mise en danger du capital des assurés à un moment où les titres représentatifs du capital – actions et obligations – sont très largement surévalués sur la base de tous les critères historiques connus.

Les titres obligataires sans risque ne rapportent rien. Le rendement nominal est soit zéro, soit négatif – ce qui signifie qu’en réel, hors inflation, il est largement négatif.

N’oublions pas qu’il faut aussi ajouter les frais de gestion.

Ainsi, en matière obligataire, capitaliser est impossible : on paie pour prêter son argent ! A terme, le capital placé n’est pas augmenté , il est amputé.

Et les actions ?

En la matière, tout est surévalué dans des proportions variables, certes, mais colossales.

Quand on vous dit que les actions sont à leur prix, on oublie l’essentiel, volontairement. L’affirmation complète devrait être: les actions sont à leur prix pour ne rien rapporter à horizon de 12 ans.

Un investissement immobilier censé rapporter 1% est correctement valorisé à 100 si le loyer est de 1, mais il est surévalué si le prix payé pour l’immobilier est de 200 car alors son rendement n’est plus que de 0,5%.

La notion de valorisation est relative à un rendement espéré ; mais les banqueirs et les gouvernements oublient cette partie de la phrase.

Ce qui veut dire qu’un portefeille actions constitué maintenant sur les prix actuels non seulement ne rapportera rien, mais en plus vous avez la quasi certitude que tout compris, dividendes réinvestis, le capital récupéré ne sera pas supérieur à celui que vous avez misé;

Les actions sont à leur prix compte tenu du fait que dans le monde actel, avec la politique actuelle tout est valorisé, commes les fonds d’état, pour rapporter zéro ou moins que zéro. Il faut que le coût des dettes soit nul, voila ce que jamais on ne vous dit. Et si le coût des dettes doit être nul, les actions non plus ne doivent rien rapporter car il y a un arbitrage constant entre tous les actifs financiers et tous en fait se mettent au même niveau de rendement.

A horizon de 12 ans , il est impossible d’accumuler, de capitaliser. Je vous fait remarquer que 12 ans, c’est un horizon tout à fait significatif pour une retraite ou un complément de retraite.

Pourquoi  est il devenu impossible de « capitaliser » d’accumuler?

Parce que depuis la crise de 2008 , crise  qui est une crise d’excès de dettes , pour faire tenir le système sans qu’il s’effondre, il a fallu faire en sorte que les taux d’intérêt baissent sans arrêt: sans la baisse des taux, les débiteurs n’auraient pas pu honorer leurs dettes; les créanciers auraient fait faillite, le système bancaire aurait sombré et les gouvernements super-endettés auraient été insolvables.

Parce que tout est surévalué par volonté politique, pour éviter l’effondrement du système. On a mis les taux de rendement à zéro ou moins que zéro pour éviter que la pyramide mondiale de 255 trillions de dettes ne s’effondre et aussi pour éviter que toutes les promesses commes les retraites ne grossissent.

Les actions américaines valent trois fois plus cher que ce qu’elles devraient valoir pour obtenir le rendement historique de 6%. Si l’on voulait envisager un rendement et un risque normaux, historique de 6% il faudrait que les indices chutent de 56% ! Les actions européennes sont dans une situation encore pire car la politique de taux de la BCE est encore plus délirante que celle de la Fed américaine.

Aux cours actuels, les actions ne rapporteront rien, dividendes réinvestis, avant 12 ans. Et entre temps, il y aura eu des accès de faiblesse comme en 2000 et 2007/2008/2009. Je vous rappellel que les baisses boursières de ces périodes ont été de plus de 50%; dont 83% pour le Nasdaq lors de la crise des Telcos.

Inciter à la capitalisation dans les conditions présentes est un vol, un hold-up. Cela ne servirait qu’à fournir un parachute boursier aux ultra-riches et aux financiers – l’équivalent de leur offrir un put, une option de vente.

Faire passer, inciter à la capitalisation équivaut à diriger les salariés vers l’abattoir financier .

Quant à l’immobilier, il ne rapporte plus rien en réel et sa valorisation fragile suppose une forte accélération de l’inflation et des revenus locatifs, ce qui est exclu sauf si les salaires dérapent fortement. Auquel cas le marché financier s’effondrerait.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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6 réflexions sur “Un mot sur les retraites: l’abattoir financier

  1. « L’Elysée et l’incontournable Blackrock travaillent main dans la main pour réformer la retraite des français. Blackrock en est un des plus grands spécialistes planétaires.

    En effet, Blackrock, le monstre de Wall Street, gère 7000 milliards de dollars d’actifs. Or, la source première de ces actifs est l’argent de la retraite. » Or comme vous nous le précisez on choisit le pire moment et pire on trahit les futurs retraités en leur cachant la vérité puisque le but véritable c’est celui là, le reste le monde du détail avec la retraite à 64 ans… n’est là que pour nous occuper l’esprit et ne pas voir l’essentiel de la tromperie. Macron et ses cochons font de la magie pendant qu’on regarde la main droite sortir le lapin du chapeau et de l’autre ils nous font les poches. Pour étayer mon propos je renvoie à l’excellent boulot de LHK: « l’épargne représente bien évidemment un enjeu de premier plan, qu’il s’agit de récupérer. Cette denrée rare doit ensuite être rendue inaccessible à l’épargnant, et ce de manière durable !
     » Or, la principale épargne est celle de la retraite »: https://lilianeheldkhawam.com/2019/12/10/epargne-retraite-un-acces-toujours-plus-complique-lhk/#more-44317

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  2. Pourquoi prenez vous 12 ans et non dix ou 15 ans ? 12 ans c’était la valorisation des murs commerciaux 12 x les loyers à l’époque où on attendait un rendement de 8 ou 10 %.
    Pourquoi 12 ans? pourquoi ce chiffre là plutôt qu’un autre ?

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    1. Bonne question Lisa
      pour deux raisons:

      -parce que la durée moyenne historique d’un cycle complet de hausse et de baisse c’est 12 ans
      -parce que 12 ans c’est exactement la durée qui donne la meilleure corrélation mathématique entre le niveau auquel vous faites un investissement en actions et sa performance.

      La corrélation sur 10 ans est très forte aussi mais elle est un peu inférieure à celle obtenue sur 12 ans, laquelle est superieure à 98%.

      alors autant choisir la meilleure..

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  3. On voit mieux avec Macron ce qui se devinait avec Sarko: La privatisation par et pour les copains des retraites, de l’école, de la santé, de l’eau , du foncier agricole

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