Rédigé par
19 octobre 2021
La « financiarisation » est responsable du plus grand transfert de richesse de tous les temps.
la financiarisation est le processus par lequel se produisent les inégalités.
Contrairement aux credos des zozos des banques centrales, la financiarisation est déflationniste.
Elle augmente l’attrait du capital fictif, elle augmente la masse de capital parasitaire de poids mort dans le système et ce capital fictif exige son profit. La financiasation peu à peu se pervertit: d’esclave de la production, elle devient son maitre.
Elle dissuade d’investir en plaçant la barre du couple risque/rentabilité trop haut.
Un fourre-tout qu’il est important de définir
Le mot « financiarisation », comme le mot « néo-libéralisme », est à la mode ; il est mis à toutes les sauces.
Quasi personne ne prend la peine de voir ce qu’il recouvre. C’est d’ailleurs la même chose pour le néo-libéralisme.
On nous vend pour du libéralisme ce qui n’est que la liberté pour les firmes et le capital de surexploiter les salariés grâce au soutien actif et cynique des gouvernements et des banques centrales.
La liberté d’entreprendre que prône la théorie libérale n’est pas la liberté d’exploiter et surexploiter. Le business n’est pas l’entreprise mais presque sa négation.
Je soutiens que la financiarisation est une béquille du capital. C’est une sorte de subvention.
Les banques centrales, par la financiarisation qu’elles entretiennent, sont les agents du plus grand transfert silencieux de richesses – revenus et patrimoines – de tous les temps en faveur du business et de ses gouvernements.
Elles jonglent avec des milliers de milliards alors que les moyens traditionnels d’exploitation ne déplacent que des milliards.
La financiarisation est partout ; pourtant, elle est mal connue, méconnue et surtout opaque.
Le mot – ou le concept – est utilisé pour expliquer les crises, l’augmentation des inégalités dans les économies modernes depuis 40 ans, et on s’en sert aussi comme fourre-tout responsable de l’instabilité.
Bien entendu, personne ne prend la peine de préciser ce qu’il entend par « financiarisation » et encore moins de montrer par quels mécanismes organiques la financiarisation serait responsable des dérèglements.
Il suffit de l’affirmer d’un air docte et sentencieux et la cause est entendue.
La cause est entendue d’autant plus facilement que dans « financiarisation » il y a finance, que la finance, la chose d’argent, a mauvaise presse avec des connotations sordides sinon racistes.
Que signifie le terme « financiarisation » ? Ajoute-t-il quelque chose à notre compréhension des problèmes que rencontre le capitalisme moderne ? Et surtout, peut-on se passer de la financiarisation, peut-on revenir en arrière ?
Ce terme est utilisé si largement qu’il fournit peu d’informations supplémentaires sur le système et sa situation.
La définition la plus intéressante a été proposée par le professeur d’économie Gerald Epstein. Elle se formule comme suit :
« La financiarisation pointe le rôle croissant des motivations financières, des marchés financiers, des acteurs financiers et des institutions financières dans le fonctionnement des économies nationales et internationales ».
Une évidence actuellement
Sous cet aspect, la financiarisation est l’évidence qui s’impose quand on observe le développement/déploiement du capitalisme moderne. La finance, le pognon sont omniprésent, tout ruisselle de finance.
Mais comme le dit Epstein :
« Certains auteurs utilisent le terme ‘financiarisation’ pour désigner l’ascendant de la ‘valeur actionnariale’ en tant que mode de gouvernance d’entreprise ;
– certains l’utilisent pour faire référence à la domination croissante des systèmes financiers du marché des capitaux sur les systèmes financiers bancaires ;
– certains suivent l’exemple de [Rudolf] Hilferding [théoricien et économiste autrichien, NDLR] et utilisent le terme ‘financiarisation’ pour désigner le pouvoir politique et économique croissant d’un groupe de classe particulier : la classe rentière ;
– pour certains, la financiarisation représente l’explosion du commerce financier avec une myriade de nouveaux instruments financiers ;
– enfin, pour [Greta] Krippner [sociologue spécialisée notamment en économie et politique, NDLR] le terme fait référence à un ‘modèle d’accumulation dans lequel la réalisation de bénéfices se fait de plus en plus par les canaux financiers plutôt que par la production et la circulation des marchandises’. »
Dans mes textes, j’utilise le terme de financiarisation alternativement sous les différents aspects énoncés par Epstein, sans préciser, puisque c’est le contexte qui indique ce que je vise.
Je précise que j’utilise également abusivement le sens de Krippner pour les besoins de la simplicité. Toutefois, je ne me rallie absolument pas à sa conception selon laquelle il y aurait d’autres sources de bénéfices dans le système que la production de biens et de services : pour moi, le bénéfice qui apparaît dans la finance est un prélèvement sur le bénéfice/la plus-value extorquée aux salariés de la production ; il ne prend pas naissance dans la finance elle-même la finance prélève et fait circuler.
Pour autant, cela ne veut pas dire que la finance et la monnaie ne produisent pas des valeurs, des bénéfices et des plus-values fictives. Mais c’est une autre histoire.
Cette production de valeurs fictives correspond à un transfert de richesses : on prend dans la poche des uns pour mettre dans la poche des autres, puisqu’on accroît le pouvoir de prélèvement des déjà-riches sur les biens réels en gonflant leur fortune boursière par l’alchimie, par exemple.
A suivre…
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]
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Merci. Je vois en effet des analogies dans vos explications et la loi de Gresham. Ceux qui ont accès à la monnaie banque centrale s’empresse de s’en débarrasser en acquérant des actifs qui vont demander un rendement et ainsi concurrencer déloyalement le capital productif.
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Si la mauvaise monnaie chasse la bonne il ne faut pas s’étonner que le mauvais capital chasse le bon.
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Cette remarque me semble très juste et très riche.
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