Le texte ci dessous de Crooke est confus, emberlificoté mais il a le mérite de poser la question de la santé mentale de l’Occident.
Il avance l’idée que nous sommes dirigés par des psychotiques qui ont perdu accès au vrai monde et ont fini par confondre leurs récits avec la réalité.
Ils s’enfoncent dans leurs illusion sans se poser de questions. C’est une psychose de groupe.
Note: les gens ont du mal accepter ce type d’interprétation car pour eux, les dirigeants sont au dessus de tout cela, ils ont une auréole et sont omniscients, infaillibles et omnipotents c’est une croyance , un héritage archétypal de la Royauté et de ses origines divines.
Ce qui est nouveau semble-t-il c’est le fait que les récits Occidentaux ne sont plus accueillis sans critique par le Reste du Monde, les récits contraires, antagoniques trouvent leur chemin comme en témoignent les récentes évolutions diplomatiques au Moyen Orient.
Cette moindre prégnance des récits occidentaux et ce rejet de leur pseudo réalité est un évènement qui peut faire boule de neige; les différents pays concernés » ne se sentent plus seuls » , il y a une sorte d‘ »effet de libération contagieuse » et d’imitation.
Crooke explique que l’Occident est entrainé à sans cesse aller plus loin dans l’absurdité: « Tout retour en arrière des « principaux » pourrait entraîner l’effondrement du « château de cartes » narratif des médias ».
C’est une idée intéressante et peut être juste; l’Occident est dans une alter-réalité et il ne peut que continuer à l’intérieur de cette autre réalité parce que si il ne le fait pas, tout son chateau de cartes narratif s’effondre.
Dans le chateau de cartes narratif personnellement j’inclus le mythe de la puissance américaine, du contrôle et de l’omnipotence qui est au coeur du système etatsunien et de son exceptionnalisme. Cela inclut aussi tout le narratif qui est sous-jacent à l’hégémonie du dollar , qui selon moi est du type chateau de cartes ou pyramide ou chaine de ponzi. Ce que l’on designe comme bullaire.
Le dollar est la bulle-mère de tout le système occidental, voila ce que je veux souligner . Et il tient par « miracle » il tient par « croyance » et par une sorte de « magie » qui entretient des perceptions.
Note: on retrouve ici ma similitude, mon isomorphisme recurrent , tracé entre parole et monnaie, fausse parole et fausse monnaie. On ne peut dire la vérite car on prendrait le risque de faire découvrir le pot au roses de la fausse monnaie: le dollar.
Je me pose la question y aurait-il un lien entre la guerre financière et monétaire qui fait rage dans les coulisses et l’impossibilité pour L’Occident de changer de narratif, de reconnaitre ses erreurs, ses faiblesses, ses illusions? Reconnaitre par le changement de recit qu’il s’est trompé peut produire un choc dans la psychologie des foules et une sorte de retour sur terre.
Autrement dit est-ce que l’Occident n’est pas coincé par l’autre aspect de la guerree, l’absolue necessité de maintenir l’hegemon monétaire.
Si l’hegemon monétaire repose sur une bulle de récit et si cette bulle crève la chute peut être sévère voire irrémédiable.
Nous sommes dans la psychologie des foules ne l’oublions pas. Les americains ont été asez fous pour remettre leur destin entre les mains des marchés de capitaux, , des marchés colossaux, irrationnels, dominés par le jeu et les affects et qui dit marchés dit animal spirits difficilement controlables. Souvenez vous de la chute au lendemain du 11 septembre.
En clair l’Occident ne peut renoncer à ses récits idiots parce qu’il doit les maintenir sauf à courir le risque d’un choc sur le dollar.
L’hegemon monétaire repose sur une bulle d’exceptionnalisme en quelque sorte, il faut non pas faire ce qu’il faut pour s’adapter au réel, mais faire ce qu’il faut pour prolonger le narratif.
L’impasse de l’Occident est narrative. Il ne sait plus quoi dire!
c’est à creuser.
Si je me risquais a une audace de mauvais gout, je dirai
qu’aux Etats Unis il y a un lien étroit entre relever le plafond de la dette et relever le plafond de la stupidité.
29 mai 2023
Croire des choses impossibles
L‘antagonisme amer et sans fin à Poutine et à la Russie a permis à une réalité auto-imaginée par l’Amerique de se détacher, et de devenir finalement une illusion .
Le récent sommet du G7 doit être compris comme premièrement, la formation d’un espace de bataille dans la « guerre des récits » dont le principal « front » aujourd’hui est l’insistance de l’équipe Biden sur le fait qu’une seule « réalité » – l’idéologie des « règles » dirigée par les États-Unis peut prédominer. Et, deuxièmement, souligner ostensiblement que l’Occident n’est « pas perdant » dans cette guerre contre l’autre « réalité ».
Cette autre réalité est l’« altérité » multivalente qui, de toute évidence, suscite de plus en plus d’adhésions dans le monde.
Beaucoup en Occident ne sont tout simplement pas conscients de la vitesse à laquelle les plaques tectoniques géopolitiques se déplacent : la bifurcation des plaques d’origine (l’ échec de la guerre financière déclarée contre la Russie) a déjà conduit à une vague de construction. La colère grandit. Désormais, les gens ne se sentent plus seuls à rejeter l’hégémonie occidentale – ils « ne s’en soucient plus ».
Dans la semaine qui a précédé le sommet du G7, la Ligue arabe est littéralement « devenue multipolaire » ; elle a quitté son ancienne automaticité pro-américaine. L’étreinte du président Assad et du gouvernement syrien était à la fois la conséquence logique du changement de plaque tectonique secondaire déclenché par la Chine avec sa diplomatie saoudo-iranienne – une révolution que Mohammad bin Salman (MbS) a ensuite logiquement étendue à toute la sphère arabe. .
MbS a scellé cette « rupture » du contrôle américain en invitant le président al-Assad au Sommet pour symboliser l’acte d’iconoclasme généralisé de la Ligue.
Pour les Occidentaux , il est ontologiquement impossible de tolérer que leur réalité soit démontée : voir leur société et le monde se scinder en deux. Cependant, la réalité narrative est tellement ancrée dans l’efficacité bien rodée de la messagerie MSM que les politiciens sont devenus paresseux. Ils n’ont pas à plaider leur cause et n’ont aucune incitation à retenir des contrevérités non plus.
La dynamique est exorable : une « réalité monolithique » surfaite se transforme en un combat manichéen à mort. Tout retour en arrière des « principaux » pourrait entraîner l’effondrement du « château de cartes » narratif des médias. (Cette notion d’une réalité monolithique n’est pas partagée par la plupart des autres sociétés qui voient la réalité comme ayant de multiples facettes).
Le déni devient endémique. Ainsi, nous assistons à un G7 belliciste, détournant du revers narratif (de la chute de Bakhmut) par l’ étreinte désinvolte d’un stratagème pour fournir des F-16 à l’Ukraine ; réprimander la Chine pour ne pas avoir fait « reculer » le président Poutine en Ukraine ; et utiliser la réunion pour établir un cadre narratif pour la confrontation à venir avec la Chine sur les questions commerciales et Taiwan.
Une commentatrice au sommet s’est demandé « Suis-je toujours en Europe ou au Japon ? », alors qu’elle écoutait la rhétorique comme si elle était tirée du discours précédent de Von Der Leyen à l’UE.
Von de Leyen avait élaboré la formulation de « réduction des risques » avec la Chine pour masquer la bifurcation rampante UE-Chine dans la production de l’usine de la Commission européenne. Cette remarque permet cependant de souligner que Von der Leyen est devenu de facto membre de l’équipe Biden.
La Chine a répondu avec colère à l’allégation du sommet du G7 selon laquelle elle était devenu un atelier pour « diffamer » et calomnier la Chine.
Cette vaste mise en forme narrative de la confrontation avec la Chine est considérée comme nécessaire par le G7, car le reste du monde ne considère pas la Chine comme une véritable « menace » pour les États-Unis : ils comprennent plutôt que les véritables « menaces » pour les États-Unis dérivent de ses divisions internes, et non de sources externes.
La saillance du G7 ne réside pas tant dans les récits anti-chinois qui sont lancés, mais dans le fait que tout l’épisode exprime un déni hubristique occidental, qui laisse présager un danger extrême en Ukraine. Cela témoigne de la réalité que l’Occident , dans son mode mental actuel , sera incapable de proposer une initiative politique crédible pour mettre fin au conflit en Ukraine .
Le langage du G7 renonce à toute diplomatie sérieuse et signale que l’impératif reste de s’en tenir au mantra « ne pas perdre » : la chute de Bakhmut n’est pas une défaite pour Kiev, mais une perte à la Pyrrhus pour Poutine ; L’Ukraine est en train de gagner, Poutine est en train de perdre, c’était le message du G7.
L’orgueil réside dans la condescendance éternelle de l’Occident envers le président Poutine et la Russie. Washington (et Londres) ne peuvent tout simplement pas se détromper de la conviction que la Russie est fragile ; ses forces armées à peine, voire pas du tout, compétentes ; sa cratère économique; et que, par conséquent, Poutine saisirait probablement à peu près n’importe quel « rameau d’olivier » que l’Amérique voudrait lui offrir.
Que le président Xi puisse – ou veuille – faire pression sur Poutine pour qu’il « recule » en Ukraine et accepte un cessez-le-feu aux conditions de l’UE – qui sont les « conditions de Zelensky » – est illusoire. Pourtant, certains dirigeants clés de l’UE semblent sincèrement penser que Xi ou Modi peut forcer Poutine à quitter l’Ukraine à des conditions tout à fait favorables à Kiev. Ces dirigeants européens sont tout simplement dangereusement otages des processus psychologiques qui alimentent leur négationnisme.
La Russie « gagne » sur le front de la guerre financière et sur le front diplomatique mondial. Elle a un avantage écrasant en nombre et en forces; elle a l’avantage en armement ; elle a l’avantage dans le ciel et dans la sphère Electro-magnétique. Alors que l’Ukraine est en déroute, ses forces décimées et l’entité de Kiev s’effondre rapidement.
Ne comprennent-ils pas ? Non. L’antagonisme amer et sans fin à Poutine et à la Russie a permis à une réalité auto-imaginée de se détacher ; dériver de plus en plus loin de tout lien avec la réalité ; puis de passer à l’illusion – toujours en s’appuyant sur des pom-pom girls partageant les mêmes idées pour la validation et la radicalisation prolongée.
C’est une psychose grave.
Parce qu’au lieu d’aborder le conflit de manière rationnelle, l’Occident propose systématiquement des » non partants » tels qu’un » conflit gelé « . Pensent-ils sérieusement que la Russie va « s’asseoir » pendant que l’Occident « dresse » un mandataire de l’OTAN « armé jusqu’aux dents » dans l’ouest de l’Ukraine ? Une procuration qui restera comme une plaie purulente du côté russe et saignera les ressources russes à long terme ? Imaginent-ils que la leçon de l’Afghanistan est perdue pour le haut commandement russe ? Je peux vous dire que ce n’est pas le cas. J’étais un acteur de partie dans cette tragédie .
Et ensuite ? La Russie attendra probablement de voir si Kiev est capable de monter une offensive – ou non. Si Kiev lance une offensive, il serait logique que la Russie laisse les forces ukrainiennes se jeter sur les lignes défensives russes et dépenser davantage leurs forces, dans un nouveau « hachoir à viande ». Moscou testera si les patrons de Kiev sont alors prêts à reconnaître les «faits sur le terrain», plutôt qu’une réalité imaginaire, en acceptant les conditions de Moscou. Sinon, l’attrition russe pourrait continuer, et continuer, jusqu’à la frontière polonaise. Il n’y a pas d’autre option, même si c’est le dernier choix de Moscou.
Le détournement des F-16 ne changera pas l’équilibre stratégique de la guerre ; mais bien sûr, cela prolongera la guerre. Pourtant, les dirigeants européens du G7 se sont emparés de la proposition.
Le lieutenant-colonel Daniel Davis, Senior Fellow chez Defence Priorities à Washington, a averti :
« Il n’y a aucune raison de s’attendre à un changement radical dans la fortune de Kiev pendant la guerre à cause d’eux [les F-16]. Même les 40 à 50 avions à réaction que l’Ukraine demanderait ne modifieront pas fondamentalement le cours de la guerre. La plus grande question que « les Américains devraient poser à Biden, cependant, est la suivante : à quelle fin ? Qu’est-ce que l’Administration attend de la livraison des F-16 ? Qu’espérons-nous accomplir physiquement ? Quel état final le président envisage-t-il pour la guerre, et comment la présence de F-16 améliorerait-elle les chances de succès ?
« Pour autant que je sache, ces questions n’ont même pas été posées, et encore moins répondues, par l’administration ou les responsables du Pentagone »… Washington devrait commencer à se concentrer beaucoup plus sur les moyens concrets de sauvegarder les intérêts américains et de mettre fin à la guerre, et moins sur des livraisons d’armes sans conséquence qui ne semblent pas s’inscrire dans une stratégie cohérente ».
La même question devrait être posée à l’UE : « À quelle fin ? La question a-t-elle même été posée, et encore moins répondue ?
Eh bien, répondons-y : qu’accompliront 50 F-16 ? Les dirigeants européens disent qu’ils cherchent à mettre fin rapidement au conflit, mais cette initiative atteindra tout le contraire. Cela représentera une nouvelle étape dans l’escalade vers la « guerre éternelle » contre la Russie que certains souhaitent ardemment. La Russie ne verra alors probablement guère d’autre alternative que de procéder à une guerre totale contre l’OTAN.
Les Européens semblent incapables de dire « non » à l’Amérique. Pourtant, le colonel Davis avertit clairement que l’intention des États-Unis est de « transférer la charge du soutien physique à l’Ukraine sur nos partenaires européens ». Implicitement, cela suggère une « longue guerre » en Europe.
Comment en sommes-nous arrivés là, pour l’amour du ciel ? En ne réfléchissant pas aux choses dès le départ, avec une guerre financière contre la Russie si embrassée avec tant d’enthousiasme et d’irréflexion par l’Europe.
Récemment, le Financial Times a écrit que l’Ukraine avait cinq mois pour démontrer des « avancées » aux États-Unis et à d’autres bailleurs de fonds occidentaux, pour les convaincre de ses plans pour le conflit avec la Russie : « Si nous arrivons à septembre et que l’Ukraine n’a pas fait de gains significatifs , alors la pression internationale sur [l’Occident] pour les amener aux négociations sera énorme ».
Eh bien, le Col Davis dit « qu’il y a peu de chances que les chasseurs [des F-16] voient des combats dans le ciel de l’Ukraine cette année ». Ainsi, Biden a simplement prolongé la guerre bien au-delà de septembre.
Si l’Europe veut une fin rapide de la guerre, elle doit espérer que le « projet » de Kiev implosera bientôt. (Et cela pourrait faire exactement cela, malgré les F-16.)
Aussi de cet auteurAlastair
CROOKEAncien diplomate britannique, fondateur et directeur du Conflicts Forum basé à Beyrouth.
Alastair Crooke