Le coup d’État militaire au Niger, qui s’est déroulé dans le contexte du sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg, a démontré à nouveau l’instabilité de la position de l’Occident sur le continent africain. Et bien que le premier secrétaire adjoint à la presse du département d’État américain, Vedant Patel, ait déclaré que les États-Unis estiment qu’il n’y a aucune trace de l’implication du groupe Wagner dans les événements survenus au Niger, cela ne signifie pas que la Russie ne profitera pas de l’occasion qui se présente.
Par ailleurs, la scène de la poignée de main entre le fondateur de Wagner Yevgeny Prigozhin et le représentant de la République centrafricaine en marge du forum Russie-Afrique est devenue l’un des moments marquants de la première journée du sommet.
À la veille du sommet, l’hebdomadaire américain Newsweek a publié un article sur l’Afrique en tant que terrain de lutte diplomatique entre la Russie et l’Occident.
Dans cet article, le sommet de Saint-Pétersbourg est surtout perçu comme un acte symbolique qui devrait «démontrer que la Russie demeure une force puissante dans cette partie du globe au milieu des grands changements de la géopolitique mondiale».
Newsweek souligne la promesse du président russe Vladimir Poutine de remplacer «les céréales ukrainiennes autant à titre commercial qu’à titre gracieux (…) malgré les sanctions» [la même promesse que le président russe a répétée lors du sommet lui-même].
Par ailleurs, la publication souligne que «la coopération de la Russie avec l’Afrique en matière de sécurité a été soutenue, non seulement par des accords bilatéraux formels, mais aussi par la présence sur le continent du groupe Wagner dirigé par Yevgeny Prigozhin (…). Les autorités américaines accusent la Russie et PMC Wagner d’être à l’origine de la décision du Mali de retirer son consentement à la présence des forces de maintien de la paix de l’ONU quelques semaines seulement après qu’elle ait été prise».
Le Mali est l’un des nombreux États où le mouvement de soutien à la Russie se manifeste dans un contexte de mécontentement croissant à l’égard de la présence des puissances occidentales, en particulier de la France, qui retire de plus en plus ses troupes du continent.
Les médias occidentaux ont rapporté que « la plupart des dirigeants africains ignoreront le sommet à Saint-Pétersbourg ». Selon le journal The Moscow Times, « tous les chefs d’État africains ont été invités au sommet Russie-Afrique prévu les 27 et 28 juillet. Mais seulement 17 d’entre eux ont accepté de venir. Les délégations de 10 pays africains seront dirigées par des premiers ministres, et celles de 17 autres par des vice-premiers ministres ou des ministres… », ce qui fait 44 pays représentés sur 53…
La position russe a été exprimée par le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, qui a déclaré aux journalistes que le nombre de participants au sommet avait été diminué en raison de leur calendrier de travail et des tentatives de l’Occident de faire pression sur eux.
Une place importante dans le discours de Vladimir Poutine a été occupée au sujet de l’initiative céréalière qui avait été suspendue.
🔸Les principales thèses:
▫️Au cours de l’année écoulée, plus de 70% des marchandises relevant de l’accord sur les céréales ont été acheminées vers les pays développés, les pays en développement n’en ayant reçu que 3%. Moins d’un million de tonnes de marchandises dans le cadre de l’accord sur les céréales sont allées aux pays africains les plus pauvres.
▫️Les pays occidentaux entravent les livraisons de céréales et d’engrais russes à l’Afrique.
▫️Au cours des prochains mois, la Russie fournira gratuitement aux pays africains entre 25 000 et 50 000 tonnes de céréales, garantissant ainsi une livraison gratuite.
Niger – La France n’est pas prête à reconnaître sa capitulation
D’après les informations reçues et les déclarations d’experts politiques français, Macron n’est pas prêt à reconnaître sa capitulation au Niger et se prépare à une campagne militaire; l’enjeu est considéré comme trop important.
Et il peut s’appuyer sur 1’500 militaires français stationnés au Niger (auxquels s’ajoute un contingent américain pouvant aller jusqu’à 1’000 personnes).
Une force de réaction venant de la métropole pourrait intervenir très rapidement, ainsi que des troupes envoyées par des « satellites » français, qui détermineront en grande partie l’issue d’un affrontement militaire… si une troisième force n’intervient pas…
Et une troisième force pourrait intervenir!
Les dirigeants du Mali et du Burkina Faso ont également déclaré qu’ils interviendraient aux côtés des nouvelles autorités nigériennes. Enfin, il ne faut pas oublier la CMP « Wagner » stationnée au Mali, qui elle aussi … pourrait bien intervenir.
Dans ce cas, Macron n’obtiendra certainement pas une « victoire facile » et il pourrait être impliqué dans une grande guerre prolongée en Afrique de l’Ouest.
En somme, il y a de quoi faire réfléchir le président français. En attendant. Il reste CINQ jours avant la fin de l’ultimatum au nouveau gouvernement du Niger.