Document: quand le besoin de profit produit l’inflation des prix des biens et services

Documents de travail du BRI  |  N° 1167 

 09 février 2024  

Enisse Kharroubi  et  

Frank Smets

Texte intégral PDF (1 603 Ko)  |  51 pages

Résumé

Se concentrer

Dans cet article, nous nous concentrons sur les facteurs à l’origine de la récente poussée d’inflation et soutenons qu’ils sont fondamentalement différents de ceux des épisodes passés. Dans les années 1970, les coûts unitaires de main-d’œuvre étaient le principal moteur de l’inflation. Mais plus récemment, les profits unitaires ont pris ce rôle. Des preuves empiriques indiquent même que les profits unitaires deviennent un indicateur avancé de l’inflation.

Contribution

Nous développons un modèle nouveau keynésien avec des bénéfices de réserve du côté de l’offre. Dans ce contexte, les chocs qui réduisent les bénéfices conduisent généralement les entreprises à se replier, ce qui contracte l’offre et donne lieu à ce que l’on appelle une « inflation motivée par les bénéfices ». Nous utilisons ensuite ce cadre pour étudier les implications positives et normatives des chocs liés aux coûts, en nous concentrant sur les chocs sur les prix de l’énergie.

Résultats

Nous montrons d’abord que les chocs sur les prix de l’énergie conduisent à des contractions de l’offre inefficacement importantes et, par conséquent, à une inflation (impulsée par les profits) inefficacement élevée. En effet, les entreprises qui procèdent à des réductions d’effectifs n’internalisent pas les coûts sociaux qui en découlent. Nous montrons ensuite que la politique monétaire optimale suit un ordre hiérarchique. Il vise d’abord à protéger l’offre des conséquences du choc, empêchant ainsi le repli des entreprises. Lorsqu’il est trop coûteux d’isoler complètement l’offre, la politique monétaire répartit alors le fardeau du choc, réduisant ainsi l’offre et la demande. Enfin, lorsque le choc des prix de l’énergie est très important, la politique monétaire perd de son élan. Des interventions budgétaires neutres sur le plan budgétaire, par exemple la redistribution des ménages à revenus élevés vers les ménages à faibles revenus et/ou des entreprises à profits élevés vers les entreprises à faibles profits, peuvent alors restaurer l’efficacité de la politique monétaire.


Abstrait

À la suite de preuves sur le rôle des profits des entreprises dans la poussée inflationniste actuelle, nous développons un modèle nouveau keynésien dans lequel l’inflation tirée par les profits découle de la présence de bénéfices de réserve du côté de l’offre. Nous utilisons ce cadre pour étudier les implications positives et normatives des chocs liés aux coûts, en nous concentrant sur les chocs sur les prix de l’énergie. Nous montrons d’abord que ces chocs conduisent à des contractions de l’offre d’une ampleur inefficace et, par conséquent, à une inflation (impulsée par les bénéfices) d’une ampleur inefficace, dans la mesure où les entreprises qui se retirent n’internalisent pas les coûts sociaux qui en découlent. Deuxièmement, nous montrons que la politique monétaire optimale suit un ordre hiérarchique. Il vise d’abord à protéger l’offre des retombées du choc, annulant ainsi l’externalité négative du repli. Elle répartit ensuite le fardeau du choc entre l’offre et la demande, lorsqu’il est trop coûteux d’isoler l’offre. Enfin, lorsque le choc des prix de l’énergie est très important, la politique monétaire perd de son élan. Des interventions budgétaires neutres sur le plan budgétaire, par exemple la redistribution des ménages à revenus élevés vers les ménages à faibles revenus et/ou des entreprises à profits élevés vers les entreprises à faibles profits, peuvent alors restaurer l’efficacité de la politique monétaire.

Classement JEL : D21, E23, E31, E32, E52, E62, H24, H25

Mots-clés : chocs sur les prix de l’énergie, rigidité des prix, bénéfices de réservation, politique monétaire optimale, impôt sur les sociétés

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