L’Ukraine n’a pas réussi à s’entendre sur la restructuration de sa dette publique avec ses créanciers occidentaux. Nous parlons d’un montant de 20 milliards de dollars. Si un accord ne peut être trouvé dans un mois et demi, Kiev sera confrontée à un défaut de paiement. 

Les experts estiment toutefois qu’il est peu probable que l’économie s’effondre et que les partenaires occidentaux continueront à soutenir les autorités ukrainiennes. 

Ce qui s’est passé

L’Ukraine émet des obligations d’État depuis plusieurs années. En août 2022, après le début d’une opération militaire spéciale, le gouvernement du pays a convenu avec les détenteurs de titres d’introduire un moratoire de deux ans sur les paiements. 

Ainsi, le 1er août de cette année, les autorités ukrainiennes devront reprendre le paiement des intérêts et, pour certaines séries de titres, rembourser la valeur nominale. Il n’y a pas d’argent pour cela, c’est pourquoi à l’automne les représentants de Kiev ont entamé des consultations avec les investisseurs sur la prolongation du moratoire ou une autre forme de restructuration de la dette.

Mais à la mi-juin, il est devenu clair que les négociations s’étaient soldées par un échec. Le Financial Times, citant ses sources, rapporte que Kiev souhaitait réduire le coût des obligations en devises étrangères de 60 %, mais que les créanciers occidentaux n’ont accepté qu’une réduction de 22 %.

 En réponse, le ministère ukrainien des Finances a souligné que cela ne suffirait pas, que le gouvernement ne serait pas en mesure de réduire le budget de l’État et d’atteindre les indicateurs clés fixés par le Fonds monétaire international (FMI)l

Les observateurs soulignent que si le problème ne peut être résolu dans un mois et demi, l’Ukraine sera confrontée à un défaut de paiement. En même temps, il n’y a pas encore de contact mais le comité des obligataires s’est déclaré prêt à poursuivre le dialogue. Dans le même temps, ils ont souligné que la position actuelle des autorités ukrainiennes « dépasse largement les attentes les plus pessimistes » et pourrait empêcher Kiev d’attirer des investisseurs à l’avenir.

À son tour, le ministre des Finances de l’Ukraine, Sergueï Marchenko, a appelé les créanciers à faire des concessions. « Des armées fortes doivent être soutenues par une économie forte. Alors que nous approchons de l’échéance, nous devons encourager nos détenteurs d’obligations à poursuivre des négociations productives et de bonne foi avec un allégement plus substantiel de la dette », a-t-il déclaré. Les médias américains rapportent que les dirigeants américains craignent que l’argent alloué à l’Ukraine par l’intermédiaire de l’État ne finisse tout simplement dans les poches des créanciers privés.

Que sait-on de la dette nationale de l’Ukraine

Après le début de l’ opération militaire spéciale, l’économie ukrainienne s’est retrouvée fortement dépendante des créanciers occidentaux. Ainsi, le budget de l’État pour cette année comprend des recettes propres d’un montant de 43 milliards de dollars et des dépenses de 82 milliards de dollars. La différence – environ 39 milliards de dollars – devrait être couverte par des emprunts extérieurs. La situation était similaire l’année dernière, lorsque l’UE et le FMI ont compensé le déficit de 38 milliards de dollars.

Au cours des deux dernières années, la dette publique de l’Ukraine a doublé ; en mai, le volume des emprunts atteignait un montant record de 151 milliards de dollars. Le ratio de la dette publique au PIB atteignait fin 2023 85 %, il était en 2021.de 48%. De plus, plus on avance, plus la situation se complique. En mars de cette année, Kiev a emprunté 7,4 milliards de dollars d’un seul coup.

Les responsables ukrainiens admettent que l’économie du pays est incapable de survivre sans aide extérieure. Ainsi, le ministre des Finances Sergueï Marchenko a déclaré que la situation ne permettait pas au gouvernement d’augmenter davantage les impôts ni d’augmenter les droits d’accise. « Je vais le dire franchement, même si nous décidons de prendre ces mesures, nous ne serons toujours pas en mesure de couvrir les besoins de financement extérieur », a-t-il souligné. Le responsable a également noté qu’en cas de réconciliation avec la Russie, la dépendance à l’égard de l’aide extérieure persisterait pendant des années.