Editorial: La Démocratie, la République, sont des paris sur l’intelligence. Des paris perdus.

Vous trouverez ci-dessous un excellent sondage BVA. Il me semble donner une photographie, sinon exacte, du moins intéressante, du paysage qui a été tracé par les élections européennes, d’une part, et la décision de dissolution d’Emmanuel Macron, d’autre part.

Tout y est intéressant, et les questions sont extrêmement pertinentes; elles correspondent à celles que l’on peut se poser, en particulier si on n’a pas de parti pris partisan; ce qui est mon cas, puisque comme je vous l’ai dit, en politique, je n’ai aucune préférence, je n’ai plutôt que du mépris et je considère que les adhésions ou les convictions que l’on peut avoir en commun avec telle ou telle organisation ne peuvent être que limitées et temporaires. Aucune n’a de vision de l’ensemble de la situation française telle qu’elle est, c’est à dire déterminée par les contraintes extérieures, télécontrôlées par les institutions internationales et européennes, par les lois du marché mondial des marchandises, par les lois du marché financier, par le consensus de Washington, par l’héritage du passé.

Les élections ne sont qu’un simulacre de démocratie vide de tout contenu, elles n’ont qu’une utilité pour la classe politique, laquelle, dans ces joutes, y voit le moyen d’accomplir sa volonté de puissance, ses satisfactions narcissiques, de récolter l’admiration des sots et des imbéciles.

En un mot, je vous résume ma position, moi qui analyse la politique française depuis des dizaines d’années: en politique, il faut prendre les uns pour cogner sur les autres… et, au passage, il ne faut pas hésiter à cogner sur le peuple qui est complètement inconséquent et, bien souvent, à peine digne des pouvoirs de désignation de ses chefs que l’histoire lui a conférés.

Pour sortir de la crise, il faut cesser de flagorner, de se mentir, il faut cesser de considérer que le système fonctionne, il faut cesser de croire que les élus sont les représentants du peuple, il faut cesser de croire que les élites ont en vue l’intérêt général républicain. Il faut aussi cesser de croire que l’intelligence est une qualité également répartie. Chevènement a écrit un jour un livre que tout Français devrait avoir lu: « le pari de l’intelligence ». La République et la démocratie à l’heure actuelle sont précisément des paris perdus.

Dans le sondage ci-dessous, vous découvrirez à quel point les positions du Rassemblement National se sont améliorées. Vous découvrirez également la formidable ascension de Bardella. Savoir si tout cela est justifié ou pas est un exercice vain car cela résulte des jeux de communication: communication déplorable du gouvernement, des partis traditionnels du Centre et encore plus de LFI, totalement enfermé dans son syndrome de dénigrement de la France et des Français.

En revanche, la communication du RN a été quasi parfaite à trois niveaux:

  • gommage des séquelles du passé, poursuite de l’entreprise de dédiabolisation
  • présentation d’une thématique plus orientée vers les besoins de la société française
  • mouvement d’ensemble de la programmatique électorale pour se rapprocher des normes. Le RN a fait en sorte d’être mondialo-compatible, occidentalo-compatible, européano- compatible, business-compatible, etc.

Bien entendu, tout ce que j’ai énoncé ci-dessus, c’est de la Com et de la mise en scène.

Est-ce que cela suffira pour une victoire large aux législatives?

Est-ce qu’en cas de victoire aux législatives, cela suffira pour être capable de conduire les affaires?

Est-ce qu’en cas d’accession au poste de Premier ministre, cela permettra des mises en œuvre pratiques susceptibles d’améliorer la situation des Français et d’approfondir leur adhésion au RN relooké?

Ces questions sont ouvertes.

Vous trouverez à la suite du sondage un bon texte de Maxime Tandonnet; il ne s’inscrit évidemment pas dans le même registre que moi, mais j’aime ce qu’il écrit.

>  Accéder aux résultats complets 
Dissolution : l’image d’Emmanuel Macron s’est considérablement écornée

Seuls 26% des Français déclarent avoir une bonne opinion de lui (-6 points), contre 74% (+6) qui en ont une mauvaise opinion.

Jamais Emmanuel Macron n’avait été aussi impopulaire.

Tous ses traits d’image se détériorent, tant sur le plan de l’autorité (43%; -3) que de la « capacité à prendre les décisions qui s’imposent » (38%; -4) ou de la compétence (34%; -4).

Surtout, il suscite désormais une forme d’inquiétude sur sa capacité à piloter les choses : de moins en moins de Français considèrent qu’il « sait où il va » (35%; -4), qu’il est « rassurant » (21%; -6) et qu’il peut rassembler (15%; -6).

Dans ce contexte, Gabriel Attal tire – relativement – son épingle du jeu : sa popularité s’érode (46%; -3) mais se maintient à un niveau bien plus élevé que celle du Président, jugé seul responsable de la situation. 

Une décision incomprise : les Français estiment qu’il n’agit pas de façon responsable59% pensent qu’il n’agit pas de façon responsable, 54% que cela ne permet pas de clarifier la situation politique et 53% que cela ne revitalise pas le débat démocratique.

Même son électorat doute : un tiers des électeurs de Valérie Hayer considèrent qu’il n’a pas agi de manière responsable

.Conséquence de cette incompréhension, les Français souhaitent très majoritairement qu’il ne s’implique pas dans la campagne des législatives (70%). 

Inquiétude et sidération dominent chez les Français, même si la dissolution suscite aussi une forme d’espoir chez les électeurs RN


La dissolution a plongé les Français dans l’inquiétude (44%) et la sidération (25%).Mais elle a aussi suscité de l’espoir (23%) et de la satisfaction (16%) chez certains, notamment parmi ceux qui ont voté pour le RN aux européennes. 

Dans ce contexte, un homme sort particulièrement renforcé : Jordan Bardella

Pour la première fois, il prend la tête de notre classement des personnalités politiques dont les Français souhaitent le plus qu’ils aient de l’influence à l’avenir (38%; +5), devant Edouard Philippe (36%; stable).Il devance désormais Marine Le Pen (35%; +2), y compris auprès des sympathisants RN (95%; +13 contre 94%; +5). 

La perspective d’une victoire du Rassemblement national inquiète moins que celle d’une victoire du Front Populaire

A l’évocation d’une majorité absolue pour ce parti le 7 juillet, 33% déclarent ressentir de l’espoir quand moins d’un Français sur deux (48%) fait part de son inquiétude.

La perspective d’une victoire du Nouveau Front Populaire fait en réalité davantage peur aux Français qu’une victoire du RN : 53% expriment leur inquiétude à l’évocation de cette idée, et seulement 22% y voient une source d’espoir.

Quant aux électeurs de Raphaël Glucksmann, ils semblent avoir clairement fait leur choix : 92% sont inquiets à l’idée que le RN l’emporte et 67% voient dans la victoire du Front populaire une source d’espoir. Certes, 17% s’en inquiètent, mais cela reste très minoritaire. 

Auprès des sympathisants de gauche, le PS est perçu comme plus à même de gouverner et de rassembler… mais pas forcément de tenir ses engagements

Le PS est davantage jugé capable de gouverner (44% vs 25% pour LFI), de construire une alliance durable à gauche (37% vs 24%), de rassembler (35% vs 22%) et d’apporter des réponses aux préoccupations des Français (36% vs 29%).

Mais une interrogation existe sur sa capacité à tenir les engagements de campagne : sur ce sujet, il est au coude à coude avec LFI (31% vs 30%). 

Une future Assemblée sans majorité ?

50% estiment que ce serait une mauvaise chose (ils n’étaient que 24% à penser cela en juin 2022).Contre seulement 24% qui y voient le moyen de revitaliser le débat démocratique et de renforcer le rôle du Parlement (vs 56% il y a deux ans).

Sondage réalisé du 19.06.2024 au 20.06.2024

Législatives, l’atroce foutoir

Publié le 18 juin 2024 

par 

maximetandonnet

A quelque chose, malheur est-il bon?

Le rééquilibrage des institutions françaises par un renforcement du contrôle législatif sur l’exécutif était certes indispensable. En soi, la déconnexion des élections législatives et présidentielle répond à une attente du pays.

Mais pas dans ces conditions apocalyptiques! La chose devait être pensée, murie, concertée, préparée! Or, la France politique sombre dans un atroce foutoir. Rendez-vous compte, l’alliance Nouveau Front populaire (pauvre Léon Blum!) compte un « fiché S » suivi pour sa dangerosité, mais aussi, dans la circonscription de Trèbes, où Arnaud Beltrame s’est sacrifié, la candidature de M. Poutou mis en cause pour apologie de terrorisme et dont le parti NPA a soutenu le massacre commis par le Hamas comme « moyen de résister« .

Le parti LFI composante essentielle de cette alliance a d’ailleurs longtemps refusé de parler de terrorisme à propos de cette tuerie de masse renvoyant les bourreaux, égorgeurs, éventreurs, incendiaires de jeunes gens et filles, de familles et d’enfants, et Israël dos à dos: « Sur la question du mot terrorisme : nous avons dit que ce sont des crimes de guerre, tout comme d’ailleurs la Cour pénale internationale avait dit que la colonisation était des crimes de guerre ».

Une autre figure emblématique de ce parti a été convoquée pour apologie de terrorisme. Or, dans la même alliance se trouve M. Hollande, l’ancien président, candidat en Corrèze, celui qui était à l’Elysée et qui incarnait l’Etat pendant les bains de sang de Charlie, du Bataclan et de Nice. Où est la cohérence? Où est la dignité? Où est le respect des victimes du terrorisme islamiste? Et ceci, tenez vous bien, avec la bénédiction de l’Elysée qui ne présente pas de candidat contre lui…

Mais à droite, l’aberration est aussi à son comble. Une certaine Mme Degois ancienne députée macroniste, sera candidate sous la bannière de l’alliance entre M. Ciotti et le RN. Comment passe-t-on, en deux ans, du soutien au président Macron sous l’étendard « de la lutte contre la peste nationaliste » au ralliement au parti lepéniste à travers son supplétif LR-officiel? C’est lamentable, tout est bon pour un siège! Et ce ne sont que des exemples de ce maëlstrom de compromissions, ententes secrètes, retournements de veste.

Le cynisme, l’indignité et la trahison sont les maîtres mots de ce scrutin nihiliste, sans débat de fond ni projet. Merci, M. le président! Mais voyez-vous, ce qui est le plus tragique, c’est que toute la pourriture qui jette la France dans l’apocalypse s’en sortira quoi qu’il arrive. Ceux qui vont payer cette ignominie, dans leur chair, dans leur vie et de leur avenir, ce sont les dizaines de millions de Français et notamment de jeunes qui n’y sont évidemment pour rien.

MT

2 réflexions sur “Editorial: La Démocratie, la République, sont des paris sur l’intelligence. Des paris perdus.

  1. Bonjour M. Bertez

    Je suis allé par curiosité sur le site Allo Mélenchon. (url:https://www.youtube.com/watch?v=8ZGc_CZUDqs)

    A la mn15, J.L. explique comment les « patrons » des petites entreprises vont compenser l’augmentation du smic à 1600€.

    De deux façons mélanchoniennes:

    a) Ils n’auront tout simplement qu’à remplir leurs carnets de commande car les gens dont le salaire aura augmenté pourront de nouveau acheter leurs produits…

    et b) « nous ( le front de gauche je suppose et LFI en particulier) on aura bloqué les prix de l’essence et de l’électricité!

    Et voilà! Merci Yaka!

    Quand un prétendant au gouvernement de la France en est là, on peut effectivement dire que le pari sur l’intelligence est un pari perdu….

    Cordialement

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