Les banques centrales existent pour fabriquer de l’inflation.
Spontanément la marche de l’économie vers toujours plus de productivité produit une déflation de la valeur des biens et der services. Il faut de moins en moins d’heures de travail, les prix devraient, toutes choses demeurant égales par ailleurs, baisser d’environ 2% l’an.
Comme nos systèmes sont des systèmes financiarisés, c’est à dire fondés sur la production ininterrompue de dettes, il n’est pas tolérable que les prix baissent, cela rendrait les dettes trop couteuses et impossible à honorer.
C’est ce constat qui est à l’origine de l’objectif de 2% de hausse générale moyenne des prix dans les économies modernes; c’est un cadeau structurel fait à ceux qui s endettent c’est à dire à « ceux qui ont du répondant » comme on dit, aux déjà très riches. Comme le dit l’adage « on ne prête qu’aux riches, eux sont solvables ».
Les riches empruntent de la monnaie et échangent cette monnaie contre des biens réels ou des biens qui rapportent , ce qui s’analyse comme une vente à découvert de la monnaie et ils empochent la dépréciation de la monnaie ce qui vient bonifier structurellement tous les investissements.
En fait il été calculé que cette vente à découvert de la monnaie pour bénéficier de sa dépréciation est un élément central de la progression des inégalités, cette vente à découvert de la monnaie, que je désigne souvent par le terme de « levier » est l’élément déterminant des politiques d’investissement des très riches.
Donc la mission non écrite, cachée des banques centrales est de gérer tout cela avec le minimum de crises: une production de dettes quasi en continu, toujours plus grosses, le moins cher possible mais avec une inflation minimum de 2% -mais de préférence si possible supérieure à 2% car cela met du beurre dans les épinards des riches.
Cette politique dont on ne vous parlera jamais dans les écoles ou les médias et encore moins dans les débats politiques, cette politique a un nom: cela s’appelle « la répression financière ».
Elle consiste à faire en sorte que le coût des dettes des riches et des gouvernements reste le plus bas possible, qu’elles ne coûtent rien en valeur réelle grâce au maintien de la hausse des prix des biens et des services au minimum à 2% mais de préférence au dessus de 2% bien sur.
Comprenez bien que dans un système fondé sur la dette, les autorités en particulier, les autorités gnomiques, n’ont rien contre la hausse des prix des biens et des services, non ce qui les dérange c’est que vous vous en aperceviez et que ne s’enclenche une course des prix et des salaires et une course entre le cout des dettes et le taux l’inflation Si vous ne vous aperceviez pas de la hausse des prix , de la baisse de votre pouvoir d’achat, ils pourraient même être plus audacieux et avoir une inflation de 5% avec des taux d’intérêt de 3%, ce serait le rêve!
La période du Covid a été un accident .
Mais cet accident a été finalement bien géré et après les erreurs initiales provoquées par la panique, tout a bien tourné. D’une bonne crise on a débouché sur une fantastique opportunité!
Pour faire tenir la bicyclette il faut des dettes et de l’inflation . Pour faire tenir le système harmonieusement il aurait fallu produire une dérive des prix plus forte que celle qui a été enregistrée ces dernières décennies .
Dieu merci il y a eu un rattrapage.
Grâce à l’aubaine de la crise du Covid, on a pu créer des trillions de nouvelles dettes et on a pu déprécier les dettes de 20 à 30% grâce au dérapage des prix post Covid. Une véritable aubaine qui a évité une nouvelle crise financière; les déséquilibres entre la masse d’actifs financiers et la productions de richesses du GDP s’est réduite avec l’envolée des prix; les ratios de dettes ont reculé. Les bénéfices des entreprises ont explosé .
Hélas le public en a pris conscience et il a fallu au moins faire semblant de lutter contre la hausse des prix des biens et des services , ne serait-ce que pour éviter les hausses de salaires et les hausses de taux d’intérêt à des niveaux insupportables.
Tout cela été fait et nous sommes sur la voie de la régularisation, les prix restent élevés mais le rythme de hausse ralentit, les pressions sociales et politiques de ce coté se réduisent.
En juillet, l’inflation des prix à la consommation (CPI) était de 2,9 %. Les dernières données sur l’inflation des dépenses de consommation (PCE) étaient de 2,5 %.
Les gnomes et les ultra riches rêvent d’un système ou les dettes seraient bio-dégradables, elles ne couteraient rien et en plus de temps à autre, elles seraient dévalorisées par une bonne crise! Une bonne crise sélective c’est à dire une crise qui ne toucherait ni les institutions TBTF ni les piliers capitalistes du Système, les dynasties. Crise comme les guerres par exemple. Obtenir que ce qui est fixe et s’accumule comme les dettes deviennent bio dégradable, c’est leur rêve ….Un système bio dégradable ce serait un système ou les contradictions ne s’accumulent pas, un système qui efface ses traces en marchant. Il suffirait de gérer les flux , à la marge!
La soi disant lutte contre l’inflation est un hommage du vice à la vertu .. vertu dont il faut maintenir le principe car c’est elle qui permet de tromper les peuples.
Nous venons d’assister à un cycle d’hommage du vice à la vertu .
Nous pouvons à nouveau entamer un cycle de vice pur sans pudeur et sans voile, presque la conscience tranquille.
On a réussi à casser le marché du travail, à faire remonter le chômage, à re-inverser les rapport de forces sur les marchés de l’emploi et on a réussi a effondrer les taux d’intérêt à long terme en manipulant les perceptions et les anticipations d’inflation. Dans le même temps, le CBO prévoit un déficit fédéral de 2,0 trillions de dollars en 2024, soit environ 7 % du PIB. Les rendements des bons du Trésor à dix ans ont baissé de 90 pbs en quatre mois à 3,68 %.
Powell cette semaine: La désinflation tout en préservant la vigueur du marché du travail n’est possible qu’avec des anticipations d’inflation ancrées, qui reflètent la confiance du public dans la capacité de la banque centrale à générer une inflation d’environ 2 % au fil du temps. » Ben voyons!
23 août – Associated Press :
« Dans ce qui équivalait à une sorte de déclaration de victoire, Powell a noté… que la Fed avait réussi à vaincre une inflation élevée sans provoquer de récession ou de forte hausse du chômage, ce que de nombreux économistes avaient prédit depuis longtemps. Il a attribué ce résultat à la résolution des perturbations causées par la pandémie sur les chaînes d’approvisionnement et les marchés du travail et à une réduction des postes vacants, ce qui a permis à la croissance des salaires de ralentir. »
Bravo, mission accomplie.
LE CYCLE CANADA DRY
Après les erreurs de pilotage du Covid , il a fallu rectifier le tir et initier un cycle de soi-disant austérité monétaire. Objectif: empêcher l’échelle de perroquet prix-salaires Ce fut un cycle Canada Dry, -je l’ai largement commenté dans ces colonnes- qui n’a jamais resserré les conditions financières et jamais fait de tort à personne parmi les classes capitalistes!
Depuis la présentation de Powell à Jackson Hole en 2022, le S&P 500 a enregistré une hausse de 43,3 %
le Nasdaq 100 (NDX) de 59 % et
l’indice des semi-conducteurs (SOX) de 91 %.
Nvidia a bondi de près de 700 %
Les conditions financières se sont considérablement assouplies depuis août 2022. Par exemple, les écarts entre les obligations de qualité investissement et les bons du Trésor se sont réduits de 140 pbs à 94 pbs à la clôture de cette semaine.
Les écarts avec les obligations à haut rendement se sont réduits de 450 à 312 pbs.
Les cours des swaps de défaut de crédit (CDS) ont clôturé la semaine à 49 pbs, en baisse par rapport aux 86 pbs du 26 août 2022.
Les CDS à haut rendement sont passés de 500 pbs à 320 pbs.
L’ETF iShares Investment Grade Corporate Bond (LQD) a rapporté 8,8 % en deux ans, tandis que l’ETF iShares High Yield Bond (HYG) a rapporté 15,9 %.
Les États-Unis sont en train d’ajouter 2 trillions de dollars supplémentaires à leur dette totale cette année, et ils dépensent désormais un trillion de dollars par an en intérêts.
La politique monétaire « restrictive » a amené les prix des actifs à 200 % de la capitalisation boursière par rapport au PIB et les prix de l’immobilier sont à leurs plus hauts niveaux jamais enregistrés!
Il n’y a jamais eu de vrai resserrement monétaire, tout a été cosmétique, en trompe l’œil. Les gnomes ont fait regarder là ou il ne se passait rien, ils se sont comportés comme de véritables illusionnistes.
La réalité a été celle d’un l’assouplissement subreptice des conditions financières , assouplissement qui a alimenté des gains boursiers d’ampleur historique .
Ce cycle de « resserrement » s’est accompagné d’une hausse du CPI global (en glissement annuel) à 9,1 %… Pourtant, les rendements des bons du Trésor à 10 ans n’ont pas dépassé 5 % – et n’ont été légèrement supérieurs à 4,5 % pendant quelques semaines seulement! Quand la crise des banques régionales a menacé d’éclater les autorités ont immédiatement injecté 740 milliards! Le « commerce de base » à fort effet de levier sur les valeurs du Trésor a joué un rôle essentiel dans le financement d’énormes déficits à des rendements dérisoires.
« The job is done », mission accomplie, avait claironné Bush après l’invasion de l’Afghanistan. On a vu ce qu’il en était réellement; un échec historique lamentable et humiliant. Mais pour s’en apercevoir il a fallu des années et surtout des trillions et des trillions.
Ce sera la même chose avec le « job is done » de Powell.
Les gnomes ont administré « la preuve » que l’on pouvait toujours faire le choix de la dérive sans avoir besoin de re-ancrer, on peut naviguer dans le système de l’inflationnisme du crédit et de la monnaie sans avoir besoin de retourner en arrière.
On sait maintenant que le système peut supporter un relèvement apparent des taux sans que cela ne déclenche une tendance boursière baissière; on sait que les autorités tolèrent des comptabilités fausses et que les pertes liées au relèvement des taux peuvent ne pas être déclarées.
On sait que l’on, peut marcher sur l’eau, raser gratis, différer sans cesse le jour des comptes.
L’épisode de resserrement Canada Dry que nous avons connu n’a pas provoqué de catastrophe; cela va enhardir la spéculation et va avoir un terrible effet d’apprentissage, les marchés vont se rendre compte qu’il n’y a plus jamais de sanction.
Une bulle se prépare, demain, après demain peu importe, elle est écrite. On peut prédire les conséquences logiques d’une situation, on ne peut prédire leurs calendrier. Chancelante, elle nécessitera que la Fed sauve à nouveau la communauté spéculative mondiale, qu’elle force les rendements du marché plus bas, qu’elle imprime des conditions encore plus souples, qu’elle sauve le levier spéculatif et tout cela au prix d’ une fragilité sous-jacente encore plus grande.
Avec l’instabilité du « carry trade » du yen, une élection américaine volatile, un Moyen-Orient au bord du précipice et une escalade dangereuse de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, c’est une période particulièrement précaire pour oser attiser encore la spéculation.
Nous commençons le prochain cycle d’assouplissement, nous accélérons l’ assouplissement de conditions financières déja incroyablement laxistes : on peut dire en toute sécurité que nous sommes en train de semer les graines de la prochaine bulle d’actifs. Elle sera magnifique; « les plus désespérés sont les chants les plus beaux et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots »…