L’indice des actions cotées à Shanghai a clôturé à son plus haut niveau depuis une décennie, alors que les investisseurs locaux riches en liquidités se sont lancés dans un marché qui a bondi dans un contexte d’apaisement des tensions commerciales avec les États-Unis.
L’indice composite de la Bourse de Shanghai a bondi de 0,9 % pour clôturer à 3 728 points lundi, son meilleur niveau depuis août 2015, selon les données compilées par Bloomberg. Cela confirme un redressement de 20 % depuis la chute d’avril, lorsque les droits de douane draconiens imposés par le président américain Donald Trump ont secoué les marchés mondiaux. Trump a prolongé la trêve douanière la semaine dernière.
Cette hausse reflète un optimisme croissant parmi les petits investisseurs, dotés d’une épargne quasi record et se détournant de plus en plus des obligations. Ces investisseurs avaient été marqués il y a dix ans par un krach boursier brutal qui avait poussé Pékin à débloquer des fonds publics pour soutenir les cours des actions et avait laissé un souvenir amer à de nombreux investisseurs.
Depuis, il y a eu des faux pas, mais au cours de la dernière décennie, les actions chinoises locales ont largement sous-performé les indices boursiers américains, asiatiques et même européens, longtemps considérés comme des retardataires mondiaux pour les investisseurs en actions. Les gestionnaires de fonds chinois espèrent désormais que la reprise actuelle est suffisamment solide – des espoirs liés à l’intelligence artificielle aux mesures gouvernementales visant à soutenir la croissance – pour résister à l’épreuve du temps.
« Nous sommes convaincus que ce rallye a du potentiel », a déclaré Wang Huan, gestionnaire de fonds chez Shanghai Zige Investment Management Co. Ltd, soulignant les sources d’optimisme, notamment l’abondance de liquidités, les mesures prises par le gouvernement pour endiguer la guerre des prix et l’espoir que l’économie chinoise touche le fond.
Le marché boursier chinois a été soutenu par les investisseurs qui ont déplacé leurs investissements des titres à revenu fixe, alors qu’ils réduisent leurs attentes d’assouplissement monétaire et répondent à la décision de Pékin de relancer les taxes sur les paiements d’intérêts effectués sur les obligations d’État ou celles des institutions financières.
Lundi, le rendement des obligations chinoises à 10 ans a augmenté de quatre points de base, à 1,78 %, tandis que celui des obligations à 30 ans a progressé d’environ six points de base, à 2,11 %. Les contrats à terme sur obligations à 30 ans du pays ont subi leur plus forte baisse depuis mars. Le dernier rapport de politique monétaire de la banque centrale chinoise montre que les responsables politiques ne sont pas pressés d’assouplir massivement leur politique monétaire.
L’indice composite de Shanghai est loin des jours fastes de 2015, lorsqu’une frénésie d’achats induite par l’effet de levier avait propulsé l’indice jusqu’à 5 166 avant l’éclatement de la bulle. Le record historique avait été atteint en octobre 2007.
L’effervescence du marché boursier chinois marque un changement radical par rapport à il y a quelques mois à peine, lorsque les craintes d’une guerre commerciale prolongée et douloureuse entre les deux plus grandes économies mondiales secouaient les marchés du monde entier. Ce rebond s’inscrit dans une hausse mondiale des cours boursiers : les actions américaines et indonésiennes ont atteint de nouveaux sommets la semaine dernière, contribuant à propulser l’indice MSCI des actions mondiales à un niveau record.
La reprise du marché boursier chinois a entraîné une frénésie d’échanges. Le volume d’échanges sur les bourses continentales a dépassé les 2 700 milliards de yuans (376 milliards de dollars) lundi, soit le deuxième volume d’échanges le plus élevé jamais enregistré après le pic du 8 octobre, selon les données compilées par Bloomberg. Ce chiffre fait suite aux achats record de 35,9 milliards de dollars de Hong Kong (4,6 milliards de dollars) d’actions par les traders de Chine continentale vendredi à Hong Kong, l’appétit pour le risque des actions continentales s’étant propagé au-delà de la frontière.
On a également constaté une forte augmentation des prêts destinés à l’achat d’actions, signe que les investisseurs s’endettent pour participer à la hausse. Le montant de la dette sur marge contractée pour acheter des actions a atteint la semaine dernière son plus haut niveau depuis 2015, et se trouve désormais à environ 10 % d’un record historique.
D’autres ajustements politiques ont contribué à orienter les investisseurs vers les actions locales. La Chine a renforcé sa surveillance des impôts sur les plus-values réalisées sur les transactions boursières à l’étranger et a annoncé qu’elle subventionnerait les paiements d’intérêts sur les prêts à la consommation personnels éligibles.
La hausse de 11 % de l’indice Shanghai Composite cette année a surpassé celle de l’indice CSI 300, un autre indicateur onshore très surveillé, qui a progressé d’environ 8 %. La pondération plus importante des valeurs bancaires performantes dans l’indice a contribué à cette surperformance, en grande partie grâce aux achats des fonds d’assurance.
BLOOMBERG
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