On m’interroge sur les réserves chinoises

Le grand specialiste de ces questions est Brad Setser, il fait un travail exceptionnel, non conformiste et critique.

La composition des réserves de la Chine, principalement gérées par la Banque populaire de Chine (PBOC), inclut plusieurs types d’actifs.

Les détails précis soient partiellement opaques, car la Chine considère certaines données comme des secrets d’État.

Voici une analyse basée sur les informations disponibles jusqu’en 2025 :

  1. Réserves de change :
    • Les réserves de change de la Chine sont parmi les plus importantes au monde, atteignant 3 317 milliards de dollars US en juin 2025, selon les données de Trading Economics. Elles se composent principalement de devises étrangères, avec une dominance historique du dollar américain (estimée à environ deux tiers des réserves, bien que ce chiffre date de 2013).
    • Autres devises majeures : euro, yen japonais, livre sterling, et potentiellement d’autres devises dans une moindre mesure, dans le cadre d’une diversification progressive.
    • Une partie de ces réserves est investie dans des actifs financiers comme les bons du Trésor américain, bien que leur part ait diminué au profit d’autres devises (zone euro, Royaume-Uni).
  2. Réserves d’or :
    • Les réserves d’or de la Chine ont atteint 2 279,56 tonnes au quatrième trimestre 2024, en augmentation par rapport aux 2 264,32 tonnes du trimestre précédent. Cela représente environ 4,6 % des réserves totales, selon le World Gold Council.
    • La Chine est un acheteur majeur d’or, avec une augmentation de 44 tonnes en 2024, visant à réduire sa dépendance au dollar et à renforcer le yuan face aux tensions géopolitiques et à l’inflation.
  3. Réserves stratégiques de matières premières :
    • La Chine accumule des réserves stratégiques de ressources clés, notamment :
      • Pétrole : En 2024, le gouvernement a ordonné l’ajout de 8 millions de tonnes de pétrole non raffiné aux réserves nationales.
      • Blé et maïs : Les réserves chinoises de blé et de maïs pourraient représenter respectivement 51 % et 67 % des réserves mondiales d’ici la fin de la saison 2024-2025.
      • Cobalt, cuivre, fer : En 2024, la Chine a acquis environ 15 000 tonnes de cobalt, 1,18 milliard de tonnes de minerai de fer (en 2023), et détenait 340 000 tonnes de cuivre en juin 2024.
    • Ces réserves visent à sécuriser l’approvisionnement face à des incertitudes géopolitiques, notamment les tensions avec les États-Unis et un possible conflit autour de Taïwan.
  4. Réserves fantômes (Shadow Reserves) :
    • La Chine est soupçonnée de détenir des « réserves fantômes », des fonds cachés dans des banques d’État ou des institutions financières non réglementées (shadow banks), qui n’apparaissent pas dans les bilans officiels de la PBOC. Ces réserves, difficiles à quantifier, renforcent l’opacité du système financier chinois et pourraient avoir un impact significatif sur l’économie mondiale.
  5. Autres actifs :
    • Une partie des réserves est investie dans des actifs titrisés, comme ceux émis par des agences américaines (Freddie Mac, Fannie Mae).
    • La Chine a également diversifié ses réserves via des initiatives comme les Nouvelles Routes de la Soie, utilisant ses fonds pour des investissements internationaux dans des pays amis qu’elle aide

Remarques :

  • La gestion des réserves chinoises est historiquement conservatrice, avec une forte proportion d’actifs à faible rendement comme les bons du Trésor américain, bien que des efforts de diversification soient en cours.
  • L’augmentation des réserves d’or et de matières premières reflète une stratégie de sécurisation face aux incertitudes géopolitiques et économiques, notamment les tensions commerciales avec les États-Unis et les risques d’inflation.
  • L’opacité autour des « réserves fantômes » et de la composition exacte des réserves de change limite la transparence.

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