Par
Vitor Gaspar ,
Carlos Eduardo Goncalves ,
Marcos Poplawski-Ribeiro
| La dette mondiale s’est stabilisée, même si elle reste à un niveau élevé, car la réduction continue des prêts du secteur privé a compensé l’augmentation des emprunts des gouvernements. La dette totale a peu varié l’année dernière, représentant un peu plus de 235 % du produit intérieur brut mondial, selon la dernière mise à jour de la base de données sur la dette mondiale du FMI . https://imf.sitecoresend.io/tracking/lc/b51d7eeb-5d7d-4860-8431-3df6830f0f73/d1695919-5b42-46a8-b88f-0b08694eb755/77b95dd6-4437-2267-98c3-b665064adfa5/ La dette privée a diminué à moins de 143 % du PIB, son plus bas niveau depuis 2015, reflétant une réduction du passif des ménages et une faible variation de la dette des entreprises non financières. En revanche, la dette publique a augmenté pour atteindre près de 93 %, selon notre base de données, qui reflète une enquête annuelle sur le montant et la composition de la dette détenue par les États, les entreprises et les ménages. En dollars américains, la dette totale a légèrement augmenté pour atteindre 251 000 milliards de dollars, la dette publique s’élevant à 99 200 milliards de dollars et la dette privée diminuant à 151 800 milliards de dollars. |
| Tendances divergentes selon les groupes de revenus Ces moyennes mondiales masquent des différences notables selon les pays et les catégories de revenus. Si les États-Unis et la Chine continuent de jouer un rôle prépondérant dans la dynamique de la dette mondiale, comme l’a montré notre Moniteur budgétaire d’avril , les niveaux d’endettement et de déficit de nombreux pays restent élevés et préoccupants par rapport aux normes historiques, tant dans les économies avancées qu’émergentes. https://imf.sitecoresend.io/tracking/lc/b51d7eeb-5d7d-4860-8431-3df6830f0f73/d1695919-5b42-46a8-b88f-0b08694eb755/77b95dd6-4437-2267-98c3-b665064adfa5/ Aux États-Unis, la dette publique générale a atteint 121 % du PIB l’an dernier (contre 119 %), tandis qu’en Chine, elle a progressé de 82 % à 88 %. Hors États-Unis, la dette publique des économies avancées a diminué de plus de 2,5 points pour atteindre 110 % du PIB. Les hausses observées dans certaines grandes économies avancées comme la France et le Royaume-Uni ont été compensées par des baisses au Japon et dans des économies plus petites, comme la Grèce et le Portugal. Hors Chine, la dette publique des marchés émergents et des économies en développement a légèrement diminué pour atteindre en moyenne moins de 56 %. Les tendances de la dette privée ont considérablement varié selon les pays. Les États-Unis ont enregistré une baisse significative de 4,5 points de pourcentage, à 143 % du PIB, tandis que la Chine a enregistré une hausse de 6 points, à 206 % du PIB. Parmi les autres marchés émergents et économies en développement, l’emprunt privé a fortement augmenté dans les grandes économies comme le Brésil, l’Inde et le Mexique, mais a diminué au Chili, en Colombie et en Thaïlande. |
| Quels sont les facteurs qui déterminent les modèles d’endettement public et privé? Le déficit budgétaire mondial, toujours élevé, avoisinant en moyenne 5 % du PIB, est le principal facteur de la hausse de la dette publique. Ce déficit reflète encore les coûts hérités de la Covid-19 – tels que les subventions et les prestations sociales – combinés à la hausse des charges d’intérêt nettes. La baisse de la dette privée résulte de facteurs différents selon les pays et les catégories de revenus. Dans de nombreuses économies avancées, les entreprises empruntent moins, probablement en réponse à des perspectives de croissance modérées , poursuivant une tendance amorcée en 2023. Aux États-Unis, la solidité de leurs bilans et de leurs liquidités contribue également à la baisse de l’endettement des entreprises. Dans d’autres cas, la hausse de la dette publique, conjuguée à la baisse de la dette privée, suggère un effet d’éviction, dans lequel un endettement public important limite l’accès au crédit ou en augmente le coût pour le secteur privé. En Chine, la hausse de la dette privée a été tirée par la dette des sociétés non financières. Malgré la faiblesse persistante du secteur immobilier, cette hausse reflète une offre de crédit toujours abondante, notamment pour soutenir les secteurs stratégiques. En revanche, la dette des ménages a légèrement diminué, la faiblesse de la demande de prêts hypothécaires et les inquiétudes concernant l’emploi et la croissance des salaires continuant de peser sur l’emprunt. Ailleurs dans les grands marchés émergents et les économies en développement, la hausse de la dette privée résulte des taux d’intérêt élevés et de leur impact sur les prêts non performants (comme au Brésil), de l’amélioration des perspectives de croissance à court terme (comme en Inde) et des fusions et acquisitions d’entreprises. À l’inverse, des perspectives de croissance plus faibles ont entraîné une baisse de la dette privée dans des pays comme la Colombie ou la Thaïlande. Dans les pays à faible revenu , la dynamique récente de la dette reflète une série de facteurs supplémentaires, notamment un développement financier plus limité, des conditions de liquidité difficiles et des effets d’éviction liés au lien entre dette souveraine et dette privée. Les gouvernements devraient contribuer à gérer ces tendances en privilégiant des ajustements budgétaires progressifs dans le cadre d’un plan crédible à moyen terme visant à réduire la dette publique, tout en évitant l’éviction des emprunts et des investissements privés. Parallèlement, favoriser un environnement propice à la croissance économique et réduisant l’incertitude contribuera à alléger la dette publique et à encourager l’investissement privé |