L’un des principaux points de fixation des débats sociaux en cours est constitué par les aides aux entreprises .
Ce que j’épingle sous le terme de béquilles. le terme béquilles implique qu’elles sont handicapées et qu’il faut les aider à tenir debout.
D’emblée il y a un malentendu qui ressort clairement des slogans, les partenaire sociaux considèrent que pour qu’une entreprise tienne debout, il suffit qu’elle ne soit pas en perte. Si elle est bénéficiaire et si elle distribue des dividendes, alors elle n’est pas considérée comme handicapées et elle ne devrait pas avoir droit à des aides.
Les aides doivent donc dans cette conception avoir un but, une finalité sociale, ce qui a encore été rappelé par le « maîtres es béquilles », Hollande qui a instauré le CICE qui coûte 100 milliards et dont il est fier de dire qu’il a créé 100 000 emplois.
Tous les gouvernements ont aidé les entreprises et lourdement depuis la crise du début des années 70 parce que c’est de cette période que date la crise française – inflation, déficits extérieurs , déficits du budget, déficit d’investissement, chômage- crise qui ne s’est jamais terminée!
La France se considère comme en crise depuis 1973 au moins!
Je vous conseille de lire le remarquable ouvrage d’Anicet le Pors , Les Béquilles du Capital, écrit en 1977, tout est expliqué. Les béquilles du capital sont multiples complexes, opaques et bien sur hypocrites, il faut ne pas les nommer, pas les chiffrer, il faut leur donner de faux noms et trouver de faux prétexte.

Ces béquilles sont fiscales, avec subventions ou rabais fiscaux ou sociaux, monétaires, règlementaires, douanières et même juridiques etc .
Personne N’ose apporter un peu de clarté à ce débat, il est sulfureux.
Mais il n’y a pas que l’aspect sulfureux il y a également l’aspect ignorance et l’aspect je n’en veux rien savoir.
Quel est le fond du problème?
Le fond du problème c’est la rentabilité insuffisante du capital des firmes françaises : que ce soit pour les sortir des pertes, que ce soit pour les aider à embaucher ou que ce soit pour les aider à attirer les capitaux propres ou de dettes , que ce soit pour investir ou innover, tout cela revient au même cela revient toujours à améliorer la capacite bénéficiaire des entreprises pour qu’elles puissent accomplir ce que l’on attend d’elles : produire efficacement dans un marche concurrentiel.
Mais quand on a dit cela on n’a dit que la moitié des choses car cela ne suffit pas ! Il faut en effet non seulement produire des biens et services dans un marche mondial concurrentiel mais il faut attirer le capital, les capitaux , les ressources en leur offrant au moins autant que ce qu’ils peuvent obtenir ailleurs; la concurrence est non seulement sur les productions mais aussi sur le profit, il faut réaliser autant de profit que les autres si on veut obtenir des capitaux.
C’est la Grande Modernité néo libérale qui découle du Consensus de Washington, la grande modernité de la Libre Circulation des Capitaux , obligations qui avaient pour but de toujours renforcer les plus forts en faisant disparaitre les plus faibles, en les laminant. Obligations auxquelles les imbéciles gouvernements français qui se sont succédé ont souscrit. Cette adhésion imbécile 0 laquelle le simplet Hollande s’est rallié quand il a mis un genou à terre face à son ennemi, la finance avec le CICE et son socialisme de l’offre!
La finance mondiale est le véhicule de l’obligation de réaliser le taux de profit moyen minimum pour survivre et ce taux de profit moyen minimun n’a jamais été atteint en France, et il est 30% plus abs que le taux allemand qui lui même est très largement inférieur au taux américain.
Toutes ces modernités auxquelles les gouvernants n’ont jamais rien compris ont fracassé l’exception , l’originalité, la spécificité française dont se vantait Chirac!
Je me souviens d’un diner à la Mairie de Paris ou il m’avait invité avec Jérome Monod pour exercer certaines pressions sur moi en tant que patron de presse, et j’ai essayé de lui faire comprendre tout cela , il n’a jamais été capable de l’assimiler! Il est d’ailleurs passé toujours sans comprendre de l’admiration du système japonais asiatique non libéral au système friedmanien et aux Nouveaux Economistes ultra-libéraux sans transition!
Sur le marché mondial les capitaux sont en concurrence pour le profit avec en plus un aiguillon terrible sans pitié, sans morale qui est l’aiguillon du marché Boursier mondial qui ne pense qu’ à une seule chose gagner le plus d’argent possible et le plus rapidement possible..
Donc ce que j’essaie de vous faire comprendre c’est que les béquilles pour l’emploi, pour l’investissement , pour l’innovation etc tout cela c’est du pipeau , fondamentalement toutes les béquilles n’ont qu’un objectif: bonifier les comptes exploitation et les comptes de pertes et profits, augmenter la profitabilité du capital.
Les nationalisations de Mitterrand ont été un échec , elles devaient faire baisser la contrainte de profit dans le système Français: le secteur nationalisé ne devait pas faire de profit ce qui aurait du bonifier les profits du secteur privé, hélas il a été tellement inefficace qu’il a eu l’effet inverse , il a constitué un boulet.
Voila tout ce que l’on ne veut pas dire.
Les aides, les béquilles aux entreprises françaises sont destinées a compenser la rentabilité chroniquement faible du capital Français afin qu’il essaie tant bien que mal, en boitant, de tenir sa place dans le concert international.
Michelin a besoin du CICE pour avoir assez de cash flow pour investir, pour innover, pour payer des dividendes, pour payer des agios mais surtout pour éviter l’effondrement du cours de son action qui le mettrait malgré son statut de commandite en position d’être attaquée par un raider. Le statut de commandite ne protège pas quand vous êtes en position de faiblesse, au contraire !
En prime
Ecoutons un jeune manifestant.
Je viens d’un milieu populaire et je trouve qu’aujourd’hui la politique se dirige contre nous », rapporte au micro de Public Sénat Tommy, un jeune Ardéchois venu se mêler au cortège parisien, et qui appelle à « plus de justice sociale ».
« La commission d’enquête de Fabien Gay a montré qu’il y avait 211 milliards qui partaient vers les entreprises. Elles continuent de licencier alors qu’elles font des bénéfices, ça n’est pas normal », explique-t-il en référence à la commission d’enquête parlementaire lancée par le Sénat, à l’initiative des élus communistes, sur les aides publiques accordées aux entreprises. Selon ces travaux, le montant des subventions d’Etat, des aides versées par Bpifrance, des dépenses fiscales ou encore des allègements de cotisations sociales en faveur des entreprises aurait atteint les 211 milliards d’euros pour la seule année 2023.
« On sait que la nomination de Lecornu ne changera rien. Emmanuel Macron veut garder la même stratégie », soupire Tommy. « Soit il y a une politique de rupture, soit on continuera à mettre la pression jusqu’à ce qu’il y ait un changement », conclut-il.
Bonjour M. Bertez
D. Raoult récemment chez A. Bercoff: » La vie est injuste et chaotique«
Le droit est une image ponctuelle des rapports de force dans une société, la justice une aspiration immatérielle propre à chacun.
Confondre le droit et la justice est une source de frustration et d’incompréhension assurée.
Cordialement
J’aimeJ’aime
Cher monsieur,
Je vous remercie pour cette limpide leçon de capitalisme.
Cela étant:
Les pauvres (et assimilés) qui sont dans le bocal capitaliste se fichent pas mal de ce que font les puissants et les décideurs, ce n’est pas du tout leur horizon de pensée et d’existence…
… Par contre, ils sont évidemment soucieux de bien vivre (selon leurs critères propres) ou tout du moins de ne pas vivre moins bien….
Si les tenants du système capitaliste n’arrivent pas à garder la bête populaire assoupie et craignent je ne sais quoi, bref, s’ils jouent avec le feu, ils n’auront qu’à s’en prendre à eux-mêmes, ils sont inconséquents…
Cordialement,
J’aimeJ’aime
Je saisis l’occasion de votre post pour une précision.
Le savoir se situe à de nombreux niveaux, selon l’usage pratique que l’on doit en faire.
Si je suis menuisier il me suffit de savoir que le bois que je vais travailler est un solide.
Si je suis physicien j’ai intérêt à savoir que la matière sur laquelle je vais exercer mon intelligence est -en dernière analyse pour le moment- du vide!
Il en va de même s’agissant du système économique et social.
Pour oser interférer et y mettre mes gros doigts comme dit Charles Gave, pour être dirigiste, il faut savoir comment fonctionne le système et en particulier le système capitaliste moderne lequel est très complexe et très opaque.
Il est, en plus, quasi totalement contre-intuitif car ce système pour vivre heureux c’est à dire pour prospérer a besoin de rester caché, non-su, enfoui, inconscient. Le système pour durer a besoin de mystifier.
Pour y bricoler il faut connaitre les règles de base dont celles de l’accumulation capitaliste, celles de l’exigence de profit, celles de la concurrence des capitaux entre eux, celles de la concurrence des biens et services qui égalise les valeurs, etc etc
Or ce que l’on voit et entend est à coté de la plaque, faux, archi faux, débile et donc contre productif.
La science, la vérité ne se déterminent pas aux voix par la confrontation des opinions, non la vérité se trouve, on s’en rapproche par la méthode, le travail, l’experimentation, les essais et erreurs, pas en persévérant dans les idioties qui ont toujours et partout échoué. Trotsky disait seule la vérité est efficace, il ne prétendait pas que la verité &tait démocratique par exemple, la verité est un en-soi dont on se rapproche par le travail et l’effort, pas les gesticulations.
Comment voulez vous faire voler un avion si vous ne connaissez pas les lois paradoxales de la pesanteur; on ne maitrise la nature, ce qui existe, qu’en en connaissant les lois de fonctionnement.
Pascal disait « qui veut faire l’ange fait la bête » et c’est exactement ce que je constate avec ces revendications généreuses mais idiotes.
J’aimeJ’aime