Les canaris commencent à chanter !

Mardi et mercredi, l’action KKR a subi une chute de 6,1 %, la plus forte baisse sur deux jours depuis les 10 et 11 avril.

Ses homologues du secteur du crédit privé, Apollo, ont chuté de 4,7 %, Blackstone de 4,1 % et Ares Management de 7,6 %.

Sur la semaine, KKR a chuté de 10,0 %, Ares Management de 7,6 %, Blackstone de 6,6 % et Apollo de 4,7 % – pour l’essentiel les plus fortes baisses hebdomadaires depuis les pertes du « jour de la libération » d’avril.

 Lors de la turbulence boursière des 3 et 4 avril, KKR s’est effondré de 23,3 %, Apollo de 23,2 %, Blackstone de 15,3 % et Areas de 23,6 %. Les marchés étaient au bord de la révulsion . Une vague de réduction des risques et de désendettement était sur le point de semer le chaos, à commencer par l’éclatement des bulles étroitement liées de l’IA et du « crédit privé ».

Mais Trump a fait machine arrière. Sa « pause » tarifaire a déclenché une puissante compression des positions courtes et un renversement des couvertures, une vague de liquidités qui a déclenché la peur de manquer quelque chose (FOMO), des excès spéculatifs effrénés et un important coup de pouce pour l’IA et les excès du « crédit privé ».

L’inflation des bulles après le PUT de Trump a repris de plus belle, mais la situation fondamentale, elle n’a pas changé!. Elle s’est au contraire aggravée.

Les prix des prêts à effet de levier ont été vendus cette semaine, enregistrant la plus forte baisse hebdomadaire depuis fin juillet et ont terminé la semaine à leur plus bas niveau depuis le 29 juin.

Les données du marché indiquent une baisse significative des actions des principales sociétés de crédit privé les mardi et mercredi précédant le 26 septembre 2025.

Ces mouvements s’inscrivent dans un contexte de volatilité du marché, potentiellement lié à des préoccupations économiques plus larges mais aussi à des dynamiques spécifiques au secteur du crédit privé,.

Les secteurs du crédit privé (private credit) et du private equity (PE) traversent une période de turbulences en 2025, marquée par une volatilité accrue des marchés, une liquidité tendue et des incertitudes macroéconomiques. Le business modèle de ces activités est intrinsèquement dangereux dans un mode financier ou le risque n’est pas a son prix en raison de la surabondance de capitaux en quête d’emploi.

Les hausses de taux d’intérêt post-2022, ont fragilisé un écosystème habitué à des conditions de financement bon marché.

Ce « malaise » n’est pas isolé : il révèle des faiblesses structurelles amplifiées par des facteurs géopolitiques, réglementaires et cycliques.

Causes du malaise : un cocktail de facteurs interconnectés

  1. Incertitudes macroéconomiques et géopolitiques
    Les annonces de tariffs douaniers par l’administration Trump (comme le « Liberation Day » en avril 2025) ont injecté une volatilité extrême, freinant les fusions-acquisitions (M&A) et les introductions en bourse (IPO).
  2. Le private equity, dépendant des sorties pour redistribuer des capitaux aux investisseurs (LPs), souffre d’un marché des fusions acquisitions en baisse de 5 % en glissement annuel.
  3. Les spreads de crédit investment grade sont à leur plus bas depuis 1998, signalant une complaisance excessive, mais masquant des vulnérabilités comme un ralentissement des embauches et des révisions à la baisse des créations d’emplois.
  4. Dans le private credit, les préoccupations sur le sourcing d’actifs et les risques géopolitiques dominent, avec plus de 620 milliards de dollars de dettes high-yield arrivant à maturité en 2026-2027.
  5. Crise de liquidité et « zombie funds »
    Les distributions aux LPs ont dépassé les apports en 2024 pour la première fois depuis 2015, mais elles restent insuffisantes face à un stock important de sociétés en portefeuille. Les périodes de detention s’allongent (jusqu’à 5+ ans, rappelant la crise de 2008), piégeant des profits « papier » dans des opérations gelés. Cela freine les levées de fonds : les LPs réduisent leurs allocations (-18 % pour les pensions), forçant les managers à des ventes secondaires record (plus de 100 milliards de dollars au S1 2025).
  6. Le private credit, avec 2,3 trillions de dollars d’actifs (comparable aux MBS non-agency en 2008), risque une contagion via les lignes de crédit bancaires, où les retraits massifs pourraient drainer la liquidité des banques.
  7. Risques réglementaires et opacité
    Le private credit, en pleine expansion (de 1 à 1,5 trillion de dollars depuis 2020, vers 2,8 billions en 2028), souffre d’une opacité accrue. Les banques limitent mainteant leur financement au shadow banking. Une déréglementation potentielle (sous Trump) pourrait assouplir cela, mais des enquêtes comme celles de la SEC et de la Fed mettent en garde contre un « effet de contagion » en cas de choc. De plus, l’arrivée d’investisseurs retail via des fonds evergreen et ETFs dilue les standards de souscription : les leviers reviennent à 7x, avec des covenants laxistes, exposant à des defaults en hausse
  8. Impacts sectoriels spécifiques
    • Private equity : Déclin des deals (7 % de croissance M&A en 2024, mais sous la moyenne longue terme), IPO en berne (6 % des exits en valeur), et pression sur les rendements stagnants. Les firmes comme Blackstone (diversifiée en real estate et credit) sous-performent KKR ou Apollo, plus focalisées sur le PE et le credit.
    • Credit privé : Croissance attendue en 2025 via plus de M&A et LBO, mais concurrence féroce et rotation vers l’asset-based finance pour compenser les rendements en baisse des prêts directs .

Ces dynamiques en cours créent un cercle vicieux : moins de distributions → moins de levées → moins de deals → plus de pression sur les valorisations.

Perspectives : rebond ou récession ? Un choc comme l’inflation relancée par Tariffs pourrait amplifier les failles. et accélérer les prises de conscience , celles ci seraient d’autant plus dangereuses que les comptabilités des firmes de ces secteurs sont douteuses.

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