Il est intéressant de noter que, maintenant que nous disposons de plus d’informations, le meilleur angle pour comprendre ce qui s’est passé avec Nexperia est celui d’une guerre économique par procuration entre les États-Unis et la Chine, avec l’Europe – comme c’est souvent le cas de nos jours – comme champ de bataille et donc comme principale victime.
Selon les documents judiciaires ( https://x.com/FT/status/1978038124539212152 ), il est désormais clair que les Néerlandais ont tenté de saisir Nexperia parce que les États-Unis leur ont dit que s’ils ne le faisaient pas, la société finirait sur la liste des entités et serait donc essentiellement tuée par les sanctions extraterritoriales américaines.
Ce qui aurait été un coup dur pour l’économie néerlandaise car, bien qu’appartenant à une société chinoise, Nexperia a son siège social en Hollande et emploie plus de 10 000 personnes en Europe.
Et maintenant, la réponse de la Chine à la saisie de Nexperia https://x.com/Sino_Market/status/1978025166656680184
par les Pays-Bas est de déployer sa propre arme économique contre l’entreprise : l’entreprise a été bannie des chaînes d’approvisionnement chinoises, ce qui constitue également un arrêt de mort pour une telle entreprise. En fait, c’était une situation de « pile je perds, face… je perds aussi » pour l’Europe : quelle que soit la réponse – qu’il s’agisse de l’armement financier américain ou de l’armement de la chaîne d’approvisionnement chinoise – Nexperia serait pratiquement dans le couloir de la mort.
Ce qui illustre une fois de plus la situation stratégique tragique dans laquelle les dirigeants européens ont placé le continent après des décennies de choix désastreux.
On dit souvent : « Si vous n’êtes pas à la table des négociations, vous êtes au menu »… Eh bien, dans le cas de l’Europe et de Nexperia, c’est encore pire. Nexperia n’est pas dévorée par aucun des deux camps : elle est détruite pour empêcher l’autre de l’avoir.
L’Europe n’a même pas la consolation d’être dévorée : elle n’est qu’un dommage collatéral, écrasée comme un insecte impuissant, sans la moindre hésitation.
Arnaud Bertrand