La dette sur marge, c’est-à-dire l’argent emprunté par les investisseurs pour acheter des actions, a explosé pour atteindre le niveau record de 1 130 milliards de dollars, soit une hausse de près de 40 % depuis le printemps.

Il s’agit de la hausse la plus rapide sur cinq mois depuis fin 2021, juste avant le retournement des marchés.
Le problème ne réside pas seulement dans le niveau total, mais dans la rapidité et la direction de l’évolution. Les anciens considéraient que les marchés étaient dangereux quand le papier était dans les mains faibles, on ici un bon exemple de constitution rapide d’une masse de mains faibles .
Lorsque la dette sur marge passe d’un record à l’autre en quelques mois seulement, c’est le signe d’une psychologie perverse, d’une euphorie spéculative et d’un relâchement de la vigilance.
L’effet de levier , il amplifie tout.
À la hausse, il crée sa propre demande : les liquidités empruntées entraînent les actions à la hausse, faisant grimper les prix et la valeur des garanties, ce qui permet d’emprunter encore plus.
C’est la mise en branle de la chaine du bonheur.
Mais dès que les prix vacillent au delà d’un certain seuil mécanique et psychologique, le même mécanisme s’inverse. La baisse des prix réduit les garanties, les courtiers lancent des appels de marge et les ventes forcées, automatiques accélèrent la baisse.
En 2000, 2007, 2018 et 2021, chaque hausse de la dette sur marge s’est soldée par une correction majeure.
Aujourd’hui, l’effet de levier est plus que généralisé, il est universel et je ne crains même pas d’affirmer que même les capitaux propres du système sont en dernière analyse des capitaux empruntés.
Nantissement d’actions par les dirigeants d’entreprise, effet de levier des fonds spéculatifs via des produits dérivés, Private Equity, et intégration de dettes dans les produits structurés, demande des consommateurs, demande du gouvernement, tout est en fait du levier; c’est ce qui donne son apparence de rentabilité au système. Je dis bien apparence.
La dette sur marge n’est que la partie visible, la seule que les régulateurs surveillent.
je soutiens -et ce n’est pas une plaisanterie- que dans notre système actuel, même la confiance est empruntée et elle devra être remboursée … avec intérêts.
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