Analyse et commentaire du dernier mégasondage sur la situation de la France. Les mesures sont objectives, le sondage est techniquement bien fait, l’antériorité est ancienne. la crédibilité est sonc non contestable. La photo est bonne.
La France est un pays qui ne marche plus, ce qui est un comble quand son leader a opté pour l’appellation « En Marche ».
Cette révolte , cette souffrance silencieuses des Français ne suscitent pas la moindre réaction du monde politique ou des médias.
Dans tout pays qui fonctionne, dans toute communauté qui marche, ces chiffres devraient placer au premier rang de toutes les préoccupations le renouvellement politique français, l’abolition de la pitrerie présidentielle, la refonte des institutions, la réhabilitation de la démocratie et de la souveraineté populaire.
Il n’en est rien, le seul spectacle, je n’ose pas dire action, c’est le théâtre de marionnettes, le jeu de guignols corrompus qui s ‘agitent, s’invectivent le jour mais couchent dans le meme lit la nuit. La politique est réduite à une colossale partouze de vicieux narcissiques.
Tout le monde profite ou espère profiter demain du système. C ‘est un système veule, sans morale, sans responsabilité dont le mot d’ordre et de ralliement est « ôtes toi de là que je m’y mette ».
Et c’est pourquoi rien ne bouge…Ils attendent leur tour.
Tout se passe comme à la fin de l’ancien régime: avec une oligarchie obnubilée par la préservation de ses prébendes ou la conquête des fromages, indifférente à la détresse et à la révolte qui grondent mais qui ne mordent pas. Car le peuple lui aussi est partie prenante au système dans sa passivité.
Le dernier grand sondage publié par Le Monde, intitulé « Fractures françaises 2025 » est horrible d’abord et alarmant ensuite..
Il s’agit d’une enquête annuelle majeure réalisée par Ipsos pour Le Monde, le Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po), la Fondation Jean Jaurès et l’Institut Montaigne.
Menée du 1er au 9 octobre 2025 auprès de 3 000 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas), cette étude dresse un portrait chiffré de l’état d’esprit des Français face à la situation politique, économique et sociale du pays.
Publiée le 20 octobre 2025, elle reflète un contexte de crise gouvernementale persistante (troisième gouvernement en un an, instabilité budgétaire et menaces de motion de censure), exacerbée par des défis économiques comme l’inflation et le déclassement social.
Ce sondage n’est pas seulement un « mégasondage » par son ampleur, mais par sa profondeur : il mesure non seulement les opinions immédiates, mais aussi les tendances de long terme depuis 2014.
Les résultats sont univoques et records :
un pessimisme inédit, une défiance généralisée envers les institutions et un sentiment de déclin irréversible.
Résumé des principaux résultats
Voici les indicateurs clés, présentés sous forme de tableau pour plus de clarté. J’ai sélectionné les plus emblématiques, avec des comparaisons historiques pour contextualiser l’évolution.
| Thème | Résultat 2025 | Évolution par rapport à 2024 | Évolution par rapport à 2017 (début du mandat Macron) | Commentaire bref |
|---|---|---|---|---|
| Insatisfaction globale vis-à-vis de la situation du pays | 96 % des Français mécontents | +5 points | +25 points (71 % en 2017) | Niveau record absolu, France leader mondial du pessimisme. |
| Perception du déclin national | 90 % pensent que la France est en déclin ; 32 % le jugent irréversible | +3 points ; +10 points pour l’irréversibilité | +30 points (60 % en 2017) | Hausse constante depuis 10 ans ; nostalgie : 75 % disent « c’était mieux avant ». |
| Confiance dans la présidence de la République | 22 % | -5 points | -22 points (44 % en 2017) | Plus bas historique ; Emmanuel Macron vu comme déconnecté. |
| Confiance dans le gouvernement | 25 % | -8 points | N/A | Instabilité (démission de Lecornu) amplifie le rejet. |
| Confiance dans le Parlement | 28 % | -6 points | -18 points | Perçu comme « corrompu » par 65 % des sondés. |
| Confiance dans les partis politiques | 15 % | -4 points | -15 points | Seuls les maires (68 %) et le RN (35 % chez ses sympathisants) résistent. |
| Défiance envers les élus | 87 % pensent que les politiques agissent pour leurs intérêts personnels | +7 points | +20 points | 81 % jugent la démocratie « dysfonctionnelle ». |
| Préoccupations économiques | 85 % inquiets du pouvoir d’achat ; 78 % du déclassement social | +10 points | +25 points | Inflation et austérité budgétaire en cause ; 91 % disent que le pays « va dans la mauvaise direction ». |
| Autres acteurs | Confiance dans les grandes entreprises : 47 % ; PME : 82 % ; Banques : 46 % | Stable | Stable | Les acteurs économiques locaux mieux perçus que les politiques. |
Sources : Données extraites de l’enquête Ipsos/ »Fractures françaises 2025″. ipsos.com +Analyse des résultats
Ce sondage confirme et amplifie une tendance observée depuis plusieurs années : la France est en proie à une « fracture » profonde entre une élite déconnectée et une population qui se sent abandonnée. C’est le phénomène de disjonction; la séparation des élites qui vivent dans un Imaginaire pourri de fric tombé du ciel qui leur est propre -si on peut dire-, et le peuple qui lui, se coltine le Réel.
- Un pessimisme structurel et inédit : Les 96 % d’insatisfaction globale battent tous les records depuis le lancement de l’enquête en 2014. Ce n’est plus un « coup de blues » conjoncturel, mais un état d’esprit dominant, alimenté par l’instabilité politique (trois Premiers ministres en un an : Barnier, Bayrou, Lecornu) et des chocs économiques (inflation persistante, budget 2025 minimaliste adopté via l’article 49.3). La perception du déclin (90 %) est particulièrement frappante : elle touche tous les âges et classes sociales, mais plus les classes populaires (95 %) et les jeunes (92 %). Le sentiment d’irréversibilité (32 %) est nouveau et inquiétant – il suggère une résignation qui pourrait miner l’engagement civique.
- Une crise de la démocratie représentative : La défiance envers les institutions culmine : 87 % voient les politiques comme égoïstes, et 81 % estiment que la démocratie ne fonctionne plus bien. Cela s’explique par la séquence chaotique de 2025 : dissolution surprise en juin 2024, élections législatives sans majorité claire, censure du budget et motions de censure répétées. La confiance dans Macron (22 %) est au plus bas, érodée par des promesses non tenues (sur la « rupture » économique) et une image d' »illégitimité » (perçue par 65 % des sondés). Seul le Rassemblement national (RN) gagne du terrain (confiance relative chez 35 % de ses électeurs), vu comme « plus proche du peuple », tandis que les maires incarnent un ancrage local salvateur (68 % de confiance).
- Les fractures socio-économiques : Le pouvoir d’achat (85 % d’inquiétude) et le déclassement (78 %) dominent, dans un contexte où 55 % des Français craignent une baisse future de leur niveau de vie. Cela renforce les inégalités perçues : 70 % estiment que les riches s’enrichissent tandis que les classes moyennes pauperisent. Les préoccupations migratoires (65 %) et sécuritaires (72 %) se mêlent à ces angoisses, favorisant les extrêmes.
Globalement, l’enquête montre une accélération de toutes les perceptions négatives : +13 points d’insatisfaction en un an sur la direction du pays, plaçant la France en tête des nations pessimistes (devant l’Italie ou l’Espagne).
Ce sondage est un signal d’alarme sinistre : la France de 2025 n’est plus seulement en crise, elle est en état de dysfonctionnement , de défiance systémique, où la politique est vue comme un théâtre d’ombres plutôt qu’un levier d’action. C’est le fruit d’une accumulation – des Gilets jaunes en 2018 à l’instabilité post-2024 et aux pantalonnades quotidiennes – qui a épuisé la patience des citoyens. Je vais plus loin c’est plus que la patience qui est détruite, ce sont les citoyens, c’est la citoyenneté qui était en eux. Destruction du corps social.
Macron, autrefois perçu comme un « disrupteur », incarne désormais l’immobilisme élitiste, avec une cote qui frôle celle de Hollande en fin de règne.
Le RN en profite, non par adhésion massive, mais par défaut : il canalise la colère. Une partie du peuple peut encore s’y reconnaitre, peut encore s’identifier à lui.
Les seules lueurs : la confiance intacte dans les PME et les maires montre que le local reste un rempart.
71 % des Français plébiscitent plus de participation citoyenne (pétitions, tirages au sort), ce qui pourrait inspirer une réforme démocratique profonde.
On court vers une abstention record et/ou des sursauts violents.
Ce mégasondage est radical; ce que les citoyens zombies demandent ce n’est pas un rafistolage ou un referendum bidon, ils demandent la conclusion d’un Nouveau Pacte Social qui les ressusciterait.