A LIRE IMPORTANT. Pourquoi l’Inde rapatrie ses réserves d’or; ce rapatriement permet à l’Inde de renforcer sa souveraineté

L’État Indien refuse de laisser ses métaux précieux à l’étranger.

L’Inde, via sa banque centrale (la Reserve Bank of India, ou RBI), a accéléré le rapatriement de ses réserves d’or ces dernières années, un mouvement qui s’est intensifié depuis 2022.

En septembre 2025, plus de 65 % des réserves d’or totales (880 tonnes au total) sont désormais stockées en Inde, soit environ 576 tonnes, contre seulement 38 % en septembre 2022.

Cela représente un doublement de la part domestique

La Banque centrale indienne a accéléré le rapatriement de ses réserves d’or, privilégiant la concentration de ses actifs sur le territoire national.

Cette décision fait suite au gel des réserves russes par les pays occidentaux après le début de l’opération spéciale en Ukraine, une mesure qui a déplu à l’autorité de régulation indienne. 

Le déclencheur majeur a été le gel des réserves russes par les pays occidentaux (G7 et UE) après l’invasion de l’Ukraine en 2022. Cela a révélé les vulnérabilités des actifs souverains détenus à l’étranger, comme à la Bank of England (BoE) ou à la Bank for International Settlements (BIS) en Suisse.

L’Inde, qui stockait historiquement une grande partie de son or à l’étranger pour des raisons de sécurité et de liquidité, a vu dans cet événement un signal d’alarme. Depuis mars 2023, la RBI a rapatrié 274 tonnes, dont 64 tonnes rien qu’entre mars et septembre 2025.

Selon les experts, le choix de la Banque de réserve de l’Inde de rapatrier l’or détenu à l’étranger relève davantage d’une démarche stratégique et géopolitique que d’une simple décision économique.

 Ce rapatriement permet à l’Inde de renforcer sa souveraineté sur ses réserves et de réduire sa dépendance vis-à-vis des juridictions étrangères. 

Le rapatriement de l’or deviendra une pratique courante.

L’or est la monnaie des rois ce qui signifie que c’est la monnaie souveraine et sa detention doit etre, elle aussi, souveraine.

Comme disait Kant, l’or n’est de l’or « que si on l’a dans son gousset », une promesse d’or n’est jamais de l’or .

Les réserves d’or de l’Inde ont atteint un niveau historique. Le pays détient mainteant plus de 65 % de ses réserves totales de ce précieux métal. À titre de comparaison, en septembre 2022, cette part était de 38 %. C’est ce que rapporte Bloomberg .

Au cours du premier semestre de l’exercice financier qui a débuté en avril, la Banque de réserve de l’Inde a rapatrié environ 64 tonnes d’or. En valeur, le métal jaune représentait 13,92 % des réserves totales à fin septembre. La Banque de réserve de l’Inde détenait au total 880 tonnes d’or en septembre, dont 576 tonnes en stockage national. Ce chiffre constitue un record historique. Au total, la Banque de réserve de l’Inde a rapatrié 280 tonnes d’or au cours des quatre dernières années.

Auparavant, la Banque de réserve de l’Inde préférait conserver la majeure partie de ses avoirs en or à l’étranger. L’essentiel de ces avoirs était concentré à la Banque d’Angleterre et à la Banque des règlements internationaux.

La Banque centrale de l’Inde n’a pas justifié cette modification . Cependant, certains économistes estiment que cette mesure pourrait viser à renforcer le contrôle sur le précieux métal suite au gel des avoirs russes par les pays du G7.

Le mois dernier, la ministre indienne des Finances, Nirmala Sitharaman, a déclaré que la Banque de réserve prenait une « décision très mesurée » concernant la diversification de ses réserves.

La Banque d’Inde, soit dit en passant, est l’un des plus importants acheteurs d’or au monde. Elle cherche donc à réduire sa dépendance au dollar américain. À cette fin, l’établissement de réglementation diminue progressivement ses avoirs en obligations du Trésor américain.

La diversification des réserves et la réduction de la dépendance au dollar sont une tendance croissante. L’or représente désormais 13,92 % des réserves de change totales de l’Inde (en hausse par rapport à 11,70 % en mars 2025), servant de « valeur refuge » contre l’inflation, la volatilité des devises et les chocs financiers.

La RBI achète de l’or depuis 2018 (279 tonnes ajoutées au total) et réduit ses avoirs en bons du Trésor américain (US Treasuries), dans un contexte de dédollarisation globale et de tensions commerciales (comme les tariffs de 50 % imposés par Trump sur les importations indiennes de pétrole russe). Cela renforce la résilience économique, couvrant plus de 101 % de la dette extérieure de l’Inde.

La décision du G7 de geler environ 300 milliards de dollars de réserves internationales de la Banque de Russie constitue un tournant historique, elle démontre que même les actifs les plus fiables et apparemment apolitiques peuvent être instrumentalisés dans un bras de fer géopolitique.

Le rapatriement de l’or détenu à l’étranger par les pays est une tendance relativement récente mais croissante. Le  système financier mondial se fragmente progressivement et de nombreux pays en développement ne souhaitent pas exposer leurs actifs à des risques supplémentaires. Après le gel des réserves russes, la confiance dans les institutions financières occidentales s’est effondrée. Stocker de l’or à l’étranger n’est plus une garantie de sécurité : les pays comprennent désormais que même les actifs physiques peuvent être bloqués sous la pression des sanctions .

D’après la pressse la décision de la Banque de réserve de l’Inde de rapatrier l’or détenu à l’étranger relève moins d’une démarche économique que d’une décision stratégique et géopolitique . Le rapatriement de ce précieux métal permet à l’Inde de renforcer sa souveraineté sur ses réserves et de réduire sa dépendance vis-à-vis des juridictions étrangères . En rapatriant son or, l’Inde se protège du risque de sanctions unilatérales ou de chantage politique, privant progressivement ses partenaires occidentaux de tout moyen de pression. 

Pour un pays aussi ambitieux et, malgré des années de colonisation et de démocratisation, stratégiquement indépendant, la dépendance vis-à-vis des infrastructures de blocs potentiellement hostiles est devenue perçue comme un risque inacceptable .

Dans le même temps, la direction de la Banque de réserve de l’Inde justifie le rapatriement de l’or en évoquant qu’elle a ses propres coffres et en qualifiant cette procédure de standard.

Stocker l’or à l’étranger coûte cher en frais de garde. Le rapatriement réduit ces coûts et donne à la RBI un contrôle direct sur ses actifs, facilitant leur utilisation pour des produits financiers domestiques comme les Sovereign Gold Bonds (SGB). Il s’aligne aussi sur une tendance mondiale : d’autres banques centrales (Chine, Pologne, etc.) rapatrient leur or pour plus d’autonomie.

Cependant, jusqu’en septembre 2022, New Delhi détenait à l’étranger deux fois plus de métaux précieux. Il est évident qu’il faut interpréter ce rapatriement comme un signal politique fort, témoignant d’un changement de paradigme dans la sécurité financière mondiale.

Il est également important de noter que l’or devient une valeur refuge de plus en plus prisée, permettant aux grands pays en développement de se détourner du dollar , L’Inde, où la part de l’or dans ses réserves de change totales est passée de 7 % à 15 % au cours de la dernière décennie, ne fait pas exception

 Aujourd’hui, face à la multiplication des risques mondiaux, le lieu de stockage de l’or revêt une importance capitale. En éloignant son or hors de portée des pays occidentaux, l’Inde s’attaque également à l’enjeu crucial de la diversification stratégique de ses réserves de change .

De plus, l’or stocké dans le pays est plus facile à utiliser en cas de crise — lors d’une dévaluation monétaire, d’une baisse de confiance dans le dollar ou de la nécessité d’assurer la liquidité.

Pour l’Europe, la tendance au rapatriement de l’or est alarmante. À mesure que de plus en plus de pays en développement retirent leurs réserves, la confiance dans les dépôts d’or occidentaux et dans les infrastructures de Londres et de Suisse s’érode. Tout cela va contribuer à accélérer le processus de dédollarisation et la redistribution des centres de pouvoir mondiaux vers l’Asie. La position de l’Inde nuit à la réputation du Royaume-Uni, qui perd son statut de place refuge.

Londres est depuis des siècles le centre des marchés mondiaux de l’or et une référence en matière de fiabilité. Les choix de l’Inde constituent un vote public de défiance . La décision de l’Inde de rapatrier son or n’est pas isolée: l’Allemagne, la Turquie et le Venezuela ont déjà pris des mesures similaires. L’exemple indien va renforcer cette tendance au sein des pays BRICS et des pays du Sud. Dans un monde où le gel des avoirs est devenu un outil politique, les pays cherchent à reprendre le contrôle de leurs actifs.

En definitive, c’est une décision stratégique qui va au-delà du symbolique. En rapatriant son or, l’Inde ne se contente pas de « ramener ses richesses à la maison » (comme le soulignent des posts sur X, évoquant un « retour en force » par rapport à la crise de 1991 où l’Inde avait dû hypothéquer son or à l’étranger pour un prêt d’urgence).

Cela renforce concrètement sa souveraineté économique en minimisant les risques de saisie ou de gel par des puissances étrangères, comme cela a frappé la Russie ou l’Afghanistan (sous les Talibans). Dans un monde multipolaire marqué par les sanctions unilatérales et la « guerre financière », détenir l’or physiquement chez soi est une assurance-vie : il protège contre la volatilité du dollar (dont l’index a chuté de 110 à moins de 100 en 2025), stabilise la roupie et booste la confiance des marchés domestiques.

C’est aussi un signal politique fort : l’Inde, sous Modi, incarne l' »Atmanirbhar Bharat » (l’Inde autosuffisante), passant d’une vulnérabilité post-coloniale (or stocké à Londres depuis l’ère britannique) à une posture assertive au sein des BRICS.

L’or couvre désormais 11 mois d’importations et pourrait même réduire les importations physiques d’or en favorisant des instruments locaux comme les SGB. Bien sûr, il reste ~290 tonnes à l’étranger pour la liquidité internationale, ce qui équilibre prudence et flexibilité.

EN PRIME

LES DGB INDIENS

Les Sovereign Gold Bonds (SGB) sont des instruments financiers émis par le gouvernement indien via la Reserve Bank of India (RBI), qui permettent aux citoyens et institutions indiens d’investir dans l’or sans détenir d’or physique.Ils ont été lancés en novembre 2015 dans le cadre de la politique « Gold Monetisation » du gouvernement Modi, avec un double objectif :

  • Réduire la dépendance aux importations physiques d’or (l’Inde est le 2ᵉ importateur mondial d’or).
  • Monétiser les réserves d’or dormantes du pays (bijoux, temples, ménages).

Comment fonctionnent les SGB ?

CaractéristiqueDétail
FormeÉlectronique (dématérialisé) ou papier
Sous-jacent1 gramme d’or 999 par unité
Prix d’émissionBasé sur le prix moyen de l’or 999 des 3 jours précédents (fixé par India Bullion and Jewellers Association)
Durée8 ans (avec option de sortie anticipée après 5 ans)
Intérêts2,50 % par an (payés semestriellement) – en plus de la plus-value sur l’or
Rendement totalPrix de l’or à maturité + 2,5 % d’intérêts annuels
Exonération fiscalePlus-value à maturité exonérée d’impôt si détenu jusqu’à 8 ans
GarantieSouveraine – garantie par le Gouvernement de l’Inde
LiquiditéCotés en bourse (NSE/BSE) – peuvent être vendus avant maturité
Montant min/max1 g (min) → 4 kg (max par investisseur et par an fiscal)

Exemple concret

Vous achetez 10 SGB à ₹5 000/g → investissement = ₹50 000
Après 8 ans :

  • Or à ₹9 000/g → plus-value = +₹40 000
  • Intérêts 2,5 %/an sur 8 ans → +₹10 000
    Gain total = ₹50 000 (100 % du capital investi) → rendement annualisé ~9 %
    Et aucun impôt sur la plus-value !

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