La balle dans le pied des occidentaux avec Nexperia. Avec MAJ

La débâcle Nexperia

Nexperia, le fabricant néerlandais de semi-conducteurs (Pays-Bas), est au cœur d’un bras de fer géopolitique entre les Pays-Bas, la Chine et les États-Unis.

Cette affaire, qui oppose le gouvernement néerlandais à la maison-mère chinoise Wingtech Technology, menace les chaînes d’approvisionnement mondiales en puces électroniques, particulièrement pour l’industrie automobile européenne.

Voici un résumé chronologique et l’état des lieux au 7 novembre 2025, basé sur les dernières informations disponibles.

DateÉvénement principal
Juin 2025Les États-Unis alertent les Pays-Bas sur les risques liés au PDG chinois de Nexperia, Zhang Xuezheng, pour éviter des restrictions d’exportation.
29-30 septembre 2025Le Bureau américain de l’Industrie et de la Sécurité (BIS) étend ses contrôles d’exportation aux filiales détenues à plus de 50 % par des entités sur liste noire (comme Wingtech). Le gouvernement néerlandais invoque la loi sur la « Disponibilité des biens » (datant de la Guerre froide) pour prendre le contrôle temporaire de Nexperia, citant des « graves manquements de gouvernance » et des risques pour la sécurité économique européenne. Zhang Xuezheng est suspendu comme directeur.
4 octobre 2025La Chine impose un contrôle d’exportation interdisant à Nexperia et ses sous-traitants d’exporter des composants finis fabriqués en Chine vers l’étranger.
7 octobre 2025La Chambre des Entreprises néerlandaise confirme des doutes sur la gestion de Nexperia et valide la suspension du PDG.
13-26 octobre 2025Nexperia suspend l’approvisionnement en wafers (galettes de silicium) vers son usine chinoise de Dongguan pour non-paiement. La filiale chinoise défie les instructions du siège néerlandais et impose les transactions en yuans. Les constructeurs automobiles (Volkswagen, Honda, Nissan, Mercedes) alertent sur des arrêts de production potentiels.
Fin octobre 2025Pékin accuse les Pays-Bas d' »ingérence excessive » motivée par des biais géopolitiques et appelle à un règlement rapide.
1er novembre 2025Réunions d’urgence en Europe pour désamorcer la crise ; signes d’ouverture des États-Unis et de la Chine pour des exemptions sur les exportations de puces automobiles critiques.
4 novembre 2025La Chine durcit le ton, accusant les Pays-Bas de prolonger le conflit et menaçant l’industrie automobile européenne. Wingtech dénonce des pertes potentielles d’emplois aux Pays-Bas, en Allemagne et au Royaume-Uni.
6 novembre 2025Nexperia annonce espérer une résolution imminente, mais avertit que les puces produites en Chine après le 13 octobre ne peuvent pas être garanties comme authentiques ou conformes aux normes de qualité. Les sites hors Chine fonctionnent normalement.

Impacts et enjeux actuels

  • Sur l’industrie automobile : Nexperia fournit environ 40 % des transistors et diodes pour l’automobile (composants essentiels pour le freinage, la direction assistée, etc.). 70 % des puces produites aux Pays-Bas sont assemblées en Chine avant réexportation. Des stocks limités (quelques semaines) pourraient causer des arrêts de chaînes en Europe (Volkswagen prévoit des interruptions temporaires), aux États-Unis et au Japon. L’Association allemande de l’industrie automobile (VDA) parle de « restrictions de production significatives » si la crise persiste.
  • Géopolitique : Cette affaire illustre la vulnérabilité européenne face à la guerre technologique sino-américaine. Les Pays-Bas défendent leur intervention comme une mesure de « sécurité nationale » pour empêcher le transfert de technologies critiques vers la Chine, sans visée anti-chinoise. Pékin y voit un « traitement discriminatoire » et une politisation du commerce. Des discussions trilatérales (UE, États-Unis, Chine) sont en cours, avec des exemptions potentielles pour les puces critiques suite à une rencontre Trump-Xi fin octobre.
  • Économique : Nexperia (12 500 employés, 2 milliards d’euros de CA) risque des pertes massives. Wingtech conteste judiciairement la saisie néerlandaise (durée : 1 an maximum, sans approbation gouvernementale pour les décisions majeures). Les employés européens s’inquiètent pour leurs emplois.

La crise semble au bord d’une résolution diplomatique, avec des progrès signalés le 1er novembre (ouvertures chinoises et américaines pour des exemptions).

Cependant, les tensions persistent : la filiale chinoise maintient son indépendance, et Pékin menace d’aggraver les perturbations si les Pays-Bas ne coopèrent pas.

L’UE pousse pour une « autonomie stratégique » en semi-conducteurs, mais cette affaire met en lumière sa dépendance aux chaînes globales.

Une décision judiciaire néerlandaise est attendue d’ici fin novembre sur la validité de la saisie.

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