Un système a deux faces, une face « pile » et une face « face »
La face que l’on voit, la face « face » est celle de l’actif, les produits, les usines , les techniques etc
La face que l’on ne voit pas, est celle du passif , elle reflète l’origine des fonds qui servent à financer l’actif et les investissements qui y sont nécessaires.
Le passif en tant qu’origine des fonds reflète également les obligations à venir, ce qu’on doit ou va devoir décaisser dans le futur. A noter que les décaissements peuvent être sous forme d’intérêts dans le cas de dettes et de dividendes si c’est le cas de fonds propres.
Les deux faces sont considérées comme comptablement équivalentes: grâce aux anticipations; on espère que ce qui sera produit permettra d’honorer les passifs.
Les crises sont des crises du passif, ce sont des situations ou l’on prend conscience du fait que les actifs ne seront pas à la hauteur des passifs constitués.
La crise de 2008 a été tout à fait exemplaire sous cet aspect, les passifs subprimes se sont révélés très supérieurs aux actifs qu’ils avaient servi à financer. Les gages, réhypothèqués de multiple fois se sont effondrés en chaine.
Le système a été sauvé de l’effondrement total par la remontée/prise en charge/assurance des pertes au niveau des banques centrales et des gouvernements, lesquels les ont ensuite par une alchimie opaque retransférées aux populations, aux masses, ce que l’on appelle la socialisation des pertes.
Les pertes n’ont pas été supportées par les responsables car comme l’a dit le Secrétaire au Tresor américain Geithner: si on l’avait fait les responsables auraient fait sauter le système, ils ont pris le système en otage, ils n’ont même pas été punis.
Nous connaissons une phase de boom de l’Intelligence Artificielle , les espoirs qui y sont placés sont d’une ampleur rarement vue dans l’histoire. Pour réaliser ces espoirs, les paris financiers sont eux aussi considérables, et des fortunes astronomiques sont constituées sur la base de ces paris et des anticipations; -notez le bien-, pas sur la base des réalisations mais sur les espoirs de réalisations à venir. Ce qui enrichit ce sont les prévisions, les anticipations, les espoirs.
Les paris et les mises sont considérables et accélérés car les oligarques, les entreprises et les gouvernements se sont lancés dans une véritable course pour atteindre un stade de monopole et de domination.
Tout ceci produit une situation de surchauffe spéculative alimentée par les banques centrales et les gouvernements complices.
Le Financial Times résume ainsi la situation : « Les actions américaines surfent sur la vague de l’IA et la trêve commerciale pour enchaîner six mois de hausse. Le S&P 500 et le Nasdaq enregistrent leurs plus longues séries de gains mensuels depuis des années. »
Le FT souligne que les actions américaines ont atteint leur plus longue série de gains mensuels en quatre ans, portées par l’engouement pour l’IA, la baisse des taux d’intérêt et la décision de Donald Trump de modérer sa guerre commerciale.
Le S&P 500 a progressé en octobre pour un sixième mois consécutif de hausse et a atteint son 36e plus haut historique de l’année mardi dernier. Il s’agit de la meilleure performance de l’indice depuis août 2021.
Les craintes d’une bulle spéculative autour de l’IA et les signes de faiblesse du marché du travail américain ont été éclipsés par une avalanche d’annonces de dépenses publiques et les excellents résultats des géants technologiques de la Silicon Valley.
La Réserve fédérale a par ailleurs veillé a alimenter le bol de punch, elle a procédé il y a quelques jours à sa deuxième baisse de taux de l’année.
Cette décision fait suite à une explosion des fusions-acquisitions dans les entreprises américaines, avec plus de 80 milliards de dollars de transactions conclues lundi dernier.
Les géants de la tech ont publié leurs résultats trimestriels.
L’action Amazon a bondi de 12 % sur ces annonces ajoutant près de 300 milliards de dollars à sa capitalisation boursière après que son activité cloud a enregistré sa plus forte croissance trimestrielle en près de trois ans.
Meta a émis pour 30 milliards de dollars d’obligations afin de financer des projets d’IA, et cette émission a entraîné des ordres d’achat d’environ 125 milliards de dollars – un record absolu pour une obligation d’entreprise de qualité aux États-Unis.
Nvidia est devenue la première entreprise à atteindre une capitalisation de 5 000 milliards de dollars et Apple a franchi la barre des 4 000 milliards de dollars pour la première fois.
« Oui, nous sommes dans un marché haussier qui a bien progressé… mais pour l’instant, les entreprises technologiques continuent d’afficher d’excellentes performances », a déclaré John Bilton, responsable de la stratégie multi-actifs mondiale chez JPMorgan Asset Management. « Le fait que tout le monde me dit que le secteur technologique est une bulle me laisse penser qu’il a encore du potentiel. »
Les conseillers en investissement sont aux anges : « Il y a un consensus de plus en plus fort sur le fait que l’impact de l’IA sera réel et transformateur, la saison des résultats se déroule bien, nous sommes au début d’un cycle de baisse des taux de la Fed», a déclaré Venu Krishna, responsable de la stratégie actions américaines chez Barclays.
Tous les Cassandre ont bien tort.
Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. on s’arrache les billets de loterie que ce soit sous forme d’actions et dérivés ou sous forme de créances. Cela signifie simplement que les passifs, les cotés pile du système gonflent vigoureusement.
Le succès américain est presque entièrement dû à l’expansion des investissements dans l’IA par les géants de la tech, qui continuent d’engranger des profits considérables.
Le gouvernement américain continue d’afficher d’énormes déficits budgétaires annuels, ce qui augmente le niveau de la dette publique et, par conséquent, le coût de son service.

L’explosion de la dette publique s’explique rappelons le , par les plans de sauvetage des secteurs financier et privé lors de la crise financière mondiale de 2008-2009 et les mesures de soutien budgétaire nécessaires pour permettre aux populations de surmonter la récession liée à la pandémie de 2020.
Il n’y a pas que la dette publique qui explose, la dette privée explose egalement.
Le mois dernier, le PDG de JPMorgan, Dimon, a lancé un avertissement au système financier. Faisant référence aux faillites de l’équipementier automobile First Brands et du prêteur automobile à risque Tricolor Holdings, Dimon a déclaré : « Quand on voit un cafard, il y en a probablement d’autres. Tout le monde devrait être prévenu. »
Or, de plus en plus, les grandes banques ne prêtent plus directement aux entreprises, elles prêtent à des institutions de crédit non bancaires, dites de « Crédit Privé ». Ces institutions financières non bancaires représentent désormais plus de 10 % de l’ensemble des prêts bancaires américains. Si les financements directs inscrits au bilan des banques ont fortement diminué depuis 2012, le recours aux lignes de crédit auprès des organismes non bancaires a considérablement augmenté, représentant aujourd’hui environ 3 % du PIB. Passant de 500 milliards de dollars en 2020 à près de 1 500 milliards de dollars aujourd’hui, le crédit privé constitue une source de financement de plus en plus importante pour les entreprises.

Une grande partie de ces prêts de crédit privés est utilisée pour les prêts hypothécaires aux ménages..

Comme ce crédit privé n’est pas inscrit au bilan des banques, il n’est pas réglementé. Cela signifie que les sociétés de crédit ne disposent pas de suffisamment de capital pour couvrir les pertes si les entreprises auxquelles elles prêtent font faillite. Dans ces cas, les sociétés de crédit privé pourraient elles aussi faire faillite ou nécessiter un reflux massif de la part des banques commerciales, un effet domino classique à travers le système financier et peut-être jusqu’à l’économie réelle.
Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, a tiré la sonnette d’alarme concernant les prêts risqués sur les marchés du crédit privé suite à la faillite de First Brands et de Tricolor. Il a par ailleurs établi un parallèle direct avec les pratiques antérieures à la crise financière de 2008.
Bailey a déclaré : « Nous constatons de plus en plus ce qu’on appelait autrefois le fractionnement et le découpage des structures de prêts. Si vous avez été impliqué avant la crise financière, c’est à ce moment-là que l’alarme a commencé à se déclencher. Tricolor et First Brands ont tous deux eu recours à la dette adossée à des actifs : le prêteur spécialisé dans les prêts subprimes a regroupé des prêts automobiles en obligations, tandis que le fabricant de pièces automobiles a fait appel à des fonds spécialisés pour obtenir des crédits sur ses factures. »
Le mois dernier le FMI, a affirmé que l’exposition des banques américaines et européennes, à hauteur de 4 500 milliards de dollars, aux fonds spéculatifs, aux sociétés de crédit privé et autres institutions financières non bancaires pourrait « amplifier toute contraction économique et transmettre des tensions à l’ensemble du système financier ».
Les émissions de titres de créance liés aux centres de données nécessaires à l’Intelligence Artificielle explosent : les émissions de titres de créance garantis aux États-Unis, liés aux centres de données, devraient atteindre un niveau record de 25,4 milliards de dollars en 2025. Cela représenterait une augmentation de 112 % par rapport aux 12 milliards de dollars émis en 2024. Depuis 2022, les émissions de titres de créance pour les centres de données ont explosé de +1 854 %.
BofA estime qu’il y a déjà environ 49 milliards de dollars de titres adossés à des actifs de centres de données et de titres adossés à des créances hypothécaires commerciales (CMBS) en circulation. Le boom des investissements dans l’IA stimule un recours massif à l’emprunt.