Emmanuel Macron, soldat zélé de l’UE contre l’État social français- FRONT POPULAIRE

A lire dans FRONT POPULAIRE DE MICHEL ONFRAY

Emmanuel Macron, soldat zélé de l’UE contre l’État social français – entretien avec Gilles Raveaud

L’économiste Gilles Raveaud, auteur de l’Inflation – La grande arnaque (éd. Les Échappés), abat les mythes qui entourent la dette publique et critique le modèle européen qui ruine les Français. Il dénonce l’« irresponsabilité démocratique » de la classe politique et de Bercy, alors même que l’État a perdu la maîtrise de ses finances et de sa souveraineté en la matière. Un impératif : que la puissance publique retrouve son autorité et sa capacité à produire. Cet entretien est également l’occasion de se pencher sur le scandale qui se cache derrière l’explosion des prix de l’énergie, tirés vers le haut le marché européen de l’électricité. Une aberration qui a permis à des fournisseurs de réaliser des marges colossales au détriment des Français.

A PROPOS DE CE SCANDALE

Le « scandale » des prix de l’énergie en Europe : une aberration qui pue la spéculation avec l’explosion des prix de l’électricité sur le marché européen

Certains fournisseurs se sont gavés de marges folles pendant que les Français (et les Européens en général) trinquaient avec des factures qui explosaient.

C’est le résultat d’un système pseudo libéralisé qui, en temps de crise, tourne au cauchemar pour les consommateurs.

Ce qu’on sait du « scandale » : un marché qui profite à quelques-uns

Le marché européen de l’électricité, mis en place depuis les années 2000 pour favoriser la concurrence et baisser les prix (théorie), fonctionne sur un principe de prix marginal : le tarif final est fixé par le coût de la dernière source d’énergie appelée pour équilibrer l’offre et la demande, souvent du gaz (le plus cher). Résultat ? Même si la France produit 70% de son électricité via le nucléaire (bon marché), les prix flambent dès que le gaz explose – ce qui est arrivé massivement depuis 2021 avec la crise ukrainienne et la dépendance au gaz russe.

  • Explosion des prix et marges colossales : En 2022, les prix spot ont multiplié par 10 (de 40-50 €/MWh à plus de 500 €), et même en 2025, ils restent volatils (autour de 70-200 €/MWh en moyenne, avec des pics à 400 €).
  • Les fournisseurs alternatifs (comme Ohm Energie, TotalEnergies, Engie) achètent sur ce marché de gros et revendent aux clients. Une enquête de France 2 en juin 2025 a révélé des pratiques dingues : des marges jusqu’à 700% sur certains contrats, via des promotions trompeuses ou des incitations à résilier pour revendre l’énergie achetée à bas prix (via l’ARENH, l’accès régulé au nucléaire historique d’EDF) sur le marché à prix d’or. La CRE (Commission de Régulation de l’Énergie) enquête actuellement sur Ohm Energie pour « détournement d’ARENH » : ils auraient gonflé les factures pour pousser les clients à partir, gardant l’électricité pas chère pour la revendre cher.
  • Au détriment des Français : 12 millions de ménages en précarité énergétique en 2022-2023, factures +54% en un mois chez les privés. Le « tarif bleu » d’EDF est régulé (gelé par l’État via le « bouclier tarifaire »), mais les alternatifs, qui captent 20-25% du marché, répercutent tout. Et l’ARENH (qui expire fin 2025) protège mal : les fournisseurs n’en ont que 50% de leurs besoins, le reste vient du marché fou.
  • Contexte 2025 : Les prix ont baissé cet été (négatifs 90% des jours en mai grâce aux renouvelables !), mais la volatilité explose avec la transition (éolien/solaire + nucléaire en maintenance). La guerre et la désindustrialisation aggravent : la France exporte record (premier exportateur UE), mais à quel prix pour les locaux ?

En gros, ce n’est pas un « scandale caché » , mais un système défaillant qui récompense la spéculation. Les producteurs « infra-marginaux » (nucléaire, renouvelables) vendent cher ce qui coûte peanuts, et les fournisseurs spéculent sur la peur des pénuries.

Dans un pays comme la France, avec un mix énergétique décarboné leader en Europe (70% nucléaire, 25% renouvelables), payer des factures indexées sur le gaz allemand ou le charbon polonais, c’est absurde.

Ça profite à une poignée de privés (Engie, Total, etc.) qui font des milliards de profits de crise (Engie : +5 Md€ en 2022), pendant que les ménages galèrent et que l’industrie se délocalise.

L’ouverture à la concurrence promise en 2007 s’est transformée en casino : les comparateurs en ligne sont biaisés (rémunérés par les fournisseurs), et les « offres dynamiques » (prix heure par heure) ont tué les ménages en 2022.

Le Système est perfectible : le prix marginal encourage les économies certes , mais en periode de crise, il crée des rentes injustes. L’Espagne et le Portugal ont dérogé en 2022 (ibérisation) et s’en sortent mieux

L’UE discute d’un « marché réformé » : contrats long terme pour stabiliser, découpler gaz/électricité, et booster le stockage (batteries pour absorber les pics négatifs). En France, post-ARENH 2025, il faut un « pôle public » fort pour capter les rentes nucléaires et les redistribuer.

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