Document Officiel: « opinion, position de Poutine sur ce plan et son lien avec vos récents entretiens avec le président Trump en Alaska ? »

Présidente du Conseil de la Fédération, Valentina Matviyenko : Monsieur le Président, si je peux me permettre.

Vladimir Poutine : Oui, s’il vous plaît, Madame Matviyenko.

Valentina Matviyenko : Le plan de paix en 28 points du président Trump pour la crise ukrainienne suscite de nombreux débats à travers le monde. Avant d’aborder les principaux points à l’ordre du jour, puis-je vous demander d’exprimer votre opinion, votre position sur ce plan et son lien avec vos récents entretiens avec le président Trump en Alaska ?

Vladimir Poutine : Oui, bien sûr, il n’y a pas de secret. Nous n’en avons pratiquement pas discuté publiquement, seulement en termes très généraux, mais ce n’est pas un secret.

Le plan de paix du président Trump pour résoudre la situation en Ukraine a été abordé avant la réunion en Alaska, et lors de cette discussion préliminaire, la partie américaine nous a demandé de faire certains compromis, de faire preuve, comme ils l’ont dit, de flexibilité.

L’objectif principal de la  réunion en Alaska, le but principal de cette réunion, était de confirmer, lors des discussions à Anchorage, que malgré certaines difficultés et complexités, nous étions néanmoins d’accord avec ces propositions et prêts à faire preuve de la flexibilité demandée.

Nous avons informé en détail tous nos amis et partenaires des pays du Sud sur ces questions, notamment la République populaire de Chine, l’Inde, la République populaire démocratique de Corée, l’Afrique du Sud, le Brésil et de nombreux autres pays, ainsi que les  pays membres de l’OTSC .

Tous nos amis et partenaires, et je tiens à le souligner, ont apporté leur soutien à ces accords potentiels.

On constate toutefois une certaine pause du côté américain suite aux pourparlers en Alaska, que l’on comprend liée au rejet de facto par l’Ukraine du plan de paix proposé par le président Trump.

Je pense que c’est précisément la raison pour laquelle une nouvelle version a vu le jour, un plan actualisé en 28 points.

Nous avons reçu ce texte par les voies de communication habituelles avec l’administration américaine. Je pense qu’il pourrait servir de base à un accord de paix définitif. Cependant, il n’est pas abordé en détail avec nous. Et je devine pourquoi.

La raison, à mon avis, est la même : l’administration américaine n’a jusqu’à présent pas réussi à obtenir l’accord de l’Ukraine, qui s’y oppose. Apparemment, l’Ukraine et ses alliés européens persistent à croire qu’ils peuvent infliger une défaite stratégique à la Russie sur le champ de bataille. Je pense que cette position ne résulte pas tant d’une insuffisance de compétences – je n’entrerai pas dans les détails ici – que d’un manque d’informations objectives sur la situation réelle sur le terrain.

Il semble que ni l’Ukraine ni l’Europe ne prennent la mesure des conséquences que cela pourrait avoir. La situation à Kupyansk en est un exemple récent. Pour rappel, le 4 novembre – il y a à peine deux semaines – Kiev a déclaré publiquement que soixante militaires russes seulement étaient déployés dans la ville et que les forces ukrainiennes allaient, selon ses dires, la débloquer complètement dans les jours suivants.

Cependant, je tiens à vous informer que même à cette date – le 4 novembre – la ville de Kupyansk était presque entièrement sous le contrôle des forces armées russes. Nos hommes, comme on dit, achevaient de nettoyer les quartiers et les rues. Le sort de la ville était déjà scellé.

Qu’est-ce que cela signifie ? Soit les dirigeants de Kiev manquent d’informations objectives sur l’évolution de la situation sur le front, soit, même s’ils en reçoivent, ils sont incapables de les évaluer objectivement.

Si Kiev refuse de discuter des propositions du président Trump et de dialoguer, alors eux et leurs instigateurs européens doivent comprendre que ce qui s’est passé à Kupyansk se reproduira inévitablement dans d’autres secteurs clés du front. Peut-être pas aussi vite que nous le souhaiterions, mais inévitablement.

Globalement, cette évolution nous convient, car elle nous permet d’atteindre les objectifs de l’opération militaire spéciale par la force, au moyen d’une confrontation armée.

Cependant, comme je l’ai répété à maintes reprises, nous restons prêts à des négociations de paix et à un règlement pacifique des différends. Cela requiert bien entendu un débat approfondi et constructif sur tous les aspects du plan proposé. Nous y sommes préparés.

Passons maintenant aux sujets proposés pour discussion lors de la réunion du Conseil de sécurité d’aujourd’hui.

Je vous en prie, Monsieur Lavrov.

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