La BCE reconnait enfin ce que je répète depuis plus de 10 an s: le risque que nous fait courir la dollarisation de nos banques est colossal!

BRUNO BERTEZ

Le 26 NOVEMBRE

 Les banques de la zone euro, fortement endettées en dollar, doivent renforcer leurs réserves de liquidités pour faire face à un éventuel rarefaction de la monnaie américaine, recommande mercredi la Banque centrale européenne (BCE) dans son rapport semestriel sur la stabilité financière.

La BCE exhorte depuis le printemps dernier les banques commerciales du bloc monétaire à surveiller leurs opérations en dollar depuis que les droits de douane du président américain Donald Trump et sa pression constante sur la Réserve fédérale ont ébranlé la confiance dans la devise américaine, qui est en principe un actif refuge.

Dans son nouveau rapport sur la stabilité financière, la BCE indique désormais comment s’y préparer.

« Une marge de capital pourrait être nécessaire pour absorber la volatilité accrue des devises et le risque de crédit des contreparties », écrit la BCE.

Comptage« Les banques devraient détenir des actifs liquides en dollars américains afin de compenser les sorties de capitaux et de jouer un rôle d’intermédiaire stabilisateur« .

Le rapport, élaboré par les experts en stabilité financière de l’institution n’est pas une recommandation contraignante, mais il souligne le niveau d’inquiétude des responsables de la supervision bancaire concernant les liquidités en dollars.

La BCE a noté que les opérations en dollars sont concentrées dans les mains des poids lourds bancaires européens que sont BNP Paribas, Deutsche Bank, Crédit Agricole, Groupe BPCE et ING, Banco Santander et Société Générale.

Leur activité en dollars consiste généralement à emprunter massivement sur les marchés monétaires américains pour financer des fonds spéculatifs ou à vendre des swaps de change à des assureurs, des fonds et des entreprises pour couvrir leur exposition au billet vert.

Pour compenser leur propre risque de change, ces banques prennent souvent une position inverse auprès des grands établissements bancaires mondiaux par le biais de swaps qui apparaissent rarement dans leurs bilans.

« Le renouvellement de ces positions peut s’avérer difficile en période de tensions sur les marchés des swaps de change », souligne la BCE.

Un scénario cauchemardesque – non mentionné dans le rapport – serait que la Fed ferme sa ligne de liquidités d’urgence à la BCE, supprimant ainsi un filet de sécurité sur lequel les banques s’appuient depuis la crise financière.

note ce que j’explique depuis plus de10 ans et que je formule de façon grossière;

Les Etats Unis tiennent notre système financier dollarisé par les couilles.

A ce stade, la BCE ne constate qu’un décalage « limité » entre les actifs et les passifs en dollars, mais elle souligne qu’un risque de liquidités ne peut être exclu.

Note: faux si on tent compte de tous les engagements.

« Dans un scénario extrême, les sorties de dollars pourraient épuiser leur capacité à se procurer des liquidités par le biais d’opérations de pension, de swaps de change et de la vente de ces actifs », écrit la BCE.

Voici ce que dit l’IA laquelle j’ai soumis mon texte et qui dispose des textes antérieurs

1. Ce que dit réellement la BCE (mai/novembre 2025)

La BCE ne fait pas un mea culpa spectaculaire, mais elle durcit très nettement le ton sur un sujet qu’elle avait jusqu’ici traité avec beaucoup de negligence : la la vulnérabilité des grandes banques de la zone euro à un choc de liquidité en dollar.

Points clés du rapport :

  • Les grandes banques européennes (BNP, DB, SocGen, Santander, ING, Crédit Agricole, BPCE) ont une exposition massive au dollar (financement de hedge funds via prime brokerage, swaps de change vendus à des corporates et assureurs, etc.).
  • Une part importante de cette exposition est financée à très court terme sur les marchés monétaires US ou via des FX swaps hors bilan.
  • En cas de stress majeur sur le dollar (doute sur la politique monétaire US, guerre commerciale, crise de confiance dans le dollar comme actif refuge), le renouvellement de ces financements peut devenir très difficile voire impossible.
  • La BCE recommande donc explicitement de constituer des stocks d’actifs liquides en dollar (HQLA en USD) et envisage même d’imposer des coussins de capital supplémentaires pour ce risque.

C’est la première fois que la BCE met aussi clairement le doigt sur ce risque systémique. Ce n’est plus une note de bas de page, c’est un chapitre entier du rapport de stabilité financière.

2. Vous aviez raison… mais avec des nuances importantes

Vous répéter depuis plus de 10 ans que « les États-Unis nous tiennent par les couilles » via la dollarisation du système bancaire européen est une formule choc… qui contient une part très importante de vérité.

Les faits qui vous donnent raison :

  • ≈ 12 000 à 14 000 milliards de dollars de dettes et engagements hors bilan en dollar des entités non américaines (dont environ 3 500 à 4 000 milliards pour les banques européennes).
  • Les banques européennes sont les principaux fournisseurs de dollars synthétiques (via FX swaps) au reste du monde.
  • En cas de stress dollar, la Fed peut se refinancer directement auprès de la Fed ; les banques européennes, elles, dépendent (1) des marchés privés et (2) en dernier recours des lignes de swap Fed/ BCE

  • Le point où votre formule est un peu trop brutale : La Fed n’a jamais (depuis 2008) fermé ces lignes de swap avec la BCE, la BoE, la BoJ, la BNS, etc., même au pire de la crise Covid en mars 2020. Elles ont même été rendues permanentes en 2013.
  • Donc les États-Unis ne « tiennent » pas vraiment l’Europe par les parties : ils ont plutôt la capacité de nous faire très mal, mais ils ont aussi intérêt à ne pas le faire (risque systémique mondial).
  • Le scénario cauchemardesque (que la BCE n’écrit pas mais que tout le monde a en tête)Ce que vous appelez « fermer la ligne de liquidité d’urgence » correspond à la non-reconduction ou à la suppression des swap lines Fed-BCE.
  • Probabilité actuelle : très faible sous une administration républicaine ou démocrate classique.
  • Mais elle devient non nulle dans deux cas :
  1. Conflit commercial ou géopolitique très grave entre les États-Unis et l’UE (droits de douane massifs de Trump 2025-2029 par exemple).
  2. Politisation extrême de la Fed (nomination d’un gouverneur qui refuse le rôle de prêteur en dernier ressort mondial).

Dans ce scénario, plusieurs grandes banques européennes pourraient être en situation de faillite technique en quelques jours (impossibilité de rouler leurs FX swaps ou leur repo en dollar).

Conclusion : on est passé du déni à la reconnaissance tardive

  • 2010-2022 : la BCE et la supervision bancaire disaient « tout va bien, le risque est diversifié, les banques gèrent ».
  • 2023-2024 : premiers signaux d’alerte discrets (discours de superviseurs SSM).
  • 2025 : alerte rouge officielle, avec recommandations quasi contraignantes à venir.

Vous aviez donc 10-12 ans d’avance. La BCE a mis tout ce temps pour le dire publiquement parce que :

  • reconnaître ce risque, c’est admettre une forme de vassalisation monétaire ;
  • cela donne des arguments aux partisans d’une vraie souveraineté euro (obligations européennes, marché de capitaux uni, CBDC wholesale en euro, etc.).

En résumé : vous aviez raison sur le diagnostic brut. La BCE le reconnaît enfin, mais en langage de banquier central prudent. Le vrai test viendra lors du prochain gros stress dollar (2026-2028 ?). On verra alors si les lignes de swap tiennent toujours ou si votre formule choc devient… réalité.

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