Dans un article intitulé « la facture des taux d’intéret zero arrive à échéance, Ed D’Agostino de chez Mauldin s’entretient avec Michael Howell, le grand spécialiste mondial de la liquidité.
Je vous parle souvent d’Howell dont je suis les travaux . Il présente un cadre analytique voisin du mien mais formulé dans un autre langage. En particulier, comme moi il considère que les actifs financiers ont plus à voir avec la monnaie , le crédit et les liquidités qu’avec l’économie et la sphère économique productive, ils ne sont plus reflets du fondamental.
Chez lui, comme chez moi la valeur des actifs financiers est un avatar de la monnaie et de la liquidité; les champs monétaire et financier sont unifiés et ordonnés en fonction de l’appétit pour le risque..
J’AI AFFIRME EN 2009 QUE LES GNOMES AVAIENT BRULE LES VAISSEAUX ET QUE LE RETOUR EN ARRIERE ETAIT IMPOSSIBLE.
DANS LA VOIE CHOISIE DE LA FUITE EN AVANT MONETAIRE ET DE LA DETTE IL N’Y A PAS DE RETOUR EN ARRIERE: C’EST MARCHE OU CREVE, C’EST L’HOTEL CALIFORNIA.
TOUJOURS IL FAUT PLUS DE DETTES, TOUJOURS IL FAUT DES TAUX BAS TOUJOURS IL FAUT FAIRE PLUS DE TOUT CE QUI CONDUIT AU CHAOS.
LE COUT DE CES POLITIQUES SE MANIFESTE PLUS TARD A LA FOIS DANS LES BILANS FAUX DES INSTITUTIONS FINANCIERES LORS DES PERIODES DE TENTATIVES COURTES DE REMONTEE DES TAUX ET SURTOUT DANS LA NECESSITE POUR LES BANQUES CENTRALES DE TOUJOURS ALIMENTER EN LIQUIDITES ET DE POURRIR LEURS BILANS.
Michael ne dit rien d’autre que ce que je dis mais il le présente sous une autre forme pratique en mettant en evidence le rapport entre la dette globale et les liquidités mondiales: la dette est un Ogre qui pour être honoré/rassasié a besoin de dévorer toujours plus de liquidités.
Je vous ai décortiqué ci dessous l’article offert par Ed d’Agostino.
Global Macro update Ed d’Agostino
Michael Howell (fondateur de Global Liquidity Indexes) explique que le vrai risque financier mondial ne vient pas du niveau de dette (350 000 milliards $), mais du ratio dette / liquidités mondiales.
Points clés :
- Chaque année, environ 70 000 milliards $ de dette (publique + privée) arrivent à échéance et doivent être refinancés. C’est presque les ¾ du PIB mondial qui dépendent de la disponibilité de liquidités.
- Quand les liquidités sont très abondantes par rapport à cette dette le refinancement est facile mais cela produit des bulles sur tous les actifs (actions, immobilier, obligations, crypto). C’est exactement ce qui s’est passé de 2009 à 2022 grâce aux taux zéro et aux QE massifs post-2008 et post-Covid.
- Quand les liquidités se raréfient alors que la dette reste énorme , le système entre en zone de danger d’instabilité financière.
Le ratio dette totale / liquidités mondiales
- En dessous de 200 % il y a trop de liquidités cela forme des bulles généralisées
- Au-dessus de 200 % il ya risque majeur de crise de refinancement.
La montagne de dettes à bas taux contractées avant et pendant le Covid arrive maintenant à échéance (2025-2028), et c’est le moment où la Fed et les autres banques centrales doivent nprmalement resserrer la liquidité(QT)
Selon Howell, nous sortons de « la plus grande bulle de liquidité de l’histoire » et nous nous dirigeons rapidement vers la zone critique (> 200 %).
Conséquence pour les investisseurs :
- Fin de l’ère « quoi qu’il en coute », tout monte « whatever it takes ».
- Actuellement nous sommes en pic de cycle et les matières premières surperforment.
- Prochainement avec le resserrement des liquidités il faudra privilégier le cash + obligations d’État longues.
En une phrase choc on peut resumer:
« On a vécu 15 ans avec une drogue monétaire ultra-puissante (liquidités infinies à taux zéro). La cure de désintoxication commence maintenant. »
Le ratio Dette / Liquidités mondiales(ou Global Debt-to-Liquidity Ratio selon la terminologie de Michael Howell) est donc central.
C’est l’indicateur clé suivi par Michael Howell (CrossBorder Capital) depuis plus de 30 ans.
Il mesure combien de dollars de dette globale doivent être refinancés ou remboursés chaque année par rapport à la quantité de liquidités réellement disponibles dans le système financier mondial.
Au Numérateur : la dette globale à refinancer chaque année
- Dette totale mondiale totale ≈ 350 000 milliards $ (États + entreprises + ménages + système bancaire parallèle).
- Durée moyenne des emprunts 5 ans donc chaque année, environ 70 000 milliards $ arrivent à échéance ou doivent être « rolled » (refinancés).
C’est ce mur de refinancement annuel qui constitue le numérateur.
70 000 milliards $ cela représente plus ou moins 70 % du PIB mondial.
C’est colossal : presque toute l’économie mondiale dépend chaque année d’un refinancement fluide.
Au Dénominateur : les liquidités mondiales (« Global Liquidity »)
Howell ne prend pas la base monétaire M0 ou M2, mais une mesure très large et très précise de la liquidité réellement disponible pour les marchés :
- Bilans des grandes banques centrales (Fed, BCE, BoJ, PBoC, etc.)
- Crédit bancaire mondial
- Shadow banking (repos, eurodollars, FX swaps, prime brokerage, etc.)
- Réserves de change des banques centrales
- Liquidités détenues par les grands fonds (money market funds, hedge funds, corporates cash pools…)
En gros : le concept de liquidité est un concept financier, c’est tout l’argent qui peut être mobilisé rapidement pour prêter, refinancer ou acheter des actifs.
Valeur actuelle approximative (2025) : entre 150 000 et 180 000 milliards $ selon les phases du cycle.
Le ratio c’est le rapport de la Dette à refinancer divisé par les Liquidités disponibles
Exemple chiffré (simplifié) :
| Année | Dette à refinancer (par an) | Liquidités mondiales | Ratio Dette/Liquidités |
|---|---|---|---|
| 2019 (pré-Covid) | ~65 000 Md$ | ~170 000 Md$ | ~38 % |
| 2021 (pic QE Covid) | ~70 000 Md$ | ~230 000 Md$+ | < 30 % |
| 2025 (estimation) | 72–75 000 Md$ | ~150–160 000 Md$ | 45–50 % et en hausse rapide |
| Zone critique (Howell) | — | — | > 50 % (= 200 % dans son ancienne présentation) |
Howell a changé son mode de présentation au fil du temps :
- Anciennement : il exprimait le ratio en inversé → Liquidités / Dette × 100 → zone dangereuse quand < 50 (donc ratio Dette/Liquidités > 200 %).
- Aujourd’hui il parle directement Dette / Liquidités en % → zone dangereuse quand > 50 %.
C’est exactement la même chose, juste inversée.
Que nous dit ce ratio ?
| Ratio Dette/Liquidités | Situation du marché | Conséquences historiques |
|---|---|---|
| < 30–35 % | Excès massif de liquidité | Bulles généralisées (2020–2021 : actions, immobilier, crypto, obligations, tout montait |
| 35–45 % | Fin de la phase euphorique | Matières premières et or surperforment (phase actuelle 2024-2025) |
| > 50 % | Manque structurel de liquidités | Crises de refinancement → krachs, credit crunch (2008, mars 2020 brièvement) |
Il est evident que ce ratio est nettement plus pertinent que le classique « Dette / PIB » puisqu’on ne rembourse pas des dettes avec un morceau de PIB mais avec des liquidités!
Le ratio Dette/Liquidités est adéquat puisque c’est le besoin de refinancement annuel / argent immédiatement disponible . Il indique directement le risque de crise de liquidité.
Le ratio Dette/Liquidités mondiales mesure à quel point le monde est drogué à la liquidité et il débouche sur l’idée soit du sevrage , soit de l’augmentation obligatoire des doses.
Bonjour, il me semble qu’on ne va pas au bout du raisonnement. Théoriquement il suffit de rouler la dette de telle sorte que la nouvelle dette remplace l’ancienne sans que cela crée un besoin de liquidité supplémentaire. Quel serait donc le maillon logique entre ces éléments ?
Ce qui peut poser problème c’est l’augmentation des TAUX entre ancienne et nouvelle dette, mais à l’instant du renouvellement l’incidence sur la liquidité est faible. Cela se fera sentir dans les années suivantes, par prélèvement sur le cash. Dans cette optique, c’est une inquiétude sur la liquidité des années FUTURES.
Ce qui peut poser problème également c’est l’APPETENCE des acheteurs pour la nouvelle dette, qui est peut-être moins appétissante… et on commence à prendre consience des niveaux de risques. Mais dans ce cas cette fuite devant la dette publique et institutionnelle se traduira plutôt par une augmentation immédiate des liquidités, il n’y a pas beaucoup de substitut de placement et les masses en jeu sont considérables.
Je m’interroge donc sur le ressort caché du lien entre dette et liquidité et la réelle signification du ratio de Howell.
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Je suis désolé , votre analyse est trop simplifiée. je vais poster pour les professionnels une analyse plus detaillée des mécanismes
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