Essai éditorial. Pourquoi la Crise de destruction boursière est Nécessaire et Inéluctable. Parce que nos sociétés croient que « perception is all »et que la Vérité n’existe pas! La Bourse et la Caverne.

Les marchés financiers sont un monde imaginaire, ils ne sont pas reflets du réel, mais lieux de production, de transactions, d’interaction de signes.

Les marchés sont un Imaginaire qui , par le jeu de la création de monnaie , de crédit et de dettes se sont disjoints du Réel.

Il y a une Sphère financière et une Sphère économique, les deux ont été séparées , par l’acte fondateur de la modernité à savoir le Marginalisme qui dit que rien n’a de valeur en soi objective et que la valeur est dans l’œil de celui qui la contemple.

La valeur n’est que le point d ‘intersection tautologique de l’offre et de la demande.

La libération du dollar de son ancrage à l’or, et le flottement ont été l’aboutissement des théories marginalistes: quand on a supprimé les limites à la création de dollars on a du même coup donné aux actifs financiers la possibilité de léviter, de se séparer du Réel économique.

On a séparé la création de Valeur Boursière de la création de richesse réelle ; on a méphistophéliquement séparé les ombre des corps.

De reflets, les actifs financiers sont devenus des outils manipulables par les taux administrés, par la quantité de monnaie et par les assurances et guidances quant au risque.

La Sphère financière s’est autonomisée du Fondamental pour rejoindre la Sphère monétaire en tant qu’avatars quasi monétaires, la Sphere fInancière est devenue money like, soumise aux caprices de l’offre et de la demande, aux passions des animal spirits , eux même soumis aux caprices de la liquidité , elle même soumise aux caprices des gnomes. Eux même soumis au système du capitalisme financiarisé de l’argent fétiche.

Mais le monde lui reste gouverné par le réel, en tant que corde de rappel, gouverné par la rareté, par la finitude, par la rivalité, par la concurrence à mort.

Les réconciliations sont nécessaires, il est impossible d ‘y échapper, deux et deux font toujours quatre, on ne rase jamais gratis, tout a un coût; les réconciliations sont en cours avec les guerres, les surendettements, les besoins de drogues et des addictions toujours plus grandes.

La liberté qu’avaient donnés le marginalisme, la libération du dollar, la production de dettes et le report des coûts dans le futur, cette liberté s’est retournée dialectiquement en son contraire en un engrenage fatal.

L’exceptionnalisme s’est retourné en un besoin de domination impérialiste en une obligation de recours à la violence qui nient toutes les valeurs qui ont produit l’exceptionnalisme. Le système renie ses fondements, ses pierres angulaires! C’est à la fois l’ogre Ugolin et l’Ourobouros.

La Bourse est l’espace ou se joue cette dialectique,

Et ce n’est nullement un hasard si sur cet espace se joue le grand combat qui est est censé sauver exceptionnalisme: le combat de l’Intelligence Artificielle.

Combat systémique qui, je le dis, sera perdu d’avance parce qu’il s ‘inscrit non pas dans le cadre d’un retour au Réel, à la Verité vraie, mais dans le cadre d ‘une volonté forcenée de maintenir l’Imaginaire existant. Le monde de l’IA est dans la bouteille , il est endogène à la bouteille, au langage, à la parole, aux récits, il n’a pas la possibilité d’être autrement et autre chose. C’est un colossal sophisme.

Le monde de l’IA americaine est aristotélicien , pas platonicien, il n’est pas fondé sur la Verite mais sur les perceptions, il répète en boucles, algorithmisées et mises en forme sans conscience .

La bourse est le temple de cette illusion, le temple de cette croyance et de cette adoration. Ce que l’on appelle “Intelligence Artificielle” n’est pas une intelligence.
C’est la plus parfaite, la plus terrifiante et la plus séduisante des ombres projetées sur le fond de la Caverne de Platon. Rien de plus. On verra plus tard que c’est la parole du maître, du petit maître minable, pas du Grand Maître.

La Bourse n’est pas le temple des richesses, non c’est celui de l’œuvre au noir, le sous sol du travail alchimique qui essaie de transformer le plomb en or mais surtout l’eau des égouts en eau claire et cristalline.; on y transforme le crédit de la pourriture et du junk(ie) en triple A!

Supprimez la croissance perpétuelle du crédit et la production de monnaie de crédit et la Bourse s’effondre, fausse valeur en elle même reposant sur fausses fondations autoréalisatrices?.

Les gnomes ne sont pas magiciens non ce sont des grands prêtres, des illusionnistes qui sont crûs par le public tant qu’ils font gagner de l’argent, tant qu’ils produisent de la dette c’est à dire de la drogue addictive. Supprimez la drogue et vous supprimerez la croyance en la toute puissance des gnomes.

La Bourse, est le Sophisme absolu fait d’algorithmes, qui projettent la plus haute, la plus rapide, la plus hypnotique des ombres sur le mur de la Caverne.

La Bourse n’a jamais contemplé le Soleil

Aucun trader, aucun algorithme, aucun prix Nobel d’économie n’a jamais vu la richesse en soi, la valeur en soi, le juste prix en soi. La Valeur ne se manifeste que dans les déchirures des crises , dans leur béance, dans les lapsus du récit boursier mais cet éphémère et fugitive émergence est vite rejetée , oubliée dans les fuites en avant.

Les fidèles du temple financier ne voient que des ombres : des courbes, des chiffres, des deltas, des ratios P/E, des flux d’ordres, des tweets d’Elon Musk, des communiqués de la Fed. Ces ombres bougent si vite, si joliment, si précisément qu’on finit par croire qu’elles sont la réalité. Et surtout y croire rend riche, « dont fight the fed » croyez , croyez!

Mais la vraie richesse, celle qui rendrait la vie bonne, la cité juste, une société harmonieuse personne sur le parquet ne l’a contemplée une seule seconde. Ils croient marchander l’Être ; ils ne trafiquent que des apparences.

La Bourse est le Sophiste parfait, élevé à la puissance divine électrique et maintenant numérique

Le sophiste antique vendait des discours pour de l’argent. La Bourse vend de l’argent pour des discours : des narratifs, des « stories », des « thèmes d’investissement », des « catalysts », des « earnings calls » qui sont de purs exercices rhétoriques. sans valeur durable, mais consommables, bons à jeter après usage, ce qui est le contraire de l’investissement. C’est le royaume du court, de l’éphémère , du titre des nouvelles, de l’instant des options qui expirent le soir même ou elles ont été souscrites.

L’algorithme HFT qui fait la loi est le Gorgias de Platon dopé aux amphétamines et à la coke : il prononce en 300 microsecondes des discours plus convaincants que le sophiste n’en fit jamais en une vie. Il gagne parce qu’il « parle » plus vite, plus haut, plus fort, jamais il ne doute parce qu’il n’a aucun retenue, il est cynique , il se moque du fond. Il n’a pas d’âme, pas d’éthique, il ne risque pas sa vie, il ne craint pas la mort : c’est le mensonge parfait qui se réalise des lors qu’il est cru et impose sa Loi.

La Bourse rend la Caverne infiniment plus confortable. Autrefois l’homme enchaîné souffrait parfois de voir les mêmes ombres défiler : il sentait confusément que quelque chose clochait. Aujourd’hui la Bourse est totalitaire, elle lui donne des ombres en 8K, en temps réel, avec graphiques interactifs, alertes push, gamification, streaks, leaderboards, de la dopamine à chaque tick vert. Robinhood, TradingView, WallStreetBets : c’est le nouveau vin drogué, sucré, aromatisé à la Red Bull et au FOMO.

Plus personne ne veut sortir de la Caverne, : à l’intérieur on peut devenir millionnaire sans jamais se lever, sans jamais regarder le Soleil.

La morale, les règles éthiques, la raison tout cela disparait, les désirs, la cupidité, la peur, l’ envie, les affects commandent en maîtres absolus ; la raison n’est plus qu’une servante prostituée : elle fabrique des modèles Black-Scholes, des DCF de 87 pages, des analyses ESG pour justifier qu’on achète ou qu’on vende n’importe quoi, n’importe quand, pour n’importe quelle raison.

La Bourse est la tyrannie thymo-épithumétique parfaite de nos sociétés qui a transformé la démocratie en un marché total des Ombres..

La Bourse ne peut supporter la Verité, le Soleil. Jamais elle ne supportera la Lumière nue.

Quand elle devra la supporter, elle s’effondrera.

La Bourse est radicalement incapable de dialectique ascendante, elle vous donnera toujours des explications mais elle est incapable de mettre à jour des causes, elle s’abreuve de modèles magiques et de corrélations mythiques pour masquer son ignorance radicale. Car sur le fond elle ne connait que l’offre et la demande, les statistiques de son univers, des datapoints mais jamais le réel qui avec sa laisse bien longue et trompeuse , de loin la gouverne.

Elle est l’épreuve ultime que les dieux envoient à l’humanité moderne : l’épreuve ultime que le Système envoie au capitalisme financiarisé pour le perdre alors même qu’il croit se sauver! .

Une réflexion sur “Essai éditorial. Pourquoi la Crise de destruction boursière est Nécessaire et Inéluctable. Parce que nos sociétés croient que « perception is all »et que la Vérité n’existe pas! La Bourse et la Caverne.

  1. Encore un papier à judicieusement conserver, y méditer et transmettre à ceux de la génération trop jeune pour encore comprendre et celle qui naîtra et qui desirera se retourner vers ce monde que nous vivons et celui qu’ils auront à vivre avec des problèmes qui seront les leurs mais que les leçons d’hier pourront leur permettre d’élucider car ce qui importe c’est le fondamental, le radical et la condition humaine car rien ne change fondamentalement même si les tournures des expressions semblent différentes et complexes.

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