La Maison Blanche a publié jeudi soir, le rapport de la Stratégie de sécurité nationale (SSN) du président américain Donald Trump pour son second mandat.

Le média américain Politico le décrit comme « une rare explication formelle » de la vision de la politique étrangère de l’administration Trump.

Ce document se concentre sur l’hémisphère occidental, citant la doctrine Monroe et employant « des termes assez durs pour l’Europe, suggérant un déclin civilisationnel, tout en accordant relativement peu d’attention au Moyen-Orient et à l’Afrique », indique Politico dans un article publié vendredi.

Reuters précise que les présidents américains publient généralement ce type de document stratégique au cours de la première année de leur mandat afin d’orienter l’allocation budgétaire et les priorités politiques des différentes agences gouvernementales.

Trump avait publié sa stratégie pour son premier mandat en décembre 2017, tandis que son prédécesseur, Joe Biden, avait publié la sienne en octobre 2022. 

Selon Politico, Trump entend maintenir une présence militaire américaine renforcée dans l’hémisphère occidental pour lutter contre les migrations, le trafic de drogue et la montée en puissance de puissances rivales dans la région, comme le souligne sa nouvelle SSN. Le document accorde une importance inhabituellement forte à l’hémisphère occidental et présente cette priorité comme un moyen de protéger le territoire américain. 

Selon l’AFP, la stratégie de sécurité nationale, conçue pour concrétiser la vision du monde de Trump, qui bouleverse les normes internationales, place l’Amérique latine au sommet de l’agenda américain, marquant un net revirement par rapport à la politique américaine traditionnelle axée sur l’Asie face à la montée en puissance de la Chine.

Cependant, dans la section consacrée à l’Asie de la stratégie de sécurité nationale 2025, Taïwan est encore mentionné à plusieurs reprises. Reuters a noté que la version actualisée mentionne « Taïwan » huit fois en trois paragraphes, avec une formulation plus ferme que celle de la stratégie du premier mandat de Trump, mais contrairement à l’administration Biden, elle évite largement d’indiquer comment elle réagirait à d’éventuels conflits futurs.

Zhu Songling, professeure à l’Institut d’études taïwanaises de l’Université de l’Union de Pékin, a déclaré au Global Times que le discours sur Taïwan dans cette stratégie de sécurité nationale américaine est plus explicite, plus militarisé et plus géopolitique que dans les versions de 2017 et 2022. Cette stratégie démontre clairement que, pour les États-Unis, l’importance de Taïwan réside dans sa position dominante dans la production de semi-conducteurs et dans le fait que l’île constitue un accès direct à la deuxième chaîne d’îles, révélant ainsi la véritable logique de Washington qui instrumentalise Taïwan.

Zhang Jiadong, professeur au Centre d’études américaines de l’Université Fudan, a déclaré au Global Times que, depuis des décennies, jouer la « carte Taïwan » est un élément fondamental de la politique américaine envers la Chine. Aujourd’hui, Washington craint de perdre cet atout, car la situation dans le détroit de Taïwan évolue progressivement dans une direction qui sert les intérêts communs des populations des deux rives.

Le libellé de la stratégie nationale américaine (NSS) signale une intention de « bloquer » cette tendance précisément parce que les États-Unis craignent de ne plus pouvoir jouer cet argument aussi librement qu’auparavant.

Zhang a ajouté que « les références à Taïwan dans la nouvelle Stratégie de sécurité nationale américaine reflètent en réalité un changement dans l’équilibre des forces de part et d’autre du détroit de Taïwan ». Les États-Unis ne font que signaler leurs prétendues préoccupations, a-t-il affirmé, tandis que la stratégie ne modifiera pas fondamentalement les relations entre les deux rives du détroit, ni la dynamique de base de la région.

Commentant la position de Washington à l’égard de Taïwan, Zhu a déclaré que la Stratégie de sécurité nationale montre clairement que les États-Unis considèrent officiellement Taïwan comme une usine de semi-conducteurs et un axe stratégique, déconstruisant le mythe d’une « alliance fondée sur des valeurs » promu par le Parti démocrate progressiste (DPP). De plus en plus, les habitants de l’île perçoivent plus clairement si les États-Unis « protègent Taïwan » ou « nuisent à Taïwan », et si le DPP « préserve Taïwan » ou « lui cause des troubles ».

Bien que la dernière Stratégie de sécurité nationale aborde des questions liées à la Chine, CNN et d’autres médias américains ont indiqué que le cœur de la nouvelle stratégie américaine réside dans un appel à un « réajustement » de la présence militaire américaine dans l’hémisphère occidental et dans une critique de l’Europe. 

CNN a également noté que le document officialise des critiques antérieures à l’égard de l’Europe. En février, le vice-président américain J.D. Vance a déclaré aux dirigeants européens à Munich, en Allemagne, que la plus grande menace pour la sécurité venait « de l’intérieur », et non de la Chine ou de la Russie, selon CNN.