La débacle cryptos pourrait bien contaminer les techs par le bais du levier.

3 décembre – Financial Times :

« Dans toutes les analyses a posteriori du krach éclair des cryptomonnaies du mois dernier, un mot revient sans cesse : effet de levier. Juste avant le krach, les positions ouvertes sur les produits dérivés de cryptomonnaies avaient atteint un record historique d’environ 115 milliards de dollars. En une journée, près de 20 milliards de dollars de transactions ont été liquidés… Bien qu’il ne s’agisse pas à proprement parler d’un incident de crédit, l’effet de levier – omniprésent et pourtant absent à la fois – joue un rôle essentiel dans l’histoire des cryptomonnaies. Les prêts garantis et non garantis en cryptomonnaies existent depuis presque aussi longtemps que l’actif lui-même. Après tout, qu’auriez-vous pu faire d’autre (légalement) avec ces cryptomonnaies à leurs débuts ? Il est considéré comme le maillon faible qui a précipité le marché des cryptomonnaies dans la chute libre mi-2022. Depuis, d’autres formes d’effet de levier ont pris une importance accrue, notamment le trading sur marge sur les plateformes d’échange centralisées et décentralisées, les positions ouvertes sur les options et les contrats à terme, le staking comme garantie, les contrats à terme perpétuels…, l’effet de levier synthétique et la réhypothèque. » Jetons. L’effet de levier dans les cryptomonnaies peut être intégré aux contrats intelligents (c’est-à-dire programmables) et se manifester sans emprunt explicite lorsque certains paramètres sont remplis. Si les récents articles ont suscité des inquiétudes quant aux emprunts contractés par les sociétés de trésorerie de cryptomonnaies, au moins, cela reste visible au bilan. Cependant, une grande partie de l’effet de levier dans les cryptomonnaies réside en réalité dans le code et les contrats intelligents.

Après avoir chuté à 83 824 lundi, le bitcoin a rebondi de 10 000 (12 %) pour atteindre environ 94 000 jeudi matin. Les cryptomonnaies ont ensuite fortement chuté, le bitcoin retombant à environ 88 000 vendredi après-midi.

Cet extrait du Financial Times met le doigt sur l’un des vices structurels les plus insidieux des cryptomonnaies : l’effet de levier, cet outil omniprésent qui amplifie les gains comme les pertes, mais qui, dans l’écosystème est intégré au tissus crypto.

Les auteurs ont raison de souligner que ce n’est pas un « incident de crédit » classique, mais une mécanique décentralisée opaque qui rend les chutes encore plus brutales.

Les 115 milliards de dollars de positions ouvertes avant le krach de novembre, suivis de 20 milliards liquidés en une journée, rappellent douloureusement le mid-2022, où l’effet de levier avait déjà joué le rôle du détonateur.

L’intégration de cet effet de levier dans les smart contracts – via des prêts flash, des perpétuels ou de la réhypothèque – le rend encore plus opaque et viral. C’est du levier « synthétique », invisible aux régulateurs traditionnels, qui peut se propager comme un virus dans un protocole DeFi sans que quiconque n’ait signé un quelconque papier.

Ce n’est pas une surprise – les marchés crypto adorent ces faux départs , alimentés par des baleines whales qui « déchargent » sur les FOMO des retail traders.

Historiquement, décembre est un mois mitigé pour le BTC (moyenne de +29 % sur 14 ans, mais avec des contre-exemples sanglants comme 2018 ou 2022), et cette année, le contexte macro pèse lourd : taux d’intérêt persistants, valorisations tech surévaluées, et un sentiment général de « risque off » après le pic d’octobre à 126 000 dollars.

Le désendettement est particulièrement net. On n’en est qu’aux prémices : les liquidations récentes n’ont gratté que la surface d’un iceberg d’endettement qui inclut non seulement les exchanges centralisés (comme Binance ou Coinbase, avec leurs marges folles), mais aussi les protocoles DeFi où le staking comme collateral masque des expositions massives.

Ajoutez à cela les emprunts des trésoreries crypto comme MicroStrategy ou les mineurs surendettés, et vous avez une chaîne de dominos prête à basculer.

Le lien avec le secteur IA et tech est psychologique et financier : un secteur hyper-concurrentiel, dopé à la dette bon marché pendant les années zero interest rate policy, et maintenant exposé à des refinancements plus chers.

Si le désendettement crypto s’accélère, il pourrait bien contaminer les techs : imaginez des VC qui délaissent les startups IA pour liquider des positions BTC, ou des entreprises comme Tesla qui revendent leurs holdings crypto pour renflouer des bilans tech fragiles.

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