Voici la phrase la plus importante qui ait été prononcée lors de la Grande crise de surendettement de 2007:
« Quand la musique s’arrêtera, la situation en matière de liquidités se compliquera. Mais tant que la musique joue, il faut se lever et danser. Et nous, nous dansons encore », déclarait Chuck Prince, ancien président-directeur général de Citigroup en juillet 2007.
Cette phrase est d ‘une richesse incroyable mais comme elle est simple, elle n’ a pas retenu l’attention qu’elle méritait.
Les commentateurs préfèrent les fausses complexités pédantes et bidons.
Le mot important est banal, c’est « il » !
C’est le il de « il faut se lever et danser «

C’est le « il » impersonnel, il ne désigne personne comme dans le fameux « il pleut » .
Cela tombe du ciel, ce n’est pas un choix de la volonté des hommes, c’est obligatoire, nous sommes dans la Fatalité, dans la Necessité, on n’y peut rien: tant que la musique des liquidités joue il faut se lever et danser.
C’est le même « il » que dans ma fameuse phrase-titre ressassée depuis 2009 :
« Un jour ou l’autre il faudra qu’il y ait la guerre, on le sait bien »
Le « il » est terrible! Il nous condamne, il incarne la Logique inéluctable d’une Situation, d’un Système, d’un Régime, dès lors que l’on est dedans; il n’y a pas de solution, pas d’échappatoire dès que l’on est entré: ZERO HEDGE.
C’est ce qu’exprime l’exceptionnel penseur pessimiste Cioran quand il dit « il n’y a pas de remède à la vie, le seul remède c’est de ne pas être né!
Le monde est entré dans le monde d’ALICE AU PAYS DES MERVEILLES, celui de la magie de l’inflationnisme, laquelle se définit comme la Croyance que tous les problèmes de nos sociétés peuvent être réglés par le pognon-fétiche, par le crédit, par la dette, par la création de monnaie de crédit; on peut toujours repousser les échéances, les obligations de choisir, les problèmes à plus tard … à l’infini; il n’y a jamais de retour au réel, jamais de statue du Commandeur, Don Juan n’est jamais puni. l’heure des comptes ne vient jamais, on peut toujours raser gratis etc.
Il n’y a jamais de surendettement il suffit de le masquer par la création de nouvelle monnaie qui va soutenir le cours et la valeur des dettes anciennes. Quand quelqu’un est en faillite, comme un gouvernement il suffit d’imprimer de la monnaie.
L’inflationnisme est une Croyance qui repose sur l’illusion prométhéenne, sur la magie, sur l’alchimie de toujours pouvoir créer de l’argent, des liquidités. mais comme les dettes, le crédit, le capital sont des Ogres insatiables alors il faut toujours continuer, toujours alimenter la Bête. On ne peut arrêter car si on arrête l’édifice s’écroule, tout se révèle reposer sur des illusions, des mensonges et des fausses valeurs.
L’inflationnisme c’est la croyance imbécile que grâce à la modernité, grâce aux techniques, grâce à la technologie, grace à la Parole/Verbe on peut réussir là ou le célèbre John Law a échoué.
C’est un engrenage, c’est un impératif inconscient, non-su du Système qui fait que quand le pognon coule à flots il faut se lever, danser, ce qui veut dire participer à la folie de la spéculation exubérante; c’est irrésistible.
C’est la logique à la fois de l’Humain et du Système capitaliste, personne ne choisit, la concurrence, l’envie, le désir de participer à la fête sont plus forts que tout.
Les principaux indicateurs économiques américains continuent de se détériorer; tout ce qui est loin de la Bourse souffre.
Rapport sur la Stabilité Financière de la Banque d’Angleterre (Décembre 2025) , comme toujours, résilient jusqu’au jour ou la résilience vole en éclats!
2 décembre – Bloomberg:
« La Banque d’Angleterre a mis en garde contre les risques croissants liés à une stratégie lucrative de fonds spéculatifs sur les titres à revenu fixe, connue sous le nom de « basis trade », appelant les acteurs du marché à gérer leurs prises de risque afin d’éviter un débouclage brutal des positions qui pourrait engendrer une volatilité des obligations d’État britanniques (gilts).
Les emprunts nets de fonds spéculatifs sur le marché des pensions d’obligations d’État britanniques (gilts repo) – où ils empruntent des liquidités en nantissant des gilts en garantie – ont atteint près de 100 milliards de livres sterling (132 milliards de dollars) en novembre, un niveau record depuis le début de la collecte de données.
À titre de comparaison, ce montant était estimé à 77 milliards de livres sterling en juin.
La Banque d’Angleterre a indiqué que cette hausse des emprunts est liée au « basis trade » (positions au comptant et contrats à terme). La majeure partie de ces positions sont gérées par des entités situées hors du Royaume-Uni, les fonds spéculatifs gérés par des gestionnaires américains représentant environ 60 % du total.
« Le nombre restreint de fonds exerçant des opérations complexes et fortement leveragées sur le marché des pensions d’obligations d’État britanniques accroît le risque de mouvements brusques, car ces fonds pourraient avoir besoin de se désendetter tous ensemble, simultanément en réaction à un choc », a déclaré la Banque d’Angleterre. »
Selon les estimations de la Banque d’Angleterre, les emprunts en pension (« repo ») des fonds spéculatifs sur le marché des obligations d’État ont bondi de 30 % depuis juin.
Cette croissance fulgurante est cohérente avec la croissance des opérations de pension (repo) et des opérations de gestion de fonds spéculatifs (MMFA) aux États-Unis.
Ce n’est pas un hasard, car les gestionnaires de fonds spéculatifs américains sont responsables de 60 % de l’expansion phénoménale des opérations de pension au Royaume-Uni.
On peut supposer qu’un effet de levier spéculatif aussi agressif a été utilisé sur l’ensemble des marchés mondiaux, expliquant ainsi la surabondance systémique de liquidités observée.
L’Office of Financial Research (OFR) de Washington a publié jeudi un article de blog important intitulé « Sizing the US Repo Market » (Dimensionnement du marché des pensions aux États-Unis) (Ashlyn Cenicola, Melanie Friedrichs, Robert Mann et Luke M. Olson).
https://www.financialresearch.gov/
Extrait du blog : « Selon de nouvelles données recueillies par l’OFR, le marché américain des opérations de pension (repo) a enregistré en moyenne environ 12 600 milliards de dollars d’expositions quotidiennes au troisième trimestre 2025, soit près de 700 milliards de dollars de plus que les estimations précédentes.
Le marché des pensions est l’un des marchés de financement à court terme les plus importants au monde. Il finance les spéculateurs en valeurs mobilières et sert d’outil de gestion de trésorerie pour les banques. Malgré ce rôle fondamental, ce marché a historiquement toujours souffert d’un manque de transparence. »
« Sur les 12 600 milliards de dollars d’expositions quotidiennes moyennes au troisième trimestre 2025, 4 400 milliards ont été compensés de manière centralisée par la Fixed Income Clearing Corporation (FICC), et 3 100 milliards supplémentaires ont été réglés sur la plateforme tripartite de Bank of New York Mellon (BNY) (hors compensation centralisée).
Les pensions bilatérales non compensées de manière centralisée (NCCBR) ont représenté les 5 000 milliards restants. »
Au troisième trimestre 2025, les bons du Trésor américain ont garanti 88,9 % des expositions sur les segments de pension compensés, mais seulement 61,8 % des expositions NCCBR et un peu plus de la moitié (52,6 %) des expositions sur les opérations tripartites.
Ce marché des pensions a atteint 12 600 milliards de dollars. Après le fiasco de 2008 (sans parler de 1994, de LTCM en 1998 et de mars 2020), les historiens auront du mal à comprendre comment un tel recours à l’effet de levier spéculatif a pu se développer. Un taux de chômage légèrement supérieur à 4 % ne saurait justifier un assouplissement des conditions de crédit alors que la spéculation à effet de levier était débridée.
L’article du blog de l’OFR confirme que les titres autres que les bons du Trésor représentent une part importante des opérations de pension, notamment pour les transactions non compensées de manière centralisée (c’est-à-dire la plateforme tripartite de Mellon et NCCBR).
Les données de l’OFR corroborent également l’hypothèse d’une forte accélération de l’effet de levier spéculatif sur trois ans.
Du 30 septembre 2022 au 30 juin 2025, les emprunts de fonds spéculatifs (hedge funds) sur le marché des pensions (« repo ») ont bondi de 1 972 milliards de dollars, soit 172 %, pour atteindre 3 121 milliards de dollars. Les emprunts de courtage prime ont quant à eux progressé de 1 404 milliards de dollars, soit 88 %, pour s’établir à 3 005 milliards de dollars.
La section « Emprunts par stratégie (en dollars américains) » présente sept catégories de fonds spéculatifs : Crédit, Actions, Macro, Multi-stratégies, Événementiel, Valeur relative et Autres. Depuis septembre 2022, les emprunts des fonds multi-stratégies ont explosé de 3 300 milliards de dollars, soit 235 %, pour atteindre 4 719 milliards de dollars. Les emprunts de la stratégie Actions ont doublé sur cette période, pour atteindre 1 488 milliards de dollars.
En termes de taille, les actifs bruts des hedge funds ont progressé de 4 094 milliards de dollars (53 %) depuis le troisième trimestre 2022 pour atteindre 11 795 milliards de dollars, tandis que leur exposition notionnelle brute (incluant les produits dérivés) a bondi de 15 146 milliards de dollars (69 %) pour s’établir à 37 015 milliards de dollars.
La catégorie la plus importante, Multi-Stratégies, a vu ses actifs bruts augmenter de 1 314 milliards de dollars (60 %) pour atteindre 3 516 milliards de dollars, et son exposition notionnelle brute bondir de 4 056 milliards de dollars (55 %) pour s’établir à 11 379 milliards de dollars.
La croissance des positions sur les bons du Trésor (liquidités et produits dérivés) est encore plus remarquable. Les positions longues des hedge funds sur les bons du Trésor américain ont bondi de 1 483 milliards de dollars, soit 166 %, en 11 trimestres pour atteindre 2 379 milliards de dollars, tandis que leurs positions courtes ont progressé de 1 150 milliards de dollars, soit 192 %, pour s’établir à 1 748 milliards de dollars.
L’effet de levier spéculatif ne peut cependant pas croître indéfiniment et pourtant tout se passe comme si les operateurs le croyaient, c’est exactement la transposition de la fameuse musique de Chuck Prince dont il disait que tant qu’elle joue, les acteurs de la finance doivent danser. Remplacez le mot musique par le mot leverage. Tant qu’il est avantageux , il faut l’utiliser.
Dès début août 2024, des signaux d’alarme concernant la réduction des risques et de l’endettement ont été émis, accompagnés d’un débouclage déstabilisateur des swaps et dérivés en yen.
Ces mêmes signaux se sont intensifiés en avril dernier, un désendettement naissant et généralisé entraînant une chute des cours boursiers et une flambée des rendements des bons du Trésor et des obligations mondiales.
La suspension des droits de douane, -le PUT Trump-, a alimenté une spéculation effrénée, créant une surabondance de liquidités qui masque de nombreux problèmes sous-jacents.
Les actions atteignent des niveaux records, malgré une volatilité exceptionnelle ces derniers temps. Le Bitcoin et les cryptomonnaies subissent une forte pression à la baisse liées au recours au levier, et aux exces en matière d’endettement. Le marché des pensions affiche une tension et une instabilité notables. Le yen est sous pression, les rendements des obligations d’État japonaises atteignant des niveaux jamais vus depuis 2007.
Bloomberg vendredi : « Les bons du Trésor américain terminent leur pire semaine depuis avril sur fond de doutes concernant la Fed »…. « Les rendements ont augmenté vendredi, clôturant une semaine marquée par leur plus forte hausse depuis avril, lorsque le chaos s’est installé sur les marchés financiers mondiaux après l’annonce par l’administration américaine de sa politique tarifaire. Si les opérateurs s’attendent généralement à une baisse des taux d’intérêt par la Fed la semaine prochaine, des inquiétudes apparaissent quant à la possibilité de nouvelles baisses l’année prochaine. »
Le marché des taux a terminé la semaine avec une quasi-certitude d’une baisse la semaine prochaine, anticipant une réduction de 58 points de base d’ici la réunion du 17 juin .
Je me pose la question: le PUT de Trump a déclenché une vague de spéculation insensée, les risques se sont considérablement multipliées depuis cette manœuvre , que va-t-il se passer si Trump nomme à la tête de la Reserve Fédérale un gnome à tête brulée qui va s’empresser de délivrer à Trump toute la folie monétaire dont celui ci a besoin pour masquer la situation économique calamiteuse dans la perspective des élections de mi mandat?
EN PRIME
LES ANTICIPATION DE BAISSES DES TAUX ADMINISTRES FONT MONTER LES TAUX LONGS...HMM HMM
Le rendement des bons du Trésor à 10 ans a bondi de 12 points de base cette semaine pour atteindre 4,14 %, tandis que celui des obligations à long terme a grimpé de 13 points de base pour atteindre un sommet en trois mois à 4,79 %.
Le rendement des obligations japonaises à 10 ans a progressé de 14 points de base supplémentaires pour atteindre 1,95 %, son plus haut niveau depuis juillet 2007. Le rendement des obligations japonaises à 30 ans a atteint cette semaine un niveau record (3,41 %).
Les rendements allemands (2,80 %), français (3,53 %), grecs (3,39 %) et portugais (3,11 %) ont tous progressé de 11 points de base cette semaine. Les rendements allemands ont clôturé la semaine à leur plus haut niveau depuis mars.
EN PRIME
APOLLO
Torsten Slok
| Le décalage de duration dans le secteur bancaire constitue un risque pour la stabilité financière. |
| Une banque prélève les dépôts à vue sur les comptes courants et les prête pour les dix années suivantes. Ce décalage fondamental entre la durée des actifs et celle des passifs dans le secteur bancaire constitue un problème majeur, notamment dans un monde où de plus en plus de ménages et d’entreprises peuvent retirer et transférer des fonds simplement en utilisant leur iPhone. Pour les compagnies d’assurance, la durée des engagements est différente. En particulier, les compagnies d’assurance-vie doivent à leurs assurés un flux de trésorerie futur sur les 10 prochaines années. Par conséquent, les actifs et les passifs sont alignés sur la durée au sein des entreprises d’assurance. En résumé, dans un monde où les services bancaires mobiles sont de plus en plus répandus, le décalage de durée dans le secteur bancaire représente un risque croissant, et chaque dollar qui quitte le secteur bancaire pour être alloué à d’autres sources de financement à long terme adaptées aux entreprises et aux ménages contribue à stabiliser le système financier. |
| Remarque : Les engagements des assurés comprennent les réserves d’assurance-vie, les droits à pension et les engagements divers. Sources : Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale, Comptes financiers des États-Unis, Haver Analytics, économiste en chef d’Apollo |