Une autre approche de l’inéluctabilité des crises et du chaos, Ray Dalio

Ray Dalio est un bon.

Il a une culture exceptionnelle, une pratique pleine de references, il travaille beaucoup, il explore l’histoire .

En plus, en cette période de sa vie, il est désintéressé; ses analyses partent non pas de théories ou même de l’Histoire, non elles partent de constats qu’il essaie d’intégrer dans une continuité historique rationnelle.

Ce qui est frappant c’est qu’a partir d’un mode de pensée très diffèrent du mien il parvient souvent, très souvent aux mêmes conclusions que moi, comme quoi c’est la preuve que quand on fait remonter l’analyse partir du réel au lieu de projeter de l’ideologie dessus , on peut accéder à la vérité.

Dans cette vidéo postée sur X le 8 décembre 2025, Ray Dalio, fondateur de Bridgewater Associates et auteur de Principles, explique l’importance historique et économique d’une monnaie de réserve pour les empires dominants.

À travers une animation illustrée, il retrace comment une nation qui domine le commerce mondial voit sa monnaie devenir le moyen d’échange préféré, se transforme en un actif d’épargne global et en une monnaie de réserve internationale.

Des exemples incluent le florin néerlandais (1650), la livre sterling britannique (1800), le dollar américain (depuis 1945), et l’émergence progressive du yuan chinois.

Ce statut confère un « privilège exorbitant » : l’empire peut emprunter à bas coût, car le monde entier est prêt à prêter dans sa monnaie. En meme temps cette possibilité de s’endetter donne le pouvoir d’attirer à soi les richesses réelles et donne à sa population un pouvoir considérable de prelevement sur la richesse mondiale par une sorte d’effet Cantillon global.

Cependant, quand l’empire épuise ses réserves comme ce fut le cas pour les États-Unis en 1971, il peut imprimer plus d’argent, ce qui gonfle l’endettement et crée des bulles financières.

Dalio invite à visionner sa série The Changing World Order sur YouTube pour comprendre ces cycles et leurs implications actuelles.

Dalio met l’accent sur le lien entre impression monétaire, endettement excessif et bulles spéculatives, soulignant que tous les empires suivent ce chemin vers l’ascension… et potentiellement la chute.

Dalio s’appuie sur son cadre conceptuel des « Big Cycles » (grands cycles), qu’il développe dans son ouvrage The Changing World Order (2021), pour décortiquer les dynamiques impériales.

Voici les éléments clés , je vous les ai commenté à plusieurs reprises mais il faut sans cesse se remettre à l’ouvrage

  • Mécanisme de la monnaie de réserve : Elle naît de la domination commerciale (ex. : flottes néerlandaises reliant l’Europe, l’Afrique et l’Amérique). La monnaie devient un « moyen d’échange global » car elle est acceptée partout, puis elle devient un « stock de valeur » car les gens préfèrent l’éparger .
  • Cela crée un cercle vertueux : plus d’usage → plus de demande → plus de pouvoir d’emprunt. Historiquement, cela a permis aux Pays-Bas (XVIIe siècle), à la Grande-Bretagne (XIXe) et aux États-Unis (XXe) de financer guerres, expansions et innovations sans contrainte immédiate. Le beurre et les canons que l’on connait bien.
  • Avantages et risques : L' »avantage énorme » est la capacité à emprunter massivement à faible coût (les étrangers achètent vos obligations pour détenir votre monnaie). Mais Dalio constate que l’abus est inévitable : l’impression monétaire (Quantitative Easing par exemple ) pour combler les déficits mène à l’inflation, à l’endettement exponentiel et à des bulles , les actifs deviennent surévalués.
  • L’exemple de 1971 (fin de la convertibilité or-dollar) illustre comment les États-Unis ont « imprimé » pour financer la guerre du Vietnam et les dépenses sociales dès Kennedy et surtout Johnson , érodant la confiance mondiale.
  • Contexte cyclique : Ces phénomènes s’entremêlent avec des forces financières, politiques et militaires. Dalio voit cela comme une ligne ascendante (ascension impériale) qui mène inévitablement à une descente aufur et à mesure que les équilibre sont rompus (perte de productivité, inégalités, rivalités géopolitiques). les engrenages se mettent en branle, qui conduisent a toujours plus d’artifices et plus de faiblesse sous jacente.
  • Aujourd’hui, il constate un basculement : le dollar reste dominant (60 % des réserves mondiales), mais la dédollarisation (via le yuan, BRICS) accélère, amplifiée par les tensions sino-américaines.

Cette analyse est factuelle et historique, soutenue par des données empiriques (Dalio cite souvent 500 ans d’histoire économique). Elle n’est pas prescriptive mais prédictive : les empires chutent quand la confiance s’effrite, pas par manque d’argent brut.

Ray Dalio excelle à rendre complexes les cycles macroéconomiques.

Ce post est particulièrement pertinent en 2025, avec les États-Unis confrontés à une dette de 35 000 milliards de dollars, une inflation persistante et des défis géopolitiques (Ukraine, Taïwan).

Dalio ne prédit evidemment pas une « chute imminente » du dollar, mais alerte sur les signaux : bulles immobilières, inégalités croissantes et concurrence chinoise.

Les transitions d’empires (néerlandais → britannique → américain) ont été chaotiques mais ont mené à des innovations globales.

Comme le disent les marxistes, « le serpent ne survit que de sa mue ».

Schumpeter ne dit rien d’autre quand il explique sa fameuse destruction créatrice!

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