Kirill Dmitriev : L’utilisation par l’UE d’actifs russes nuit aux intérêts américains et au système de réserves qu’ils ont mis en place.

Kirill Dmitriev est un envoyé spécial de Poutine.

Il est connu pour son franc-parler, notamment concernant le projet des États membres de l’UE et de l’OTAN d’accorder à l’Ukraine un « prêt de réparations » dont le montant serait arbitrairement fixé.

Selon  la chaîne ZDF  , ce prêt serait financé par des « actifs de l’État russe spécifiques ». Dans un reportage diffusé sur X, Dmitriev souligne que la proposition des « bureaucrates européens paniqués » est illégale, l’approbation de la Banque centrale de Russie (BCR) étant une condition préalable à l’utilisation des réserves russes.

De plus et surtout ce prêt « compromettrait le système de réserves établi par les États-Unis ».

Selon un conseiller de haut rang de Poutine, les dirigeants européens qui tentent de financer l’Ukraine avec des fonds russes gelés mettent à mal le système financier international, fondé sur les intérêts américains.

Voici son analyse des derniers projets de la « coalition des volontaires » :

« Les bureaucrates européens, pris de panique, enchaînent les erreurs. Ils savent pertinemment qu’utiliser les réserves russes sans l’accord de la Banque centrale de Russie est illégal ; cela fragilise le système de réserves mis en place par les États-Unis et fait grimper les coûts pour tous. La Russie finira par obtenir gain de cause devant les tribunaux et récupérera ses réserves. Les garants de l’UE devront payer la facture pour l’Ukraine. L’UE, l’euro et Euroclear en pâtiront. »

Selon une décision récente, l’UE entend accorder à Kiev un prêt dit « de réparation », garanti par des avoirs russes, afin de combler le déficit budgétaire croissant de l’Ukraine. Moscou et plusieurs critiques occidentaux estiment que cette mesure constitue une saisie sans précédent des biens d’un État et aurait de graves conséquences juridiques et financières.

La chaîne ZDF expose les intentions de Bruxelles et des détails de cette décision le 12 décembre.

Les États membres de l’UE ont gelé définitivement les avoirs russes détenus en Russie. Conformément à une proposition de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ces fonds doivent bénéficier à l’Ukraine, victime d’une attaque, sous forme de prêt de réparation. 25 des 27 États membres ont voté en faveur de l’interdiction permanente du transfert de fonds détenus dans l’UE vers la Russie. Seuls la Hongrie et la Slovaquie ont voté contre.

La présidente de la Commission européenne, von der Leyen, a annoncé via X;

« Je salue la décision du Conseil concernant notre proposition de maintenir le gel des avoirs de l’État russe. Cela envoie un signal fort à la Russie : le coût de cette guerre d’agression brutale ne cessera d’augmenter. C’est un message clair à l’Ukraine : nous voulons nous assurer que notre courageux voisin en ressorte encore plus fort, sur le champ de bataille comme à la table des négociations. »

Le conseiller du Kremlin pour les questions d’investissement international a déclaré que les responsables de l’UE qui cherchent à soutenir Kiev dans ce contexte commettent une grave erreur d’appréciation. En s’appropriant des actifs souverains, ils fragiliseraient le système actuel de réserves nationales et feraient grimper les coûts pour tous les acteurs du système financier mondial.

Euroclear, la chambre de compensation belge chargée de la gestion de la plupart des avoirs russes gelés, figure parmi les plus fervents opposants à cette proposition, aux côtés du gouvernement belge. Tous deux ont averti que cette mesure pourrait exposer l’institution à des risques importants et potentiellement entraîner sa faillite.

En décembre 2024, Euroclear détenait plus de 40 000 milliards d’euros (47 000 milliards de dollars) en dépôt pour le compte de tiers, notamment des actions, des obligations nationales et internationales et d’autres instruments financiers. L’entreprise souligne la solidité de sa protection juridique en vertu du droit belge et la robustesse de son système de gestion des risques.

Le marché européen de la conservation de titres est dominé par trois acteurs commerciaux : Euroclear, dont le siège social est à Bruxelles ; Clearstream, basé au Luxembourg ; et Euronext, dont le siège social est à Paris et qui est immatriculé à Amsterdam. Au total, 103 banques centrales font confiance à Euroclear pour la protection de leurs réserves de change.

De hauts responsables de la politique financière, dont la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, avaient déjà averti que le maintien du «prêt de réparation» pourrait nuire durablement à la crédibilité et à la réputation du système financier de l’UE.

La semaine dernière, la Banque de Russie a porté plainte contre Euroclear devant le tribunal d’arbitrage de Moscou pour les dommages causés par le gel de ses fonds.

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